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Craintes sur le réseau
Les nuages s’amoncellent sur le réseau de proximité des officines. Pour l’APR, son premier défenseur, la loi de répartition est bafouée par des autorisations de transferts à but spéculatif et la raréfaction des acquéreurs risque de remettre en cause l’équilibre obtenu en milieu rural par cette loi.
Le dossier de la loi de répartition donne toujours du fil à retordre à l’Association de pharmacie rurale (APR). Il ne se passe pas une assemblée générale sans que son président, Yves Trouillet, s’en prenne à ceux qui sont à l’origine de dérives. Celle de Charleville-Mézières, le week-end dernier, n’a pas échappé, malheureusement, à la règle.
Le gros point noir reste les transferts, notamment depuis qu’un récent amendement voté à l’Assemblée nationale en a rendu possible un à Vergèze (Gard) dont l’objectif, estime l’APR, est purement spéculatif et qui risque de déstabiliser les pharmacies en place. « On ne s’est pas démenés pendant des années pour faire aboutir la loi de répartition et admettre aujourd’hui que le premier venu chamboule tout le système uniquement à des fins personnelles ! », tempête Yves Trouillet. Et de s’en prendre, dans son discours, tant aux pharmaciens « qui font jouer leurs relations comme au bon vieux temps de la dérogation », qu’aux préfets « qui feignent de ne pas savoir » ou bafouent les règles par méconnaissance des textes.
Bien décidé à crever ces poches de résistance, Yves Trouillet a demandé à l’un des conseillers du ministre de la Santé qu’une circulaire soit adressée à l’ensemble des préfets pour leur rappeler leurs obligations. Quant à l’amendement sur les transferts, « l’APR fera feu de tout bois au Sénat pour l’empêcher de passer », assure son président.
Un autre problème menace l’équilibre du réseau de proximité, celui lié à la désaffection des jeunes diplômés pour l’installation. Autrefois, la pharmacie rurale jouait le rôle de marchepied en première installation, le titulaire revendant quelques années plus tard pour tenter l’aventure en ville. Aujourd’hui, avec la pénurie des acquéreurs, les pharmaciens restent en place plus longtemps, voire risquent de devenir prisonniers de leur fonds de commerce.
L’APR s’ouvre aux SEL.
Très préoccupée par le renouvellement de la profession, l’APR tient depuis peu un discours moins hostile sur la loi MURCEF et découvre soudainement des vertus aux SEL. Même si elle reste convaincue que celles-ci, fonctionnant sur « le principe des poupées russes », risquent de dénaturer la profession, elle y voit maintenant un moyen de relancer l’installation en campagne et de préserver ainsi la proximité. « Nous devons accepter une certaine évolution et non pas une révolution qui ne tienne pas compte de l’environnement socio-économique d’aujourd’hui, de la démographie rurale, des nouvelles exigences de service de notre profession », explique Yves Trouillet.
S’il continue à s’élever contre l’entrée « des grands capitaux » dans les SPF et à plaider en faveur du maintien de l’indépendance des pharmaciens, il n’empêche, son discours sur l’ouverture du capital a singulièrement évolué. Les aspirations des adhérents relevées dans la dernière enquête économique de l’APR ne sont certainement pas étrangères à ce changement. Si 95 % pensent que le pharmacien doit rester majoritaire dans les sociétés d’officine, 15 % pensent que l’entrée de capitaux extérieurs est souhaitable et 53 % qu’un pharmacien installé peut être actionnaire dans d’autres officines.
Yves Trouillet espère maintenant que les décrets de la loi MURCEF permettront à la pharmacie « de garder son âme et son sens du service tout en aidant les jeunes confrères à trouver les moyens de succéder à leurs aînés », et aux pharmaciens « d’accéder aux moyens modernes de développement et de gestion de leurs officines ». Par ailleurs, l’APR réfléchit à la création d’un « fonds commun de placement à risque de pharmaciens » qui permettrait de résoudre les problèmes d’apport et de reprise des fonds par les jeunes.
Maisons de retraite : Mattei fait le mort.
Autre sujet d’importance abordé par Yves Trouillet : les maisons de retraite. Il s’étonne du silence du ministre de la Santé (à qui il reproche de ne pas poursuivre la politique de concertation mise en place par ses prédécesseurs) face aux propositions de la profession pour participer à une meilleure gestion du médicament dans les établissements médicosociaux. « Beaucoup trop de structures fonctionnent encore dans l’à-peu-près, fait-il remarquer, la priorité est de créer dans ces établissements des comités médicaux au sein desquels le pharmacien jouera un rôle pivot en matière de médicaments et de dispensation. » Par ailleurs, il souhaite que, dans le cadre du projet de loi de modernisation et d’aménagement des territoires ruraux, « les pharmacies situées à proximité des futures maisons de soins fassent partie de ces pôles communaux de santé afin de proposer à la population les consultant une offre globale ».
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