Négociations conventionnelles avec la Cnam : 20 000 emplois menacés en officine ?

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Négociations conventionnelles avec la Cnam : 20 000 emplois menacés en officine ?

Publié le 30 mai 2024
Par François Gleize
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En ce 30 mai 2024, jour de grève nationale pour les pharmacies, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) tire la sonnette d’alarme. Selon Pierre-Olivier Variot, son président, 20 000 emplois seraient menacés si l’avenant économique à la convention des pharmaciens était signé en l’état.

« Nos experts-comptables anticipent 20 000 licenciements dans les pharmacies si la dernière mouture de l’avenant économique proposée par l’Assurance maladie était signée sans modification, tonne Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. Jusqu’à 25 000 si le mouvement touche davantage les préparateurs que les adjoints… » Des chiffres choc qui suscitent des réactions contrastées dans la profession.

Un constat partagé, une projection contestée

Si la projection inquiète, elle ne fait pas l’unanimité parmi les représentants des pharmaciens. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), ne « croit pas » à une vague de licenciements d’une telle ampleur. À défaut d’un accord satisfaisant, il entrevoit plutôt une recomposition du paysage officinal avec fermetures et regroupements de structures. Julien Chauvin, qui préside la commission « Etudes et stratégies économiques » de la FSPF, souligne quant à lui « qu’une revalorisation conséquente de la part de la Caisse nationale de l’Assurance maladie sera vitale pour continuer à payer les équipes », mais refuse de « s’aventurer dans toute simulation ».

Pour Christophe Le Gall, le président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), c’est une évidence « que la signature d’un mauvais accord se fera au détriment des équipes, qui deviendront une variable d’ajustement ». Joël Lecoeur, expert-comptable et président du Groupement CGP, abonde : « On a beau tourner le problème dans tous les sens : si les pharmaciens veulent maintenir le niveau d’excédent brut d’exploitation de leurs officines par rapport à 2019, l’Assurance maladie doit rallonger son offre actuelle. » Faute de quoi, il faut s’attendre selon lui à « de grosses vagues de licenciements » et à « une accélération des fermetures ».

Salaires : le bras de fer continue

Du côté des syndicats de salariés, Force Ouvrière se montre plus mesuré. « Nous sommes les victimes collatérales de ces négociations, estime David Brousseau, secrétaire fédéral en charge de la pharmacie d’officine. Au moins à court terme, je ne crois pas à des licenciements massifs car on continue de manquer de pharmaciens adjoints et de préparateurs sur l’ensemble du territoire. » Et de poursuivre : « Je rejoins les syndicats d’employeurs sur le principe d’une nécessaire évolution de l’avenant économique pour préserver les marges… Mais utiliser la question de la revalorisation des salaires et des nouvelles classifications comme levier dans les négociations avec l’Assurance maladie revient à prendre en otage les employés. »

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Malgré les divergences, tous s’accordent sur un point : l’urgence d’une prise de conscience collective pour sauvegarder le réseau officinal. Et éviter un scénario catastrophe pour l’emploi.