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Un bon placement pour l’avenir

Publié le 23 avril 2005
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Le stage en industrie fait partie intégrante de la formation professionnelle. Si sa durée est fixée à l’avance, les indemnités, elles, varient d’un laboratoire à l’autre. Un état de fait que les futurs diplômés semblent bien accepter.

Le stage permet à l’étudiant de connaître l’entreprise mais aussi de se faire connaître. C’est également l’occasion de découvrir un métier pour préciser son projet professionnel », explique Françoise Fritsch, responsable des relations avec les écoles pour le laboratoire Servier. Pour les étudiants de 6e année, le stage de six mois en industrie (stage obligatoire de pratique professionnelle) les place en immersion dans le monde du travail. De leur côté, les industriels accueillent les stagiaires avec un double objectif : les former à leur méthode de travail pour, si besoin, les embaucher par la suite. « Nous sommes effectivement dans une logique de prérecrutement, confie Loïc Fourot, responsable des ressources humaines au siège du laboratoire Pfizer. 60 à 70 % de nos chefs de produit ont été intégrés suite à leur stage. » Dans tous les cas, le stagiaire (s’il a fait ses preuves) fera partie du « vivier » de candidats propre à l’entreprise.

En moyenne 1 000 euros par mois.

Actuellement, le « marché » des stages de 6e année se porte bien. « Nous recevons entre dix à vingt offres par mois », témoigne Malik Chaheb, président de l’APIEP (Paris-XI). L’embauche étant à la baisse, nombre de laboratoires se sont reportés sur les propositions de stages. Tant mieux pour les futurs diplômés, qui s’offrent le luxe de pouvoir choisir – exception faite dans le domaine du marketing, concurrence des écoles de commerce oblige.

Chez Servier par exemple, toutes les places de stage en développement clinique ne sont pas pourvues pour 2005. Pourquoi, alors, ne pas séduire les stagiaires par le biais de la rémunération ? « Il faut rester attractif tout en évitant de céder à la surenchère », estime Françoise Fritsch. Il existe aujourd’hui un marché des stages où les acteurs se livrent à une concurrence modérée en termes d’avantages financiers.

D’après l’ANEPF, les indemnités mensuelles s’élèvent en moyenne à 80 % du SMIC brut, c’est-à-dire à près de 1 000 euros pour le stage de 6e année. Cependant, la loi n’oblige pas l’employeur à verser des indemnités, même si elle fixe un montant mensuel équivalent à 30 % du SMIC (385,83 euros sur une base de 169 heures). Au-delà, l’entreprise est soumise aux charges sociales et l’étudiant doit souscrire une assurance responsabilité civile afin d’être couvert en cas d’accident du travail.

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Il existe donc les deux extrêmes : des stages « gratuits » (une minorité) et ceux proposant des montants proches de 1 500 Euro(s) net par mois. Le laboratoire Servier a fixé des indemnités qui tiennent compte du niveau de formation. « A niveau d’études égal, nous recherchons l’équité entre étudiants », indique Françoise Fritsch. Dans ces conditions, la marge de manoeuvre paraît assez faible. Chez Pfizer, tout le monde sans exception reçoit la même somme initiale : 1 134 Euro(s) mensuel. « Mais à la fin de leur stage, les étudiants perçoivent une prime évaluée par leur manager, comprise entre 0 et 20 % du total perçu durant leur mission », précise Loïc Fourot.

Reste que les étudiants ont conscience qu’un stage ne se choisit pas en fonction de ses indemnités. « C’est l’intérêt qui prime. Et la rémunération est en général la dernière chose abordée avec les ressources humaines », rapporte Malik Chaheb. « Attention à ne pas privilégier la proximité, il ne faut pas hésiter à se déplacer », conseille Kevin Legrand, de l’ANEPF.

Il n’empêche, les sites de production situés loin des grandes agglomérations ont des difficultés à recruter, et particulièrement en assurance qualité où la libération des lots ne séduit guère. Certains laboratoires n’hésitent alors pas à compenser l’isolement par un atout financier allant jusqu’à 130 % du SMIC, sans compter le remboursement des trajets.

Le paradoxe de la 5e année.

Si, en 6e année, les futurs pharmaciens finissent en général par trouver un stage à leur convenance, la situation n’est pas comparable en 5e année. La réforme des études pharmaceutiques impose un stage d’application de trois mois durant la période estivale. « Inadapté au profil de l’entreprise ! », regrettent les industriels, en évoquant deux raisons principales : l’absence des managers en été et la durée trop courte pour apporter de la valeur ajoutée.

« Beaucoup d’étudiants se reportent sur l’hôpital, c’est beaucoup plus simple mais pas forcément adapté à leur projet professionnel », note Kevin Legrand. Et Loïc Fourot de soulever un paradoxe : « Il n’est pas évident de convaincre les opérationnels d’accepter des stages courts, mais lorsqu’ils recherchent des stagiaires pour six mois, ils reconnaissent qu’une expérience préalable de deux à trois mois est préférable. »

En décrochant ce stage de fin de 5e année, la question de la rémunération ne se pose même pas. « On ne peut qu’accepter cette opportunité ! », lance Denis Malekot, de l’Actipil (Lyon). Il fait partie des cinq étudiants de sa promotion qui ont trouvé un stage de 5e année en production. Peut-être parce qu’il s’est déjà familiarisé avec les métiers de l’industrie à travers des entretiens (avec des personnes en poste) qu’il a lui-même sollicités. « Trop d’étudiants arrivent en 6e année avec une vison trop théorique de l’entreprise », conclut Loïc Fourot.

Comment décrocher un stage ?

– En s’y prenant le plus tôt possible, c’est-à-dire dès octobre-novembre pour un stage qui débute en mai. Les laboratoires ont déjà pourvu la majorité des places en janvier.

– En participant aux forums organisés par les associations d’étudiants filière industrie. C’est aujourd’hui la voie de recrutement privilégiée de certains laboratoires.

– Sur les sites Internet des associations de la filière industrie, des laboratoires, du Leem, du SCUIO* (à Châtenay-Malabry).

– Bientôt (d’ici l’été) sur le site de l’ANEPF, qui va centraliser toutes les offres de stages des associations provinciales et recenser les liens utiles.

– En proposant des candidatures spontanées.

– En faisant fonctionner le bouche-à-oreille (anciens membres des associations, professeurs responsables des filières industrie…).

* Service commun universitaire d’information et d’orientation : http://www.u-psud.fr/chatenay/oco.nsf.