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Comment et à quel prix y recourir

Publié le 27 octobre 2001
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Trouver actuellement un salarié en officine peut s’apparenter à une longue et décourageante traversée du désert. Dans ce contexte de pénurie de personnel, les sociétés de travail temporaire tirent plus qu’honorablement leur épingle du jeu. Voici quelques pistes pour vous repérer dans un monde où le client, le titulaire, n’est pas forcément roi…

Le recours au travail temporaire en officine se pratique le plus couramment lors d’un remplacement d’un salarié en cas d’absence (maladie, congés maternité, vacances…) ou en attendant l’entrée effective d’un CDI, mais aussi en cas d’accroissement temporaire d’activité et dans le cadre d’emplois saisonniers.

Avantage indéniable, dans le cadre d’un contrat de travail temporaire, c’est la société d’intérim qui est l’employeur. Vous n’êtes qu’une entreprise utilisatrice de services (CQFD : pas de salaires à établir, pas de déclaration préalable à l’embauche à faire, pas de contraintes administratives en somme…). « Passer par une agence me simplifie la vie, surtout pour recruter lors de remplacements ponctuels, confie Lionel Rollot, titulaire à Ivry-sur-Seine. C’est un gain de temps inestimable car je n’ai ni à consulter les petites annonces, ni à recevoir les salariés. » Des demandeurs d’emploi qui se font rares dans le secteur de l’officine ! Voilà précisément pourquoi Frédéric Pissot (Paris) fait régulièrement appel aux professionnels de l’intérim. « C’est l’unique façon de trouver à coup sûr du personnel en ce moment », constate-t-il. Mais les intérimaires remplissent-ils correctement leurs fonctions ? Les titulaires semblent satisfaits. « Je peux m’absenter tranquille », résume Lionel Rollot.

Quelle est l’offre existant actuellement sur ce marché ? Quick Médical Service (QMS), filiale du groupe Adecco, comprend un réseau de 30 agences. L’Appel Médical (42 agences en tout) a créé sa division pharmaceutique début 2000 sur Strasbourg, Paris, Nice et Lyon. Ordipha Intérim est, elle, une société lyonnaise possédant une toute jeune filiale parisienne, et 3S Santé compte une équipe de cinq personnes installée dans les murs de la capitale.

Quelles voies de recrutement utilisent-elles ? Les annonces du Moniteur font l’unanimité de toutes les agences d’intérim interrogées. Pour QMS comme pour 3S Santé, les facultés représentent un vivier non négligeable de futurs candidats. « Nous sommes en relation permanente avec les associations d’étudiants », avoue Jean-Luc Sicnazi (3S Santé).

En matière de sélection, « nous exigeons les originaux des diplômes et vérifions systématiquement leur véracité », informe-t-on à l’Appel Médical. Anne Fortuit, ex-titulaire et responsable du pôle pharmaceutique au sein de QMS, explique : « Nous sommes très sourcilleux sur les références de nos intérimaires, en particulier lorsqu’il s’agit d’un remplacement de titulaire. » Chez 3S Santé, l’équipe met un point d’honneur à rencontrer tous ses candidats.

Tous les niveaux d’expérience sont représentés chez les intérimaires, mais la catégorie « titulaires ayant vendu » prend de l’ampleur. « Fait récent, des personnes en CDI démissionnent volontairement pour nous rejoindre », indique Manuela Béchard, responsable de l’agence pharmaceutique parisienne pour l’Appel Médical. « Leur motif n’est autre que le ras-le-bol du train-train quotidien », affirme-t-elle.

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En termes de rémunération, l’intérimaire touche bien sûr son salaire au taux horaire normal. Mais il perçoit en sus une indemnité de fin de mission équivalente à 10 % (contre 6 % lorsqu’il s’agit d’un CDD classique) et une somme correspondant aux congés payés. Cet aspect financier, associé à une certaine « liberté de mouvement », explique peut-être que les sociétés d’intérim ont moins de difficultés à trouver des candidats que les titulaires d’officine.

Le surcoût de l’intérim : Faites vos comptes

Bien que le calcul des sommes à régler diffère selon les agences (taux horaire prédéfini pour les uns, forfait en sus du salaire de base pour les autres), il vous faudra débourser environ 240 F (36,59 Euro(s)) de l’heure pour un assistant. Comptez aux alentours de 150 F (22,87 Euro(s)) l’heure lorsqu’il s’agit d’un préparateur. Le tout présenté sous forme d’une facture (prestation de services) passant en frais généraux.

Est-ce vraiment très onéreux en regard des salaires normaux ? A vos calculettes! Prenons l’exemple d’un assistant coefficient 500 recevant 101,75 F (15,51 Euro(s))de l’heure. Avec les charges (environ 40 %), on obtient un coût horaire de 142,45 F (21,72 Euro(s)). Soit 97,55 F (14,87 Euro(s)) de moins qu’en intérim. Pour un contrat d’une semaine, l’écart avoisine les 3 500 francs. « Il faut cependant mettre en balance le coût financier et le gain de tranquillité », remarque Olivier Delétoille, expert-comptable (KPMG Entreprise). Un avis partagé par Lionel Rollot, titulaire, en ce qui concerne les contrats de courte durée. Mais il est bien évident qu’à long terme, il faut pouvoir disposer d’une trésorerie suffisante pour pouvoir suivre la cadence !

14 %

14% des titulaires ont eu recours à l’intérim au cours des douze derniers mois, selon l’étude Fovéa/« Le Moniteur » sur la pénurie de personnel à l’officine (lire notre enquête « Au bord de la crise de nerfs » dans « L’Annuel » 2001). 47,6 % d’entre eux se déclarent satisfaits de la prestation des intérimaires (l’indice de satisfaction étant plus faible dans les petites officines).

Huit questions à l’usage du titulaire

1- Y a-t-il une période d’essai pour les contrats de travail temporaires ?

Oui, elle varie de 2 à 5 jours en fonction de la durée des contrats.

2- Peut-on rompre un contrat ?

Oui, mais uniquement en cas de force majeure ou de faute grave de l’intérimaire.

3- Est-il possible de renouveler indéfiniment un contrat sur le même poste ?

La question ne se pose pas si l’intérimaire remplace un salarié car le terme du contrat est fixé jusqu’au retour de la personne absente.

Pour les missions concernant les surcroîts temporaires d’activité, les contrats ne sont renouvelables qu’une seule fois. Il faut ensuite respecter un délai correspondant au tiers du temps de la mission précédente avant de remettre l’intérimaire au même poste. Exemple : si le candidat est resté trois mois en tout (y compris le renouvellement de contrat), il faut attendre un mois avant de réétablir un nouveau contrat.

4- La même personne peut-elle effectuer plusieurs missions successives dans la même officine ?

Absolument. A chaque poste correspond une mission précise et à chaque mission est établi un nouveau contrat.

5- Qui prend en charge l’intérimaire lorsqu’il est absent pour maladie ?

C’est la société de travail temporaire qui s’occupe de tout puisque qu’elle n’est autre que l’employeur. De même, elle supporte l’incidence d’un éventuel arrêt de travail (sauf cas exceptionnels de décès ou d’invalidité).

6- Existe-t-il une durée maximale de contrat ?

Oui, mais seulement en cas de remplacement avant l’arrivée effective d’un CDI et lors des missions concernant l’accroissement d’activité. Les durées maximales du contrat sont alors fixées respectivement à 9 et 18 mois.

7- A l’inverse, des durées minimales peuvent-elles être fixées ?

Oui, lorsque l’objet de la mission autorise la prolongation des contrats (remplacement, emplois saisonniers). Dans ce cas une durée minimale (variable en fonction des situations) est établie, à l’issue de laquelle l’employeur comme le salarié peuvent ne pas prolonger les relations contractuelles.

8- Quelles sont les modalités à respecter pour embaucher un intérimaire en CDI à l’issue de son contrat ?

Aucune. Cette éventualité ne pose aucun problème… sauf à l’agence qui se retrouve avec un candidat en moins ! Il n’est d’ailleurs pas interdit de profiter des services d’une société d’intérim uniquement dans le but de trouver un CDI. Dans ce cas, le candidat est prévenu afin d’éviter tout malentendu une fois le contrat échu.