Packaging : l’emballage n’emballe plus

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Packaging : l’emballage n’emballe plus

Publié le 31 janvier 2023
Par Carole De Landtsheer
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L’urgence environnementale rebat les cartes et la démarche d’écoconception des emballages s’impose à tous les industriels et circuits de distribution.

La nécessité de réduire les emballages et de privilégier des matériaux recyclés (et recyclables) est aujourd’hui acquise. Mais plus en amont, l’écoconception fait véritablement parler d’elle depuis bientôt trois ans, date de publication de la loi antigaspillage pour une économie circulaire (Agec), qui ambitionne de supprimer les emballages en plastique à usage unique d’ici 2040. C’est la règle des 3 R, fixée par le décret d’application (non contraignant) de la loi Agec, qui prévaut : Réduction, Réemploi et Recyclage. Parallèlement, « les avancées technologiques, relativement récentes, des fournisseurs de solutions d’emballages accélèrent le mouvement vers une économie circulaire », souligne Pascale Brousse, fondatrice de Trend Sourcing.

Les petites avant les grandes marques

Côté fabricants, les petites marques naturelles et bio ont pris les devants dès les années 2000 à leur lancement, l’écoconception faisant alors partie de leur ADN 100 % clean. Comme la marque La Rosée qui a banni, depuis sa création, tous les suremballages, réalisant ainsi, d’après ses calculs, une économie de 210 tonnes d’emballages. Ses tubes sont en plastique d’origine végétale, obtenu à partir de canne à sucre et, en 2023, tous les flacons en plastique seront en matériaux recyclés à 100 % (à partir de bouteilles d’eau). « Il y a sept ans, personne ne parlait d’écoresponsabilité. Depuis le début, nous avons fait des choix forts et l’écoconception de nos packagings évolue dès que les techniques le permettent », commente Mahault de Guibert, cofondatrice de la marque. « Sur tous les marchés, la source d’inspiration en matière de solutions packagings est venue des nouvelles marques indépendantes. Toutefois, dans les années 2000, on regardait, avant tout, les ingrédients des produits. C’est ensuite que la focale s’est déplacée en direction des emballages », constate Pascale Brousse. Aujourd’hui, tout le monde se retrousse les manches, y compris les grands groupes pharmaceutiques. Néanmoins, « les réflexions sur le packaging prennent beaucoup de temps : elles portent autant sur la faisabilité technique des matériaux écoconçus que sur leur capacité à garantir la sécurité des formules et la qualité d’usage », relève Cédric Weinland, directeur marketing de la marque la Roche-Posay.

La grande surface, source d’inspiration

La GMS (grande et moyenne surface) donne l’exemple aux autres circuits de distribution. Ainsi, en 2020, le laboratoire La Roche-Posay a conditionné ses solaires Anthelios dans un tube (200 ml) à base de carton intégrant du plastique (45 % en moins comparé au tube précédent), utilisant la même technologie que les briques alimentaires Tetra Pak. En 2022, cette technique est étendue à tous les tubes solaires corps et enfants de la marque. Quant au laboratoire Pierre Fabre, qui a lancé son Green Impact Index en 2019 (informant les consommateurs sur l’impact environnemental de ses produits), il s’est distingué en 2022 avec la remise d’un Oscar de l’emballage* (section « fonctionnalité d’usage ») attribué au nouveau sachet de dentifrice Elgydium. Démocratisé par la GMS, ce sachet souple ou doypack, allégé en plastique (48 % de plastique en moins par rapport au tube) et recyclable, « introduit une nouvelle gestuelle, adoubée par les consommateurs », commente Franck Legendre, directeur packaging, innovation et développement de Pierre Fabre.

Les écorecharges investissent l’officine

Le « Réemploi » du décret 3 R cité plus haut se traduit par le lancement d’écorecharges qui viennent peupler les linéaires de la pharmacie, notamment, la catégorie « hygiène » (savons liquides L’Occitane, déodorants Respire, gels bains douche Cavaillès, gel moussant Effaclar et huile lavante Lipikar, etc.), certaines marques suivant une ligne jusqu’au-boutiste. Citons les écorecharges des produits d’hygiène pour bébés Biolane Expert (des doypacks) désormais sans bouchon : « Leur suppression a permis de réduire de 82 % l’utilisation de plastique par rapport au flacon pompe de 500 ml », indique Camille Routier, chef de marque Biolane Expert. Une mesure prise en 2022, année depuis laquelle tous les emballages sont écoconçus (flacons végétaux, tubes recyclés, étuis en carton). Les écorecharges gagnent également l’univers de la dermocosmétique. Par exemple, Pierre Fabre a imaginé une recharge clipsable en plastique recyclable sur le pot en verre de la crème de jour Avène Hyaluron Activ B3 : « L’impact carbone du verre est compensé par sa réutilisation grâce à une recharge écoconçue. Elle présente un impact environnemental faible et permet de réduire la part jetable du produit », expose Franck Legendre. Autres exemples : la crème rechargeable Premier Cru de Caudalie à l’aide d’une capsule recyclable qui se glisse dans le pot en verre, ou encore, le stick lèvres nourrissant rechargeable de La Rosée (la recharge permet d’économiser 65 % de plastique vierge). Il n’y a pas de retour en arrière possible.

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* Les Oscars de l’emballage sont organisés chaque année par Emballages Magazine.