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Pharmaciens, vous intéressez l’industrie vétérinaire

Publié le 6 avril 2002
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Le secteur de la santé animale ne recrute pas que des vétérinaires. Si le virus vous prend, sachez que les compétences strictement pharmaceutiques sont largement appréciées, que ce soit en matière d’affaires réglementaires, d’assurance qualité, voire même de marketing.

L’activité vétérinaire est un secteur de l’industrie pharmaceutique relativement méconnu des pharmaciens et qui mérite pourtant d’être exploré. En effet, les laboratoires vétérinaires, qui sont souvent les divisions « santé animale » d’entreprises plus connues pour leurs activités de médecine humaine, n’embauchent pas, loin s’en faut, que des spécialistes de médecine animale. « Les pharmaciens représentent 6,5 % des effectifs d’encadrement de Novartis Santé animale, selon Béatrice Magnier, responsable de la communication et des ressources humaines de ce laboratoire, et les postes adaptés à leur profil sont divers : sur un site de production, ce pourra être un directeur d’usine, un responsable assurance et contrôle de la qualité en laboratoire ou encore un responsable de la validation. Au niveau du siège, ce sera par exemple un responsable des affaires réglementaires. »

C’est justement le cas de Marie-Hélène Sauvageot, trente-trois ans, responsable des affaires réglementaires chez Novartis Santé animale. Après des études de pharmacien hospitalier, elle complète sa formation avec un DESS en droit de la santé et un autre en économie de la santé. Dans le cadre d’un remplacement, c’est dans le secteur de l’industrie vétérinaire qu’elle exerce aujourd’hui ses compétences. « Si le réglementaire s’est calqué ces trois dernières années sur le secteur humain, y compris en terme de pharmacovigilance, la santé animale permet toutefois une ouverture sur tous les problèmes d’environnement, notamment dans le domaine des animaux de rente. On y distingue le pôle médicament, où l’on traite l’autorisation de mise sur le marché, et le pôle homologation (gestion de risque de l’environnement, problèmes d’antibiothérapie, etc.) qui dépend du ministère de l’Agriculture et de la Pêche. »

En effet, la procédure d’enregistrement des médicaments vétérinaires prévoit que les conséquences pour l’environnement de tout nouveau produit doivent être évaluées précisément avant que la mise sur le marché soit autorisée.

Des postes où les pharmaciens concurrencent les vétérinaires

Mais la réglementation n’est pas le seul point de chute des pharmaciens désireux d’intégrer un service « santé animale », même si, en la matière, tout est affaire de culture d’entreprise. Ainsi, à la différence de Novartis Santé animale, qui n’envisage pas de placer des pharmaciens au marketing, d’autres ne rechignent pas devant cette éventualité. « Nous avons une forte présence des pharmaciens dans le système d’assurance qualité, dans certaines activités d’enregistrement pour les produits vétérinaires, affirme Jan Van Diest, responsable de la division Santé animale de Bayer Pharma. Mais au-delà, il n’est pas exclu qu’un pharmacien occupe une activité au niveau du marketing ou des ventes. Pour certaines gammes, une connaissance technique des produits n’est pas fortement liée à la pathologie animale. »

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Une analyse confirmée par Philippe Million, directeur du personnel d’Arkopharma et de sa branche vétérinaire Arkomedica : « En marketing, on me reproche de ne pas prendre de non-scientifiques, mais, ce qui m’intéresse, c’est la compétence. Entre un pharmacien et un vétérinaire, je choisirais celui qui a le plus de volonté, de dynamisme… sans a priori lié à sa formation. »

Il suffit de consulter les offres d’emplois diffusées sur le site Internet de Vétoquinol, l’un des cinq leaders sur le marché français, pour se faire une idée des profils requis. Un responsable achat peut se prévaloir soit d’une formation de type Sup de co, soit d’un diplôme de pharmacien avec une spécialisation « achats ». De même, c’est à un pharmacien que l’on confie le poste de responsable de production. Quant aux chargés d’affaires réglementaires recherchés, un pour la France, l’autre pour l’international, il peut s’agir soit de vétérinaires, soit de pharmaciens.

« Il y a des postes qui peuvent être occupés aussi bien par des pharmaciens que par des médecins, témoigne Bernard Dellac, vétérinaire, responsable du service enregistrement, développement, affaires réglementaires chez Bayer Pharma, division Santé animale. Les pharmaciens se sont assez peu occupé de médecine vétérinaire alors qu’il y a des possibilités. Pour tout ce qui est pharmacologie, pharmacodynamie, toxicologie, il n’y a pas de formation spécifique en médecine vétérinaire et il y a donc des postes ouverts pour les pharmaciens. De même dans l’assurance qualité prise au sens large, il y a des postes qui peuvent être occupés aussi bien par des pharmaciens que des vétérinaires. »

Des salaires identiques qu’en médecine humaine

Mais, à poste égal, gagne-t-on aussi bien sa vie dans le secteur vétérinaire que dans l’humain ? Tous les laboratoires questionnés répondent par l’affirmative. « Il n’y a pas de différence de rémunération, confirme Marie-Hélène Sauvageot chez Novartis Santé animale. Sauf peut-être au début, mais c’est un différentiel qui se résorbe rapidement, et qui s’explique par le fait que les définitions de poste diffèrent légèrement du fait de budgets plus réduits qu’en santé humaine. Mais intégrer ces structures plus limitées permet aux pharmaciens de se former sur tout et de commencer à une échelle de responsabilité plus élevée que dans de grandes structures très hiérarchisées comme il s’en trouve en santé humaine. »

Rien n’empêche d’ailleurs les pharmaciens de migrer entre les divisions médicament humain et médicament vétérinaire durant leur carrière. Certains laboratoires ont font même un élément de leur gestion des ressources humaines. Un motif supplémentaire, s’il en fallait, pour franchir le pas.

Un marché en pleine croissance

Selon une étude de la Fédération européenne de santé animale portant sur la fin des années 90, les ventes de santé animale en Europe représentent, avec près de 3,3 milliards d’euros, moins de 5 % de la valeur du marché pharmaceutique humain. Une industrie de taille relativement modeste, donc, mais qui, au-delà des secteurs de la santé, s’étend aux domaines de l’économie agricole, de la sécurité et de la qualité des denrées alimentaires, de la santé humaine (zoonoses) ou encore de la protection de l’environnement.

Le marché du médicament vétérinaire a connu en France une embellie en 2000 avec une évolution globale (prix et volume) de + 5,69 %. Il est par ailleurs de plus en plus concentré dans l’Hexagone : en 2000, les 5 premières sociétés (Merial, Pfizer, Virbac, Intervet et Schering-Plough Vétérinaire) ont réalisé à elles seules 60 % du CA total.

95 % du marché français, soit 730 millions d’euros, est couvert par 35 sociétés (30 dans le médicament et 5 dans les réactifs) réunies au sein du Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire. Ce dernier s’occupe essentiellement de réglementation et ne relaie pas les offres d’emplois de ses adhérents.

Si le « virus » du médicament vétérinaire vous prend, mieux vaut donc se renseigner directement auprès des laboratoires, ou bien se rendre sur des supports d’annonces spécialisés. A noter : le Syndicat national de l’industrie pharmaceutique et l’Association des cadres de l’industrie pharmaceutique proposent sur leurs sites Internet (http://www.snip.fr et http://www.acip.asso.fr) des bourses de l’emploi.