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Pénurie de paracétamol : à qui la faute ?

Publié le 14 janvier 2023
Par Magali Clausener
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Une réunion a eu lieu le 5 janvier avec l’ANSM afin de faire le point sur les difficultés d’approvisionnement, notamment en paracétamol. Satisfaire la demande reste actuellement un défi, expliquent les laboratoires.

Les tensions d’approvisionnement perdurent pour les sirops pédiatriques à base de paracétamol, de même que les ruptures pour les suppositoires. Cela ne devrait pas s’améliorer dans l’immédiat, sachant qu’il y a sept jours de décalage entre la production et la livraison aux officines. Le 5 janvier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a réuni les représentants des pharmaciens, des médecins, des patients, ainsi que des industriels pour dresser un état des lieux de la situation. « Sur les 15 premiers jours de janvier, les officines vont pouvoir être livrées en moyenne de 30 boîtes de paracétamol liquide, mais les besoins sont estimés à 50. Nous allons donc avoir des manquants de façon à peu près certaine », a indiqué Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). L’ANSM a d’ailleurs mis en ligne un document sur l’état des stocks industriels.

Pourtant, Sanofi et Upsa, les deux laboratoires qui fabriquent du paracétamol en France, ont des usines qui tournent 24 h/24 et 7 j/7. Alors, pour quelles raisons les tensions d’approvisionnement en paracétamol persistent-elles ? La vague épidémique en Chine accentue-t-elle ce phénomène ? « Upsa n’est pas concerné par les pénuries de paracétamol car nous le fabriquons à 100 % en France dès réception de nos matières premières, répond Laure Lechertier, directrice de l’accès au marché, de la communication, des affaires publiques et de la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) d’Upsa. Nos deux usines ont produit 265 millions de boîtes de paracétamol en 2022 [pour la France et l’export, NdlR]. En fonction de la demande, nous sommes capables d’adapter notre outil de production. Nous ne connaissons pas non plus de problèmes d’approvisionnement en principes actifs : nous nous fournissons à hauteur de 85 % aux Etats-Unis. » La deuxième source est la Chine avec laquelle « nous n’avons pas de soucis particuliers », souligne Laure Lechertier. Dans l’attente d’un approvisionnement 100 % français avec l’ouverture de l’usine de Seqens en 2025, le laboratoire va toutefois diversifier ses sources d’approvisionnement en Inde en 2023.

Le discours est semblable du côté de Sanofi : « Il n’y a pas de ruptures de produits à base de paracétamol. Sanofi continue d’assurer un haut niveau de production, notamment sur ses sites de Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise) pour répondre à la forte hausse de la demande », explique-t-on. L’entreprise met également l’accent sur ses sources fiables d’approvisionnement : « La situation en Chine n’a pas d’impact sur nos capacités de production à ce stade. Nous avons des contrats d’approvisionnement robustes avec plusieurs fournisseurs dans différents pays qui nous permettent de sécuriser notre approvisionnement en principe actif. Notre organisation d’approvisionnement comprend, outre la Chine, l’Inde, la Turquie et les Etats-Unis. Des plans de continuité sont mis en place avec nos fournisseurs qui permettent d’équilibrer géographiquement notre approvisionnement en cas d’évolution de la situation ». Et de préciser « que pour la solution pédiatrique, l’approvisionnement en principe actif se fait exclusivement en Turquie et aux Etats-Unis ».

La faute des épidémies

La raison avancée par les deux industriels concernant la pénurie est la triple épidémie – Covid-19, bronchiolite et grippe – qui sévit en France et entraîne une forte demande. En 2022, 476 millions de boîtes de paracétamol, adultes et enfants, toutes formes confondues, ont été vendues, contre 426 millions en 2021. « Concernant notre solution pédiatrique, la demande sur le seul mois de décembre 2022 est sans précédent avec la livraison de plus 3,8 millions d’unités. Jamais nous n’avions mis sur le marché autant de volume de solution pédiatrique en un seul mois, constate-t-on chez Sanofi. A titre de comparaison, nous avions livré 1,8 million d’unités en décembre 2021. Le précédent record remonte à mars 2020 avec 2,7 millions d’unités livrées. Sur l’ensemble de l’année 2022, les commandes de la part des pharmacies ont augmenté de plus de 40 % par rapport à 2021. » Or, Sanofi est leader sur le marché du paracétamol pédiatrique, la part de marché d’Upsa n’étant que de 2 % (29 % pour le paracétamol adulte), même si l’entreprise a doublé sa production, passant de 1 million d’unités fabriquées en 2021 à 2 millions en 2022.

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