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Electricité : des solutions qui pourraient faire des étincelles
Alors que le prix de l’électricité flambe et que l’urgence climatique impose une diminution des consommations énergétiques, les pharmaciens cherchent à adopter une nouvelle sobriété. Si jusque-là chacun agissait (ou pas) dans son coin, l’heure semble plutôt à la mutualisation des idées et bonnes pratiques. Eclairage.
Viser les + 19 °C dans l’espace client, revoir l’utilisation des rideaux d’air en les activant uniquement si la température extérieure est inférieure de 5 °C à celle de l’intérieur, et ce en mode air sans chauffage, régler le convecteur du back-office à + 16 °C la nuit, éviter les veilles de la machine à café et du broyeur, vérifier systématiquement que les outils informatiques sont éteints le soir – sauf les serveurs –, baisser l’intensité lumineuse pendant la pause méridienne… Dès la semaine suivant l’appel de la Première ministre Elisabeth Borne aux entreprises à « chacune établir son propre plan de sobriété », Thomas Avril, titulaire aux Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire), avait rédigé des actions pour réduire la consommation électrique de sa pharmacie. L’officine est déjà engagée dans une démarche responsable depuis 2017. Mais comment réduire les kilowattheures engloutis chaque jour ?
Des écogestes nécessaires
Il va falloir reprendre d’anciennes habitudes comme éteindre la lumière en sortant des pièces, rappellent sérieusement et en cœur les syndicats pharmaceutiques. Si tous les pharmaciens ne sont pas convaincus d’épargner la planète, tous se préoccupent de leur note d’électricité. « Un plan de sobriété, ça ne me choque pas », explique Alain Grollaud, directeur général du groupement Optipharm et président de Federgy, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies. Pour lui, toutefois, il s’agit d’une affaire individuelle. Ainsi au siège d’Optipharm, il a mené une première réunion en juillet pour rappeler les bons gestes comme « couper la climatisation, le Wifi, quand on s’en va… », et prévu une deuxième séance sur le même thème fin septembre. « Il faut faire passer des messages très fréquents », conseille-t-il.
Dresser un premier état des lieux
L’heure est à la mutualisation des idées. Ainsi, fait inédit, l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), les laboratoires, dont Pierre Fabre, moteur dans le domaine de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour avoir accompagné le passage d’officines au label Très Haute Qualité sanitaire, sociale et environnementale (THQSE), et l’Association française de lutte antirhumatismale (Aflar) s’apprêtent à diffuser ensemble des pistes d’actions de RSE. Objectif : faire en sorte que chaque officine puisse dresser un premier état des lieux de ses actions (ce qu’elle fait déjà, pas assez ou pas encore). L’un des documents concerne l’empreinte carbone et l’énergie. En cours de finalisation, ce texte devrait rappeler l’importance d’installer des ampoules LED, des minuteurs, de rénover ses bâtiments. De plus, il pourrait suggérer, par exemple, de gérer ses courriels et de limiter leur poids, de créer des fichiers informatiques de sauvegarde, ou encore d’optimiser la fréquence des achats. En plus de ces fiches, un sondage devrait être envoyé aux pharmaciens d’ici à la fin de l’année pour une sorte d’état des lieux des pratiques RSE, y compris en matière de réduction de consommation d’énergie. « Ce sera assez court », prévient Olivier Bascoulès, cotitulaire à Lézat-sur-Lèze (Ariège) d’une officine labelisée THQSE et « Monsieur RSE » de l’USPO, qui espère des réponses en masse. L’idée étant de rassembler les bonnes pratiques, afin d’être efficace plus vite.
Un inventaire pratico-pratique
La FSPF entend réaliser par ailleurs ses propres fiches pratico-pratiques. Frank Basque, titulaire à Hyères (Var) et membre du bureau national, y œuvre au sein du groupe de travail RSE et écologie. L’une des fiches portera « sur les défis de l’hiver et les moyens de baisser sa facture énergétique », précise celui qui estime que l’article 7 de la Convention nationale pharmaceutique signée en mars dernier est une « sorte d’inventaire à la Prévert, sans vraiment de modèle économique ni d’incitation. Tout est à faire. Nous avons tous des idées, il faut les mettre en place de manière pérenne, et ne pas les vendre comme des contraintes en plus ».
Pour du plus long terme, il est toujours bon de commencer une démarche responsable par un audit énergétique. Et bonne nouvelle, ce dernier « peut être en partie financé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pour les petites entreprises », rappelle Youenn Rougetet, conseiller senior efficacité énergétique et innovation à l’Union française de l’électricité (UFE). L’audit pourra déboucher sur des recommandations (voir encadré), mais aussi sur des actions plus ambitieuses comme une isolation du bâtiment, un changement de système de chauffage… Dans tous les cas, au moment du renouvellement des équipements, de la bouilloire à l’ordinateur, il est recommandé de les choisir en fonction de leur gourmandise énergétique.
Sachant qu’au bout du compte l’officine a sans doute intérêt à se montrer exemplaire : les patients ne comprendraient pas qu’on y gaspille de l’énergie, quand, eux aussi, sont appelés à diminuer de 10 % leur consommation énergétique.
Déontologie et écologie : les règles de communication doivent changer
Dans ce contexte, Laurent Filoche, président du groupement Pharmacorp et de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), pense qu’il est aussi temps de revoir les droits des officines à communiquer. « On ne peut communiquer visuellement que dans nos points de vente. Ce qui entraîne une débauche d’effets visuels, de LED, de panneaux lumineux, énergivores. Or nous allons devoir mettre un terme à ces outils ou les réduire fortement. C’est pourquoi j’aimerais lancer un débat avec l’Ordre pour assouplir les règles de communication. Il faudrait qu’on puisse communiquer plus facilement sur nos pages Facebook », prévient-il. Et de s’étonner aussi de l’utilisation du fax, qui « pour 90 % » crache de la publicité. « Qu’on s’en débarrasse », propose-t-il carrément. Il estime que les groupements doivent être moteurs « pour donner des directives. Par ailleurs, toutes les officines certifiées pour leur démarche qualité PHSQ
* devraient prendre le virage d’une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ».* Pharma Système Qualité.
IMMÉDIATEMENT APPLICABLE
Il existe quantité de leviers sur lesquels les officines peuvent agir dès maintenant pour réduire leur consommation énergétique. L’onglet « Efficacité et transition énergétique » du site internet de la Mission d’appui à la performance des établissements et services sanitaires et médicosociaux (Mapes), une structure d’appui et d’expertise financée par l’agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire, s’enrichira d’ici à fin novembre de quick wins (gains rapides), dont la plupart ne nécessitent aucun investissement. « 7 à 15 % des réductions de consommation sont atteignables par tout le monde », explique Yoann Leloutre, chargé de mission efficacité et transition énergétique à la Mapes. Bonne nouvelle : de nombreuses astuces sont transposables en officine. Par exemple, il est possible d’arrêter la ventilation dans une pièce inoccupée (sauf les salles d’eau). A condition toutefois de la remettre 2 heures avant le retour de personnes et 2 heures après, afin qu’elle assure son rôle en matière de qualité d’air. Tout cela se programme. Ce geste évite la dépense d’énergie pour activer les ventilateurs et de chauffer l’air froid qui, dès l’arrêt, ne rentre plus de l’extérieur. Concernant l’éclairage, le passage aux LED permet une économie rapide de consommation, tout comme des détecteurs de présence dans une réserve, des escaliers, des sanitaires, etc. Ils peuvent déclencher la lumière selon une durée et une intensité voulues. Il s’agit, là encore, d’un simple réglage. Quant à la climatisation, il peut être efficace de limiter l’accès à la télécommande. Et de sensibiliser l’équipe au fait que le réglage ne doit jamais être inférieur à + 26 °C et jamais inférieur de plus de 7 °C à la température extérieure, et ce en dehors des zones particulières comme celles où sont stockés les médicaments et les serveurs informatiques, à traiter au cas par cas.
À RETENIR
Le gouvernement appelle toutes les entreprises à réduire leur consommation d’électricité.
Les acteurs de la profession mènent une réflexion pour la pharmacie et commencent à produire des outils pratiques.
Dans l’immédiat, les pharmaciens peuvent appliquer certains écogestes comme réduire la température, éteindre les outils informatiques (sauf les serveurs) le soir ou diminuer l’intensité lumineuse.
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