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© Getty Images
Groupements et étudiants : opération séduction !
Depuis quelques années, les groupements commencent à pousser les portes des facultés de pharmacie. Objectifs de la démarche : inciter les étudiants à choisir la filière officinale et se constituer un vivier d’adjoints ou titulaires potentiels, susceptibles de rejoindre leur réseau une fois leurs études terminées.
« Lorsque nous avons commencé en 2012 à participer à nos premiers forums étudiants dans les facultés de pharmacie, nous étions le seul groupement partenaire, se souvient Alexis Berreby, cofondateur de Leadersanté. Aujourd’hui, sur la plupart des événements, il y a en général quatre ou cinq réseaux concurrents. » Depuis quelques années, EvoluPharm, Giphar, Leadersanté, Objectif Pharma, Pharmacie Lafayette, Totum Pharmaciens, iPharm, etc., ont développé des stratégies visant à multiplier les interactions avec les étudiants en pharmacie. Avec plusieurs objectifs en tête. « Au démarrage, en 2016, le but était d’attirer les étudiants des deuxième, troisième et quatrième années vers la filière officinale, souligne Martin-Luc Offerlé, directeur du service développement et expansion de Giphar. Au fil des années, se sont greffés de nouveaux enjeux : la présentation de notre coopérative et l’installation, que nous abordons avec les étudiants des cinquième et sixième années depuis que nous avons lancé notre booster d’apport en 2017 et nos séminaires dédiés à l’installation. »
Aller vers… de futures recrues
Dans un contexte de pénurie sur le marché des pharmaciens adjoints, ces rendez-vous avec les étudiants sont aussi perçus par les groupements comme un outil de prérecrutement. « Ils nous permettent de nouer des contacts avec des candidats à la recherche d’un stage ou d’un premier emploi en tant qu’adjoint, beaucoup d’étudiants étant d’ailleurs intéressés pour participer au master adjoint que nous proposons à nos pharmaciens assistants en poste et à nos futurs titulaires pour les former à la gestion, à la comptabilité et au management », confirme Cynthia Gérard, directrice réseau & développement d’Objectif Pharma qui participe chaque année, avec son équipe, à une dizaine de forums métiers. Signe des temps, certains réseaux envisagent même de systématiser leur présence. « Jusqu’à maintenant, nous participions à un peu moins d’une dizaine de forums métiers et de journées officines par an. Cette année, nous allons essayer d’être présents dans toutes les facultés », annonce Grégoire Vergniaud, directeur de la communication de Totum Pharmaciens. Pendant les forums métiers, les groupements tiennent un stand toute la journée. « À chaque fois, notre pharmacien responsable de région et un ou deux pharmaciens ambassadeurs se relaient pour accueillir les étudiants et leur présenter notre groupement, confie Pascal Fontaine, le directeur commercial de Pharmacie Lafayette. Nous avons d’ailleurs créé ce réseau de pharmaciens ambassadeurs pour nous accompagner sur ces événements car il n’y a rien de mieux qu’un titulaire pour parler du métier à un jeune, et ainsi promouvoir l’image de marque de notre réseau. » En plus des stands, les groupements prennent également la parole lors de conférences qui durent entre quarante-cinq minutes et une heure. « Nos interventions ciblent en général deux grandes thématiques : l’installation et l’évolution du métier avec les nouvelles missions, ces deux sujets étant ceux qui intéressent le plus les étudiants », note Alexis Berreby.
Des groupements comme Giphar, Objectif Pharma, Pharmacie Lafayette ou Totum Pharmaciens ont également noué des partenariats avec l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf). « Chaque année, nous participons aux quatre assemblées générales régionales et à l’assemblée générale nationale de l’Anepf en déployant le même dispositif que sur les forums métiers : stand, conférence, mais aussi plaquettes, goodies et produits de soins et d’hygiène », confie Cynthia Gérard d’Objectif Pharma. Porte-parole de l’Anepf, Nicolas Savic précise : « L’Anepf sélectionne attentivement ses collaborations. Nous ne travaillons donc qu’avec des groupements prônant des valeurs justes et qualitatives pour nos étudiants. » Certains réseaux, comme Objectif Pharma, commencent également à s’immiscer dans le champ de l’enseignement. « Pendant neuf mois, j’ai assuré vingt heures d’enseignement sur la stratégie marketing à déployer sur le point de vente et en digital auprès des étudiants du DU Management des officines de la faculté de pharmacie de Nancy, révèle Cynthia Gérard. Cette expérience a été extrêmement enrichissante car j’ai réalisé que les étudiants étaient réellement en demande sur ces sujets, et que nous avions beaucoup d’éléments à leur faire découvrir sur les fondamentaux du marketing. »
Une profession en pleine mutation
Pour redonner cette envie d’embrasser la filière officinale, les réseaux s’appuient sur des messages clés. « Le premier argument, c’est d’expliquer aux étudiants que notre métier a beaucoup évolué ces dernières années, estime Laurent Filoche, le président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). Les nouvelles missions ont placé le pharmacien d’officine comme le premier acteur de santé de proximité, avec des officines ayant vocation à devenir de véritables hubs de santé. Et cette tendance devrait encore s’accélérer car nous attendons la publication d’une dizaine de décrets d’application qui devraient encore élargir notre champ d’action. » L’autre argument qui parle aux étudiants, c’est l’installation. « Lors de nos conférences ou de nos soirées, nous insistons sur le fait qu’ils ne doivent pas fixer de limites à leur rêve d’installation. Il y a aujourd’hui sur le marché suffisamment d’outils financiers via le concept du booster d’apport créé par Leadersanté en 2016, ou le dispositif de la CAVP [Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens, NdlR] qui a suivi plus tard, pour leur permettre de se lancer, même pour ceux qui n’auront pas la chance d’avoir un apport personnel important », assure Alexis Berreby. Lors de ses interventions dans les facultés de pharmacie qui ont démarré en septembre, Pharmabest met en avant la capacité de ses titulaires à accompagner leurs adjoints dans leurs projets d’installation. « Notre réseau est composé de grandes officines où les titulaires donnent régulièrement un coup de pouce à leurs pharmaciens assistants de deux manières, confie David Abenhaim, son président, en les faisant entrer au capital de leur propre pharmacie comme associé ou en les aidant, en tant que pharmacien investisseur, à reprendre une officine. »
L’art d’attirer les nouveaux talents
Pour convaincre cette fois les étudiants de les rejoindre en tant qu’adjoint, les groupements misent sur leur marque employeur. C’est le cas de Pharmacie Lafayette. « Sur nos stands, et lors de nos prises de parole, nous mettons en avant notre politique de formation, et plus particulièrement le module d’intégration dédié aux jeunes pharmaciens recrutés en tant qu’assistant, développé par la LAFAcademy, confie Pascal Fontaine. Nous évoquons également la démarche RSE [responsabilité sociétale des entreprises, NdlR] initiée par le réseau et l’outil de planning qui a été déployé dans toutes les officines pour qu’elles puissent proposer à leurs équipes des emplois du temps flexibles, en phase avec les attentes des jeunes collaborateurs… » De son côté, Pharmabest évoquera les évolutions que les titulaires peuvent offrir à leurs adjoints. « Dans nos officines, les pharmaciens assistants accèdent à des responsabilités plus rapidement que dans des pharmacies plus petites, assure David Abenhaim. La taille des effectifs nous permet aussi de leur construire des plans de carrière qui leur donneront par exemple l’opportunité de devenir manager du pôle commercial, des achats ou des RH. » Ces temps de parole auprès des étudiants sont aussi l’occasion pour les groupements de présenter leur rôle et leurs spécificités. « Nous insistons sur ce qui nous distingue de nos concurrents, confirme Grégoire Vergniaud. Nous mettons notamment en avant les expertises que nous avons développées au sein du réseau en oncologie, nutrition, micronutrition, orthopédie, maternage ou parentalité. » Evolupharm s’attache, de son côté, à « vendre » l’offre que le réseau a développée pour ses adhérents. « Nous leur présentons notre plateforme de logistique, qui permet d’acheter en direct plus de 5 000 produits, notre centrale d’achats qui recense 90 laboratoires et 1 200 références, notre gamme de MDD et de génériques qui compte aujourd’hui 700 références… », souligne Laurent Méheut, le directeur des ventes.
Un pari sur l’avenir
Cette stratégie de communication en direction des étudiants est-elle efficace pour attirer de nouveaux adjoints et de futurs titulaires ? Tous les groupements répondent que le retour sur investissement est difficile à mesurer. « En matière d’installation, il faudra plusieurs années pour savoir si notre présence dans les facultés porte ses fruits. Les jeunes pharmaciens qui s’installent le font en général plusieurs années après la fin de leurs études. D’après nos statistiques, une quinzaine de jeunes titulaires ont d’ores et déjà adhéré à Evolupharm après avoir assisté à une présentation dans leur faculté. Et parmi eux, sept ont fait appel à notre booster d’apport », confie Laurent Méheut. Alexis Berreby est en tout cas persuadé que les groupements sont dans le vrai. « En prêchant la bonne parole dans les facultés, nous semons des graines qui porteront un jour leurs fruits, espère-t-il. Des jeunes pharmaciens commencent déjà à savoir que Leadersanté est bien positionné sur l’installation, et nous sollicitent au moment opportun parce qu’ils ont effectué un stage dans une officine du réseau ou assisté à une soirée installation. » L’impact sur les recrutements en officine est lui aussi très difficile à évaluer, comme le reconnaît Cynthia Gérard. « La démarche que nous avons initiée en 2020 est trop récente et a en plus dû être mise entre parenthèses pendant la période Covid, précise-t-elle. Ceci étant dit, les contacts initiés dans les facultés nous ont déjà permis de constituer un fichier de 150 étudiants que nous pouvons solliciter pour participer à un futur master adjoint. »
Des étudiants en demande
Une chose est sûre, la présence des groupements dans les facultés est appréciée des étudiants. « À l’heure où la filière officinale est en perte d’attractivité, et où les officines ont beaucoup de mal à recruter des pharmaciens adjoints, il est important que les groupements soient visibles dans les forums métiers ou lors des assemblées générales de notre association pour présenter la réalité et les évolutions du métier de pharmacien d’officine. Cela permet d’éclairer le choix de filière que nous sommes amenés à effectuer en quatrième année, assure Nicolas Savic. Et c’est la même chose pour l’installation, qui intéresse davantage les étudiants des cinquième et sixième années ayant choisi la filière officinale pour sa dimension entrepreneuriale. Eux aussi sont en attente d’informations sur les démarches à effectuer, les outils financiers qui leur permettront de s’installer dans un futur plus ou moins proche, l’accompagnement qu’un groupement peut leur proposer, etc », conclut le porte-parole de l’Anepf.
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