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« Un geste à la fois ! »
A l’heure où le ministère de la Santé veut “verdir” la croix verte française avec pour la première fois “une petite incitation financière” à la clef, Thomas Marin, consultant de Maillon Vert, agence de conseil en développement durable et en pratiques éco-responsables pour les commerces de proximité, nous fait part de son expérience au Québec où il a déjà accompagné près de 100 officines dans une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
PM Comment parlez-vous de RSE aux “petits commerçants” ?
TM Avec le commerce de proximité, nous nous concentrons davantage sur le volet environnemental de la RSE. Nous avons sept thématiques d’actions : les déchets, les transports, les achats, les plastiques, le bâtiment, le climat et le social. Dans cette dernière, on aborde les questions communautaires : certains procèdent à des collectes de fonds, d’autres mènent des initiatives avec leurs employés (comme les corvées de nettoyage quand la neige fond afin de récupérer ce qui traîne dans la nature)…
PM Vaste projet. Pour une pharmacie, par où commencer ?
TM Par établir un diagnostic avec le pharmacien propriétaire et le gérant (NdlR celui qui s’occupe de la boutique hors santé de l’officine. Au Canada, une partie de la surface de vente peut être consacrée aux produits alimentaires, aux jouets, etc), en listant ce qui est déjà mis en place. En parallèle, on réalise un sondage auprès des employés et de la clientèle, et parfois même une étude de la concurrence. Enfin, on utilise le calculateur de l’économiste Pierre Emmanuel Paradis pour évaluer l’impact économique potentiel d’actions en développement durable. Au regard de toutes ces données et en fonction des objectifs de la pharmacie, nous proposons un plan d’actions personnalisé. Il existe un tronc commun, mais, par exemple, pour une pharmacie qui livre ses patients, on va aussi chercher à optimiser les trajets…
PM Et après le diagnostic ?
TM Après la période de diagnostic qui dure au minimum un mois, nous organisons une réunion de lancement avec tous les employés pour expliquer le lien entre l’environnement et la mission d’une pharmacie : S’occuper du bien-être de la planète, c’est prendre soin de la santé de la population, comme dans une pharmacie. On leur présente le rôle qu’ils vont jouer, car ils vont être associés à la mise en place de certaines pratiques et auront une mission de communication pour sensibiliser les clients. Nous voulons que la pharmacie soit fière de montrer à sa clientèle qu’elle agit en faveur de l’environnement. Ensuite, nous organisons des rencontres thématiques, en commençant souvent par les déchets. Et nous rentrons dans le vif du sujet : Comment améliorer le tri ? Peut-on optimiser l’emplacement des corbeilles ? etc. Pour répondre à cela, nous avons des guides de recommandations, des outils pratiques et nous pouvons mettre les pharmacies en relation avec des fournisseurs que nous pensons écoresponsables… L’idée étant de leur faciliter la vie.
PM Vos recommandations vont-elles jusqu’à sélectionner des produits ou des marques ?
TM Nous avons eu une liste de produits à suggérer, mais il était complexe de la maintenir à jour. Aujourd’hui, nous formons les équipes à identifier elles-mêmes les produits éco-responsables, à comprendre les logos, les labels…
PM Est-ce une fausse bonne idée de mener une “petite” action pour commencer ?
TM Nous sommes très pragmatiques. D’ailleurs, un de nos slogans est “Un geste à la fois”. Donc, non, il n’y a pas de petit geste. L’important est de mettre en place une stratégie, de convenir qu’on ne peut tout faire d’un coup. Il faut être réaliste et procéder étape par étape.
PM Comment vendre l’idée du durable à la clientèle ?
TM Le marché de la pharmacie au Québec est très concurrentiel et nous croyons qu’il y a là un moyen de se distinguer. Nous entrons dans une phase où si une pharmacie ne s’y met pas, elle risque d’être vite à la traîne. Et pour la clientèle, nous optimisons la communication par affichage et sur les réseaux sociaux pour lesquels nous fournissons des modèles de publications.
PM Le développement durable s’inscrit-il forcément dans une démarche qualité ?
TM Pas forcément, mais nous travaillons en partenariat avec le Centre de recherche en innovation sociale spécialisé en développement durable (Ciradd) à la création d’un outil de suivi et d’évaluation des pratiques en développement durable. Cette solution permettrait à la pharmacie de s’autoévaluer et éventuellement de mettre en place un système de points, c’est-à-dire de reconnaissance à la manière d’une attestation ou d’une certification. Nous cherchons des fonds pour développer tout cela. Pour ce faire, nous collaborons avec l’OPQ et l’AQPP, respectivement l’Ordre et un syndicat des pharmaciens du Québec, pour essayer de populariser la démarche dans tout le secteur de la pharmacie et faciliter la mise en place de cette évaluation.
PM La démarche est-elle plus difficile en France qu’au Canada ?
TM Nous travaillons actuellement avec Transipharm, qui développe des modules de formation pour les pharmaciens. C’est plus difficile pour des “petits commerces” de réaliser l’ampleur de leur impact. D’autant que pour la partie commerciale, en excluant la production pharmaceutique, le secteur n’est pas extrêmement polluant. Toutefois, cela a du sens pour un titulaire de s’assurer que dans sa pharmacie a minima on trie bien, que le bâtiment est éco-énergétique, que les produits mis en avant ne contiennent pas d’ingrédients potentiellement toxiques…
BIO EXPRESS
→ 2009
Master en économie à Maynooth University (Irlande).
→ 2010
Master en économie du développement durable à Nantes.
→ 2011
Master en management RSE et développement durable en alternance.
→ 2017
Fondateur de la société Pimp my city, à Paris.
→ 2019
Consultant à l’entreprise de conseil en développement durable, à Montréal (Canada).
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