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Doux, dur et dingue du ballon rond

Publié le 1 septembre 2012
Par Anne-Lise Favier
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Doux à l’intérieur, dur à l’extérieur. Un savant mélange qui permet à Alexis Gianquinto de ne pas se lancer tête baissée. Timide, mais déterminé, ce futur préparateur du Nord rêve d’assouvir sa passion du ballon rond.

Demandez à Alexis ce qu’il voulait faire quand il était petit. Invariablement, il répondra qu’il rêvait d’être footballeur professionnel. Ce jeune homme brun poursuit ce rêve et se donne les moyens d’y arriver. Dans la famille Gianquinto, le papa gendarme et le tonton aiment aussi taper dans le ballon : « Dès 5 ans, j’ai appris à jouer au football, se rappelle-t-il. Mon grand-oncle était professionnel au Losc, le club de foot lillois. J’allais voir les matchs de l’équipe. Forcément, ça donne envie. Mon grand-père paternel, que je n’ai pas connu, était entraîneur. » Une passion presque inévitable, mais avant d’en faire un métier, Alexis doit prouver qu’il en a l’étoffe.

Gagner son indépendance. Baccalauréat S en poche en 2008, ce premier de la classe, plus accro aux disciplines scientifiques qu’aux matières littéraires, s’oriente vers la faculté de sports pour tenter la formation Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS). Il valide tous les modules, sauf l’anatomie. Il rate son année et redouble. Il s’inscrit une seconde fois en première année pour valider cette matière et travaille en parallèle pour une chaîne de restauration rapide. Un job étudiant parfait « pour acquérir un peu d’indépendance », se justifie-t-il. « J’avais une voiture, il fallait payer l’essence, l’assurance. Comme à la fac, j’avais validé quasiment l’ensemble de mon année, le temps libre restant je l’ai passé à travailler. » Ce job l’a aidé sur plusieurs plans : « J’ai appris la rigueur, l’hygiène et le travail en équipe, qui m’ont permis d’avancer dans ma lutte contre ma timidité. » Une expérience qui l’aide lors de sa réorientation en BP de préparateur. Sous ses airs de dur taiseux, Alexis est d’une timidité qui le met mal à l’aise. « Je n’irai jamais aborder quelqu’un si je ne le connais pas, assure-t-il. Au comptoir, j’apprends petit à petit à vaincre ce défaut, mais au départ, j’appréhendais d’être « exposé » au regard des autres, de voir la maladie. Et d’ajouter : Perdre mes proches est ce qui me ferait le plus peur dans la vie. » Il reconnaît avoir peu d’amis, sauf dans le cadre du football. S’il a conquis peu à peu son indépendance, notamment financière depuis qu’il vit aux côtés de sa compagne Perrine, Alexis n’en reste pas moins très attaché à sa famille. Peut-être ses origines méditerranéennes y sont-elles pour quelque chose. « Mon arrière-grand-mère était italienne. J’ai hérité de quelques dispositions, notamment pour la cuisine. »

« Docteur Carter, s’il vous plaît ! » De son propre aveu, gros mangeur, gourmand et gourmet, Alexis adore mettre la main à la pâte, alliant des saveurs audacieuses comme pour sa recette de tomates à la menthe. Le côté expérimental du métier de préparateur en pharmacie l’a séduit. Là où certains rejettent ou redoutent les préparations, lui s’éclate à mélanger, peser, manipuler pour créer un nouveau produit. En revanche, le comptoir a été une épreuve pour sa timidité : « Je me suis forcé dès le début de mon apprentissage à parler avec les patients. Maintenant ça va mieux, j’ai appris à composer avec ma timidité. Quand je les vois arriver avec un tee-shirt en rapport avec le football ou une tenue sportive – jogging/baskets – je m’en sers pour nouer plus facilement le dialogue. » Avec certains clients, une complicité est même née : « J’ai une patiente qui m’appelle Docteur Carter – comme dans la série Urgences –, bien que je ne lui ressemble pas physiquement. Elle se présente toujours à mon comptoir en répétant qu’elle a de la chance d’être servie par le docteur Carter. Ça fait rire les collègues ! » Alexis se sent en sécurité, bien aidé par l’équipe composée d’une titulaire, d’une préparatrice à mi-temps et d’une diplômée de dermo-cosmétique. Malgré tout, il avoue avoir peur de se tromper et de mal délivrer : « J’ai rapidement été au comptoir et gagné en autonomie, mais cela n’empêche pas d’appréhender les erreurs ».

Bloquer l’adversaire à tout prix. En revanche, sur le terrain, Alexis est parfaitement à l’aise. Dès qu’il foule l’herbe d’un stade de foot, l’expérience parle. Le sport est sa passion. Quand il n’est pas sur les bancs du CFA ou derrière le comptoir, il se tient au poste de défenseur central lors des entraînements en semaine les lundi, mercredi et vendredi soirs et tous les dimanches après-midi pour les matchs. « Mon rôle sur le terrain, est d’empêcher de prendre de but. Je pense que je suis fidèle à ma mission, s’enorgueillit-il. Je me souviens d’un match décisif quand on était premier de notre championnat en régional, mon club et moi (il joue actuellement à Mons-en-Barœul). À l’aller, on a gagné un but à zéro et perdu le match retour sur le même score. Nous avons été départagés sur l’épreuve de tirs au but. Ces deux matchs sont les meilleurs que j’ai joués : j’avais pleinement rempli mon rôle de défenseur. C’est d’ailleurs suite à cette victoire que nous sommes montés en division nationale. » Une consécration pour ce passionné qui a vécu la victoire de l’équipe de France à la Coupe du monde de football en 1998 comme un événement inoubliable : « J’avais 9 ans. Je m’en souviens, j’étais dehors avec tous mes amis, pour fêter ça », s’enthousiasme-t-il. Dans ses projets d’avenir, Alexis, place le football avant tout. S’il le pouvait, il entrerait dans le championnat amateur et rejoindrait, pourquoi pas, le banc des entraîneurs. D’ores et déjà, il peut entraîner des jeunes de 13-14 ans avec son diplôme d’initiateur. En attendant l’aubaine de pouvoir accomplir son rêve d’enfant.

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portrait chinois

Si vous étiez un végétal ?

La menthe, car j’aime son odeur et parce qu’elle est forte. Sur le terrain, je suis quelqu’un de solide, on peut compter sur moi.

Une forme galénique ?

Une capsule à enveloppe dure. Moi aussi, je suis dur à l’extérieur, mais doux et gentil à l’intérieur.

Un médicament ?

Un myorelaxant, car il a la propriété de détendre physiquement. Je trouve que les gens sont tendus autour de moi alors que je suis cool. Je préfère faire les choses tranquillement, pas trop vite.

Un dispositif médical ?

Une bande de plâtre, pour son côté protecteur, cocon, et aussi son côté dur. Toujours ce double visage dur/doux.

Un vaccin ?

Contre la timidité car il me permettrait d’en venir à bout. Je n’irai pas, par exemple, aborder quelqu’un sans le connaître.

Une partie du corps ?

Les pieds. Ils me sont indispensables. C’est un outil pour tous les jours, pour les loisirs notamment le football, mais aussi le travail.

Alexis Gianquinto

Âge : 23 ans

Formation : 2e année de BP de préparateur en pharmacie à Douai (Nord).

Lieu d’exercice : Croix (Nord).

Ce qui la motive : vivre au jour le jour.