Recyclage des médicaments : zoom sur les dernières initiatives

D’abord destiné à des fins humanitaires, le dispositif de collecte Cyclamed des médicaments non utilisés (MNU), en place depuis trente ans, s’est orienté en 2009 vers la valorisation énergétique, permettant de chauffer et d’éclairer 7 000 à 8 000 foyers chaque année, en même temps qu’il évite le mésusage des médicaments et la pollution environnementale. Selon une enquête BVA de 2023, le retour des MNU à l’officine est un geste écoresponsable acquis par 83 % des Français, qui l’effectuent au moins une fois par an.

70 % des MNU retournés

Toutefois, en 2022, sur les 13 443 tonnes de MNU, 9 415 tonnes ont été collectés soit 70 %, selon l’étude Remede de 2022 menée par Cyclamed avec l’institut CSA. S’il peut encore être amélioré, ce taux de collecte correspond à l’objectif fixé par le cahier des charges d’agrément de Cyclamed pour 2024. Pour susciter le retour des MNU, des campagnes de communication, notamment à la télévision et sur les réseaux sociaux, sont lancées toute l’année et s’adressent à l’ensemble des publics, et en particulier aux jeunes.

Un quart du contenu non conforme

Un quart du contenu des cartons Cyclamed sont constitués de produits non concernés par cette filière comme les compléments alimentaires, les médicaments vétérinaires, les dispositifs médicaux et certains sirops qui sont passés sous ce statut. Mais les mauvaises habitudes viennent aussi des pharmaciens eux-mêmes, responsables de 5 à 10 % de ces cartons « non conformes », en y déposant des déchets de la préparation des doses à administrer, c’est-à-dire les emballages dépourvus de médicament.

Le circuit Recypen pour les stylos injecteurs d’insuline de Sanofi et Lilly

Après l’autorisation fin 2022 donnée à Novo Nordisk pour sa solution Returpen, les laboratoires Sanofi et Lilly ont obtenu l’autorisation en mai dernier de participer à l’expérimentation du recyclage des stylos préremplis d’insuline injectable Recypen. En revendiquant de rester sur le territoire national, ce programme, testé pour une durée initiale d’un an, espère collecter 30 % des stylos injecteurs d’insuline usagés des deux laboratoires, ceux-ci constituant plus de la moitié des 84 millions d’unités délivrées chaque année en France. En pratique, dans les quatre régions pilotes retenues (Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Hauts-de-France et Occitanie), les boîtes violettes Dastri Recypen, disponibles gratuitement via l’organisme Dastri, collectent en pharmacie les corps des stylos auto-injecteurs. Ces boîtes seront ensuite acheminées dans un centre technique Dastri en Bourgogne-Franche-Comté où, après désinfection, les différentes fractions de matière des stylos, en particulier le plastique, seront séparées et recyclées de manière adéquate.

Et le circuit Returpen pour ceux de Novo Nordisk

Expérimenté pendant deux ans dans quatre régions (Île-de-France, Centre-Val de Loire, Normandie et Hauts-de-France), le programme de recyclage Returpen s’appuie sur le site returpen.fr, qui s’adresse aux patients comme aux pharmaciens. Côté patients, il est possible de commander gratuitement une enveloppe pré-affranchie pouvant contenir jusqu’à cinq stylos, sans aiguille, à renvoyer au laboratoire par La Poste ou à déposer dans une pharmacie participante de l’une des régions participantes au projet. Côté pharmaciens, inscrits au programme Returpen, un kit de sensibilisation, des pochettes pour les stylos ainsi qu’un collecteur de pochettes peuvent être demandés. Les stylos collectés seront acheminés au Danemark où les matériaux qui les composent sont valorisés dans d’autres filières. Novo Nordisk a ainsi conclu un partenariat avec une entreprise danoise de design de mobilier pour fabriquer des chaises (120 stylos = 1 chaise). Avant une généralisation sur l’ensemble du territoire national, l’objectif affiché en France pour l’expérimentation est de 30 %, soit 1,4 million de stylos récupérés.

Des blisters pharmaceutiques en composants recyclables

Au plus tard le 1^er janvier 2030, en application de la loi antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC), tous les matériaux mis sur le marché ont obligation d’intégrer une filière de recyclage. À ce jour, les blisters de médicaments constitués d’une coque en PVC et d’un film d’aluminium n’entre dans aucune filière de recyclage d’emballages ménagers. Peu utilisée, le PVC n’est pas recyclable et sa combustion entraîne la libération de composés chlorés. Hors unités spéciales pour le traiter, le PVC est destiné à l’enfouissement. Actuellement, les blisters sont déposés dans le carton Cyclamed s’ils contiennent encore des médicaments. Sinon, ils sont placés dans le bac de tri au couvercle jaune. Pour trouver des successeurs au blister actuel, plusieurs solutions sont envisagées, sans qu’aucune n’ait encore fait l’objet d’une évaluation complète (100 % aluminium, polypropylène, polyéthylène, polytéréphtalate d’éthylène, etc.).