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CINQ FAÇONS DE SE METTRE AU VERT

Publié le 7 mai 2011
Par Marie Luginsland
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Meubles en bois éco-certifié, sacs recyclables, ampoules basse consommation… A l’officine, le développement durable peut s’appliquer de manière simple au travers de quelques réflexes. Des pharmaciens livrent leurs astuces.

1 Réduire la consommation de papier

Un réflexe simple consiste à limiter sa consommation de papier. « J’envoie mes fax à partir de mon ordinateur. Je visualise tous mes mails avant de décider si je vais les imprimer ou non », explique Vincent Vaslin. Ce pharmacien installé à St-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) déplore pourtant utiliser deux ramettes de papier A4 par semaine. Il faut dire que la Sécurité sociale n’a pas généralisé la télétransmission des dossiers sans trace papiers. Un constat que fait Sylvain Colson, titulaire à Avion (Pas-de-Calais). « Dans le Pas-de-Calais, la caisse primaire refuse encore de passer au zéro papier alors que dans d’autres régions cela est possible de transmettre les dossiers par CD Rom », dénonce l’officinal, qui scanne tous ses documents et ne détient plus aucune archive papier. De même, ses étiquettes prix sont aujourd’hui toutes électroniques.

Le pharmacien s’est également mis aux sacs biodégradables. Ces « poches » en amidon sont souvent adoptées par les pharmaciens « verts » afin d’éviter le plastique et le papier. Certains titulaires soulèvent toutefois la difficulté de trouver des sachets à base d’amidon opaques sur le marché. Aussi préfèrent-ils proposer à leurs patients le sac réutilisable à l’effigie de l’officine.

2 Du mobilier éco-certifié

Pour aller plus loin, il est aussi possible d’agencer sa pharmacie avec des matériaux spécifiques. Sylvie Boyer, titulaire à Blagnac (Haute-Garonne), spécialisée dans la micronutrition et l’aromathérapie, n’a pas hésité à agencer son espace médecine douce avec des étagères en bois durable teintes en lasure bio. De plus en plus de prestataires proposent un agencement respectueux de l’environnement. « Nous n’utilisons que du bois massif, du pin des Landes certifié PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes NdlR) et des lasures à l’eau, soit une palette de vingt coloris différents », avance Alexis Nollet, PDG de MobilWood, société d’équipements de magasins en bois bio. Ce prestataire a déjà agencé trois pharmacies, dont celle de Jean-Pierre Xatard, titulaire à Châlus (Haute-Vienne). « J’ai pu refaire l’espace clientèle grâce à cet agencement modulable. Par ailleurs, le bio vieillit mieux que le bois traité », se félicite-t-il.

3 Dompter l’énergie

Si les économies de chauffage ne sont pas envisageables dans une officine, les dépenses d’électricité peuvent être réduites grâce au choix de l’éclairage et du matériel. « J’allais opter pour un réfrigérateur me permettant de conserver mes produits de micronutrition lorsque j’ai découvert qu’il engendrait une consommation telle que cela n’était pas compatible avec ma démarche écologique », raconte Sylvie Boyer. Les lampes à basse consommation LED, qui durent cinq fois plus longtemps que le matériel classique, sont de plus en plus intégrées dans les agencements des officines. Elles peuvent également remplacer le néon dans les croix. Une source d’économie non négligeable quand une croix à néon a une puissance de cinq à six fois 3 000 volts, alors qu’une lampe LED ne consomme qu’un à trois fois 5 volts. Reste qu’une pharmacie doit être lumineuse. Elie Semhoun, installé à Evry (Essonne), qui participe à une association de protection de l’environnement, a trouvé la parade. Il limite la lumière artificielle et compense par un éclairage naturel : une grande baie vitrée qu’il veille à ne pas obturer par des affiches.

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4 Limiter les ondes

Jonas Delvenne, un pharmacien belge installé à Namur, a, lui, blindé ses câbles électriques pour supprimer les champs magnétiques. Fabriquant des médicaments homéopathiques au sein de son officine, il a également souhaité neutraliser ses locaux en hyperfréquence, provenant notamment des mini-antennes qui émettent à 20 à 30 mètres de distance de la pharmacie. Dans cette logique, les portables de l’équipe sont éteints et relégués au vestiaire.

5 Recycler les déchets

Incontournable dans tout comportement bio, le recyclage des déchets, et notamment des MNU, est un principe aujourd’hui acquis à l’officine. Reste que des efforts peuvent être encore fournis. Par exemple, Sylvain Colson travaille avec des associations de diabétiques pour reprendre les dasri qui sont ensuite entreposées dans une pièce spéciale. Un panneau sur le comptoir informe les clients sur la collecte. Cela dit, tous les pharmaciens « verts » en conviennent : la meilleure chasse au « gaspi » consiste à ne pas créer de déchets supplémentaires et inutiles. Comme, par exemple, en voulant remplacer à tout prix une étagère en contreplaqué mélaminé encore en très bon état par un meuble neuf en bois massif bio.

AVIS D’EXPERT

Cora Martineau CONSULTANTE, SPÉCIALISÉE EN ÉCO-COMMUNICATION (AGENCE CORAZON)

Les études l’ont prouvé : le consommateur reste méfiant si l’annonce n’est pas suivie d’effets concrets, que ce soit en officine comme dans tout autre commerce. Ce sont les effets néfastes du « green washing », cette méthode marketing permettant de donner une image écologique responsable d’une entreprise alors que celle-ci investit plus d’argent dans la publicité que dans l’acte écologique lui-même. Aussi, communiquer sur la protection de l’environnement doit être impérativement accompagné de mesures réelles et visibles pour le client. Dans le cas contraire, cela pourrait être contreproductif et engager la responsabilité du pharmacien. Il ne faut donc pas hésiter : si vous avez posé un plancher en bois bio et durable, il est bon d’en informer sa clientèle par une affichette indiquant le fournisseur local. Le client ne considérera l’engagement fiable que s’il en a les preuves. Toutefois, l’adoption de ces mesures contribuera davantage à fidéliser une clientèle qu’à amener de nouveaux clients, principalement dans les grandes villes où les consommateurs ont plus tendance à « zapper »