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Profession intérimaire

Publié le 1 mai 2004
Par Dominique Fonsèque-Nathan
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D’officine en officine, Laurent a trouvé la voie de l’intérim pour allier son goût du métier de préparateur à une rémunération plus attractive.

Jusqu’en 2001, Laurent Poussier travaillait dans une pharmacie toulousaine à la clientèle d’habitués. « Le patron n’étant jamais là, on faisait de tout : ménage, commandes, télétransmission, comptoir, comptabilité. C’était très formateur… » Il se voyait faire carrière à Toulouse dont il était tombé amoureux dès son arrivée pour son service militaire. Mais en septembre 2001, c’est le choc. L’usine AZF explose. Dans sa pharmacie, les dégâts sont énormes… Au début, à l’instar des habitants du quartier, de ses collègues, Laurent continue à vivre comme avant. Mais, au fil des mois, le jeune préparateur perd de son allant. « J’en avais assez du quartier, d’un boulot où je ne recevais aucune récompense. Je n’avais plus envie d’aller travailler. » Son médecin diagnostiquera une dépression, contrecoup de l’explosion. Laurent a 28 ans. Il décide de partir en vacances à Hyères (Var), chez son père, où il fait le tour des pharmacies et trouve un employeur. Il découvre plus tard que le titulaire est connu pour « user ses préparateurs ». Il démissionne.

Laurent entre alors dans une agence d’intérim de Toulon, l’Appel Médical. Depuis, il tourne d’officine en officine, trois mois ici, quinze jours ou une semaine là, rappelé pour une deuxième mission par le titulaire. Pharmacie de centre commercial à clientèle de passage, petite pharmacie de quartier, l’environnement n’est jamais le même. « Cela me correspond parce que j’ai la bougeotte. L’intérim présente beaucoup d’avantages : la possibilité de choisir la mission en fonction de la distance, du type de pharmacie, des horaires, des jours de repos, de l’ambiance… Enfin, il y a le salaire. Au bout de sept années d’expérience (coefficient 280), je gagnerai 1 100 € net par mois. En février, avec la prime de précarité de 10 % et une rémunération à l’heure, j’ai touché 1 300 € net, 18 % de mieux. Ce n’est pas négligeable dans une profession où on est si mal payé. » Et, il y a quelques bonnes surprises, comme ces deux semaines à Bastia où il est logé dans un appartement de 70 m2 tout neuf ! Laurent poursuit : « Je suis accueilli à bras ouverts par le titulaire et beaucoup mieux traité que le personnel fixe, comme si j’exerçais une fonction différente… » Pour lui, pas de doute, il restera intérimaire, d’autant que les périodes creuses où il doit s’inscrire aux Assedic, sont rares. À moins que le monde de l’image, auquel il s’est frotté à Paris — il a joué comme figurant dans deux séries télévisées et posé pour Marie-Claire, Maxi et Femme actuelle —, ne l’appelle. Il n’y croit guère : faire le mannequin en province n’est pas évident et son métier finit par le passionner.

Laurent Poussier

1974 : naissance à Chatou (78).

1993 : CFA de Paris, apprenti à Croissy-sur-Seine (78).

1997 : BP de préparateur en pharmacie.

1998-2000 : service national à l’hôpital militaire de Toulouse.

2000 : préparateur à Toulouse.

2002 : préparateur à Hyères (83).

Juin 2003 : Appel Médical.

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