Une gestion de carrière à taille humaine

Aux côtés des géants de la dermocosmétique, le laboratoire dermatologique Bioderma tire plus qu’honorablement son épingle du jeu. La marque a réalisé l’année dernière 30,96 millions d’euros de chiffre d’affaires contre 6,86 millions en 1993. « Le développement a connu une nette accélération à partir de 1996, date à laquelle le laboratoire a créé son réseau de visite pharmaceutique », explique Sébastien Lucot, nouveau directeur général, qui prévoit pour 2002 des résultats avoisinant les 40 millions d’euros.

Bioderma est né sous le signe de la tolérance (dermatologique) avec le shampooing Nodé (pour « non-détergence »), premier produit lancé en 1977. Le laboratoire va ensuite peaufiner son image médicale. Son credo : apporter une solution biologique adaptée à un besoin dermatologique spécifique. Aux dires des collaborateurs, la logique d’une réponse correctement ciblée prévaut à celle d’un marketing forcené. Pas de publicité TV mais une communication délibérément tournée vers les professionnels de santé. « Les pharmaciens sont pour nous des clients et des partenaires privilégiés. Nous sommes très attachés à notre circuit de distribution officinale », confie le directeur général.

Autonomie.

Si la qualité des produits est reconnue par les dermatologues, elle n’explique cependant pas totalement la place qu’occupe Bioderma dans l’univers dermocosmétique. « Nous devons en grande partie notre réussite à la motivation de nos équipes », affirme Sébastien Lucot. Une émulation qu’Anthony Guesdon, pharmacien et chef de gamme, attribue à l’autonomie accordée aux salariés. « Je suis arrivé chez Bioderma il y a quatre ans, je venais de la grande distribution où j’occupais un poste tourné vers la gestion et le management. Je me suis retrouvé dans le domaine du marketing où j’avais tout à apprendre. Et on m’a fait confiance. Bioderma est un laboratoire à taille humaine qui nous donne les moyens de prendre des initiatives et de parvenir à nos objectifs. »

Pour Sébastien Lucot, travailler chez Bioderma c’est avant tout vouloir rester indépendant et pouvoir à la fois réaliser ses projets personnels et professionnels. Au sein du laboratoire, les décisions sont prises en accord avec toutes les équipes. L’écoute des autres et la convivialité sont des valeurs chères à Bioderma et à ses salariés. « Ici, nous attachons beaucoup d’importance au sérieux des produits sans pour autant nous prendre au sérieux ! », lance Anthony Guesdon. Avis à ceux qui comptent postuler ! « Pour travailler chez Bioderma, il ne s’agit pas seulement d’avoir la tête bien faite, il faut aussi avoir envie de partager une passion et faire preuve d’altruisme », confirme Sébastien Lucot.

Postes stratégiques ou opérationnels.

Les pharmaciens chez Bioderma occupent tous des postes stratégiques ou opérationnels. Tel François Mathieu, directeur des opérations pour la région Ile-de-France depuis un an. Cet ancien officinal ne regrette aucunement son choix. « Tout le monde a droit à la parole, toute idée peut être prise en compte. Il n’existe pas de petits chefs ! » De même, il assume pleinement le tournant commercial de sa carrière. « En officine, je me suis vite senti muselé dans mes élans commerciaux », raconte-t-il. C’est alors tout naturellement qu’il s’est tourné vers la grande distribution pour devenir acheteur au sein de la société Promodep. En entrant chez Bioderma en mai 2000, il a débuté en tant que visiteur pharmaceutique : « Le laboratoire m’a donné la chance de connaître le terrain, souligne-t-il, j’ai donc ainsi évoluer sur la voie de l’opérationnel. Désormais, je manage une équipe de dix personnes. Je m’occupe de la formation et j’accompagne sur le terrain. » Mais il ne compte pas s’arrêter là et envisage d’amorcer à l’avenir le tournant qui le conduirait aux ventes à l’export.

Vers l’international aussi.

Les perspectives d’évolution du laboratoire se trouvent sans aucun doute dans le secteur international. Distribuée dans plus d’une quarantaine de pays (en particulier en Europe, au Moyen-Orient et en Amérique latine), la marque ne dispose que d’une filiale en Italie. « Nous comptons accélérer le développement en Asie, soutenir encore plus nos partenaires à l’étranger et inaugurer d’autres filiales à terme, dévoile Sébastien Lucot. Un chiffre d’affaires hors France de 64 millions d’euros – soit huit fois plus qu’aujourd’hui – ne s’obtiendra certes pas du jour au lendemain mais s’avère réaliste. » Ainsi, il compte peu à peu étoffer les équipes et souhaite recruter d’emblée des personnes présentant un profil international, c’est-à-dire ayant une double formation avec une expérience à l’étranger ou désirant en acquérir une. Des postes opérationnels et stratégiques seront à pourvoir pour des pharmaciens. En attendant, le laboratoire continue à multiplier ses points de vente dans l’Hexagone et à travailler sur le développement de nouveaux produits.

Bioderma en bref

– L’historique : la marque Bioderma fut d’abord commercialisée par le laboratoire Lipha. C’est au moment de la fusion avec Merck que les équipes Bioderma ont décidé de voler de leurs propres ailes. Le laboratoire fut créé en 1992.

– L’entreprise : le siège social se trouve à Lyon. Le laboratoire appartient au groupe cosmétique indépendant français Ogékos, tout comme l’Institut Esthederm, les sociétés Dietica et Ceredap (développement à l’international des marques BBR et Phase 0). La dernière branche d’Ogékos est représentée par la société de production et recherche-développement Dipta, basée à Aix-en-Provence, et qui fabrique la plupart des produits du groupe.

– La recherche : en étroite collaboration avec les équipes de l’INSERM et du CNRS. Depuis 2001, le laboratoire est doté du Cirec (Centre d’investigation et de recherche cutanée).

– La croissance : + 20 % en 2002.

– Les collaborateurs : Bioderma emploie 127 personnes, dont 5 pharmaciens.

– Les gammes : Créaline (la plus vendue en France), Sensibio, Sebium, Hydrabis, Photoderm, Atoderm, Innovance, Nodé.