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Les pharmaciens sont-ils bien placés ?
L’industrie pharmaceutique attire de plus en plus les pharmaciens. Mais la réciproque est-elle vraie ? Nous avons posé la question aux spécialistes en la matière : les cabinets de recrutement.
l est clair que les pharmaciens sont appréciés par les laboratoires pharmaceutiques. » Véronique Mougin, qui s’occupe du recrutement chez 3S, l’affirme d’emblée. Appréciés, oui, mais avec « une double formation. Le niveau d’exigence des entreprises est de plus en plus élevé ».
Le diplôme de pharmacien n’est pas un sésame, confirment tous les cabinets de recrutement. Aux candidats de compléter leur formation en préparant un troisième cycle en corrélation avec leur avenir professionnel.
L’aubaine de la R & D. La recherche-développement représente un secteur très vaste, qui couvre la recherche chimique des molécules, le développement des différentes phases cliniques jusqu’à l’autorisation de mise sur le marché (AMM) et englobe un certain volet des affaires réglementaires. Ce secteur demeure l’apanage des médecins. « Comme on travaille sur les principes actifs, on demande un niveau de pratique et de connaissance important », justifie Sébastien Ladreyt, responsable d’agence Manpower-Cadres scientifiques. Les laboratoires se montrent plus sécurisés par le niveau de connaissance acquis par les médecins, notamment les médecins hospitaliers. A niveau égal, les pharmaciens auront donc besoin d’accumuler plus d’expérience.
On trouve également dans le secteur de la recherche-développement des biochimistes, des vétérinaires (qui s’occupent un peu plus de toxicologie) et des doctorants en biologie, biochimie, bactériologie…
Reste qu’aujourd’hui l’industrie doit faire face à une véritable pénurie de médecins…, un manque qui touche d’ailleurs l’hôpital. Une aubaine pour les pharmaciens ! « Prendre des pharmaciens au lieu de médecins comme chercheurs reste cependant encore tabou, constate un recruteur. Certains laboratoires ont fait des essais mais ne veulent pas en parler. » Mais dès qu’on monte en hiérarchie, les pharmaciens rencontrent de nouveau des difficultés : « Pour une direction médicale, on choisira toujours un médecin pour ses compétences cliniques », précise Xavier Mansard, directeur associé du cabinet de recrutement A. Aston.
La galénique, elle, est typiquement dévolue aux pharmaciens. Ce sont presque toujours eux qui tiennent les postes, bien qu’aujourd’hui les ingénieurs qui sortent de l’UTC de Compiègne ou de l’Ecole des mines d’Albi prennent des postes en galénique. Explication : la recherche et développement axée galénique est un peu « à part ». C’est toujours de la recherche et développement, mais on pense déjà à la phase production et à la phase pharmacotechnique. Les cours de galénique sont d’ailleurs particulièrement poussés en cinquième et sixième années de pharmacie.
Les recruteurs prévoient une évolution pour les années à venir : étant donné la multiplication des produits, la concurrence de plus en plus vive, les laboratoires doivent investir pour renouveler leur portefeuille de produits. La recherche-développement est aujourd’hui l’objectif numéro un des industriels. Il y a donc des emplois en prévision.
Au royaume des affaires réglementaires. « Aujourd’hui, un dossier relatif à un nouveau produit correspond à deux camionnettes entièrement remplies, alors qu’il y a trente-cinq ans ce même dossier aurait tenu dans une chemise », rappelle Xavier Mansard. Avec l’ampleur des contrôles demandés par l’administration, les départements des affaires réglementaires s’étoffent. « On manque de bras. Il est difficile d’avoir de bons candidats. Les juniors en profitent pour négocier leur rémunération », constate Sébastien Ladreyt.
Si la polyvalence est de mise au sein des petites structures, les responsables des affaires réglementaires se spécialisent dans les grandes et moyennes structures : les postes sont plus orientés vers le contrôle de la publicité ou vers le dépôt des autorisations de mise sur le marché (AMM). Tous les consultants l’affirment : les affaires réglementaires sont le royaume des pharmaciens ! Ils sont prisés pour leur rigueur, leur large connaissance du médicament, même si l’industrie intègre également des scientifiques et des ingénieurs avec un troisième cycle. Si le laboratoire a le choix, il préférera toujours un pharmacien. Reste un handicap : une connaissance insuffisante des langues, un travers répandu chez les pharmaciens. Or les AMM européennes commencent à devenir aujourd’hui monnaie courante.
ça coopte en production. « Même si l’on vous demande des assistants de temps en temps, si l’on essaie de placer des chimistes, le pharmacien responsable préfère travailler avec un pharmacien assistant », fait remarquer Sébastien Ladreyt. Car on peut presque parler de cooptation en contrôle et assurance qualité. Pour l’assurance qualité, il existe en effet une obligation juridique de travailler avec un pharmacien, notamment pour ce qui concerne la libération des lots. Plus il y a de pharmaciens présents, plus la production sera sécurisée.
Quant aux ingénieurs, ils s’occupent plus particulièrement de la partie technique de la production. Véronique Mougin a constaté une forte recrudescence de la demande des laboratoires depuis un an, « car les ingénieurs ont une bonne connaissance industrielle des machines ». Pharmaciens et ingénieurs sont au coude à coude pour les postes en unité de production. « En termes de potentiel à long terme, les laboratoires s’aperçoivent que les ingénieurs sont plus performants, se forment très vite aux bonnes pratiques de fabrication », estime même Véronique Mougin. Les ingénieurs apprennent également durant ce cursus à manager une équipe. Un point particulièrement faible chez les diplômés de pharmacie. « Mais les pharmaciens ne voient pas l’utilité de faire une école d’ingénieurs alors qu’ils peuvent être pris directement en unité de production et apprendre le management sur le tas », remarque Sébastien Ladreyt. « Rien ne vaut le contact réel avec une équipe », estime pour sa part Xavier Mansard.
Concurrence en marketing. On l’a dit : le marketing fait rêver les étudiants (voir Le Moniteur n° 2450). Il y a beaucoup de demandes venant des juniors, constatent les consultants, et en comparaison il y a peu de places. « C’est un domaine où depuis six à huit mois les besoins sont de plus en plus importants et où on recherche des pharmaciens, pour les postes de chef de produit principalement et pour les laboratoires d’OTC ou de matériel médical », explique Manuela Béchard, responsable d’agence au sein de la société d’intérim Appel Médical, division pharmaceutique.
Le fait de communiquer de plus en plus et l’augmentation du contrôle réglementaire sur cette communication augmentent les besoins. La concurrence est forte du côté des diplômés issus des grandes écoles de commerce, que peuvent intégrer les pharmaciens, du côté des médecins, des biochimistes, des chimistes, mais aussi des vétérinaires, qui ont fait un DESS. Le pharmacien a un léger avantage car il connaît le médicament depuis sa composition chimique jusqu’à sa commercialisation. « Attention !, prévient Sébastien Ladreyt, on est très éloigné des fonctions pharmaceutiques traditionnelles. Si le candidat pharmacien a trop de prétentions salariales, il risque d’être fortement déçu… »
Quant à la vente, elle est réservée aux gens de terrain, qui ont démarré par les postes de visiteur médical. Si l’on conseille aux pharmaciens de passer par cette voie durant douze à dix-huit mois pour pouvoir espérer ensuite accéder à des postes de direction marketing ou marketing-ventes, on en trouve pourtant peu qui la choisissent. Résultat : une carrière qui risque de stagner à la fonction de chef de produit.
Planifier votre avenir professionnel
Spécialisation. « Un diplôme de pharmacien seul n’est pas suffisant. Il faut avoir si possible une spécialisation sinon une double compétence ou un 3e cycle, avance Sébastien Ladreyt, de Manpower-Cadres scientifiques, excepté si l’étudiant a fait un long stage de 5e et 6e année dans un domaine particulier de l’industrie. » Un constat valable essentiellement dans le secteur de la production ou de l’assurance en tant qu’opérationnel, pour apprendre le côté pratique. Pour les affaires réglementaires, en revanche, la connaissance juridique et internationale ne peut s’inventer. Le DESS est indispensable.
– Passerelles. Attention à bien choisir son diplôme, préviennent tous les recruteurs, car il sera difficile ensuite de changer de voie. Hormis les secteur des ventes et du marketing qui sont proches, les passerelles entre les différents départements d’un laboratoire sont rares.
Selon Xavier Mansard, de A. Aston, « on peut aller des affaires réglementaires vers l’information médicale, service qui décortique des informations sur les produits et l’environnement, sorte de veille scientifique rattachée à la direction médicale… ».
« Difficile en revanche de passer de la recherche et développement à la production », souligne de son côté Véronique Mougin, de 3S, qui reconnaît cependant que des évolutions en interne sont toujours possibles.
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