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Recrutement : patrons, qu’êtes-vous prêts à accepter ?

Publié le 21 septembre 2024
Par Julien Descalles
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Face à un nombre restreint de candidats à l’embauche, les titulaires ont sorti le carnet de chèque. Mais il faut savoir se fixer des limites pour éviter d’aller au-devant d’autres difficultés. D’autant que l’attractivité d’une entreprise ne repose pas seulement sur la rémunération. 

 

15 000 postes non pourvus dans les officines françaises. Depuis deux ans, cette véritable pénurie de pharmaciens et de préparateurs est une aubaine pour les postulants. D’où une hausse exponentielle des exigences au moment de répondre aux offres d’emploi : horaires aménagés, conditions de travail et, surtout, revendication salariale élevée. Bonne nouvelle ? « Pas forcément, car de plus en plus d’officines sont désormais confrontées à des baisses de rentabilité du fait de l’explosion de l’érosion de leur marge, de leur masse salariale et de l’inflation des charges externes. Les trésoreries se tendent, et finalement les recrutements sont ralentis car l’employeur n’a plus les moyens de satisfaire les besoins des candidats », témoigne Nicolas Trikian, expert-comptable du cabinet C2C Pharma, membre du réseau CGP. D’où sa préconisation suivante auprès des employeurs : « Il ne faut pas tout accepter en matière de rémunération. D’autant qu’il vous faudrait très vite augmenter celles de vos plus anciens collaborateurs. » Place donc à la négociation : la valeur ajoutée d’une pharmacie se trouve souvent ailleurs que sur les bulletins de paie !

Quelques pistes pour convaincre un candidat

 

Il existe des alternatives pour répondre aux – légitimes – aspirations financières d’un candidat. La première est de suggérer un salaire initial inférieur à celui souhaité, mais en programmant un calendrier de revalorisations qui dépendent d’objectifs précis à atteindre. Le titulaire maîtrise ainsi sa comptabilité, sans rejeter les ambitions du candidat. Bien au contraire, ce dernier pourrait apprécier cette opportunité d’évolution rapide et en être reconnaissant. La seconde possibilité est d’évoquer le sujet des primes. 

 

Dans le cadre d’un accord d’intéressement aux résultats, une prime peut prendre la forme d’un pourcentage du résultat, diminué du remboursement annuel de l’emprunt – un plafond peut être décidé –, à partager entre tous les salariés, selon leurs niveaux de revenu, leurs temps de travail, etc. Versée également de manière collective, la prime de partage de la valeur (PPV), anciennement appelée prime Macron, est fixée au préalable, indépendamment des résultats annuels de l’officine, mais présente l’avantage d’être exonérée de cotisations salariales et des contributions sociales dans la limite de 3 000 €. Enfin, des primes variables peuvent être décidées individuellement, selon des objectifs décidés à l’embauche.

 

Dans le cas d’un poste de pharmacien, il est envisageable de lui proposer de prendre des parts, à hauteur de 5 ou 10 %. « S’il entre au capital, offrir en plus une cogérance, avec un réel pouvoir de décision va le responsabiliser, s’assurer de son engagement et de son attachement à l’officine », assure Nicolas Trikian.

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Il n’y a pas que le salaire qui compte

 

Aussi importante soit-elle, la paie n’est pas la seule obsession des candidats. D’autres plus-values sont à mettre en avant, comme :

 

– des plannings resserrés en concentrant, par exemple, 35 heures sur quatre jours. La demande sociétale pour dégager ses week-ends ou ses mercredis après-midi est forte. Cela permet d’obtenir une marge de négociation : « Vous pourrez offrir un salaire plus rémunérateur au candidat prêt à travailler sur ces créneaux », souligne l’expert-comptable.

 

– miser sur la formation, en privilégiant l’accueil d’un apprenti, par exemple. « Il ne s’agit pas uniquement de bénéficier d’une aide à l’embauche, mais de disposer d’un futur salarié formé à vos besoins et fidèle à l’enseigne qui lui a offert sa chance. » Mettre en avant les heures de formation continue de ses collaborateurs est aussi conseillé. C’est un bon moyen de rappeler la variété des tâches et des missions à assumer à l’officine.

 

– investir dans une démarche qualité permet de mieux structurer l’équipe autour d’une stratégie d’amélioration de process qui généralement motive les troupes. Valoriser des conditions de travail sereines, instaurer une bonne ambiance au sein de l’équipe, un espace de repos sont autant d’éléments qui contribuent au bien-être au travail. 

Développer une responsabilité sociétale des entreprises (RSE)

 

La démarche RSE est un levier déterminant pour les jeunes actifs. Six étudiants sur dix sont prêts à refuser un poste dans une entreprise pas assez engagée en la matière, selon les résultats du baromètre BCG/Ipsos, « Talents : ce qu’ils attendent de leur emploi », publié en mai 2023. En outre, certains des investissements réalisés peuvent bénéficier directement aux candidats : le financement de places en crèches, par exemple, est un bon moyen d’attirer et de fidéliser de futurs parents.