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Un bac pro en désespoir de causses
L’Aveyron, l’un des plus vastes départements de France, est aussi l’un des moins peuplés. La pénurie de préparateurs, récurrente, devrait s’atténuer avec la création d’un bac pro commerce option officine à Rodez. En revanche, les candidats aux remplacements sont toujours aussi rares.
Avec ses grands espaces, ses vallons rieurs et sa ruralité jalousement préservée, l’Aveyron inscrit son nom à plus d’un palmarès national : première position pour l’espérance de vie (77,3 ans pour les hommes, 83,6 pour les femmes !), nombre record de « plus beaux villages de France », chômage parmi les plus bas (5,9 %), meilleur taux de pérennisation des entreprises, cinquième plus grand département…
Forte densité officinale.
Mais le tableau a son revers : l’Aveyron connaît une baisse démographique depuis plus d’un siècle. Sa population est passée de 416 000 habitants en 1886 à 264 000 en 1999. Comme dans presque tous les départements du Massif central, le dépeuplement s’est ralenti depuis une quinzaine d’années, mais le vieillissement de la population se poursuit. Si un peu plus de la moitié des Aveyronnais vit encore à la campagne, les aires urbaines de Rodez, Millau, Decazeville et Villefranche-de-Rouergue s’affirment de plus en plus attractives.
Avec 123 officines – dont une mutualiste à Millau – majoritairement installées en zone rurale, l’Aveyron affiche l’une des plus fortes densités officinales de France. « La loi de répartition de 1999 a apporté une stabilité non négligeable du nombre d’officines, se félicite Philippe Caussignac, président du syndicat des pharmaciens de l’Aveyron (FSPF). Nous avons connu une période difficile de pénurie d’assistants il y a une dizaine d’années. La pénurie de préparateurs est toujours assez forte, mais la situation est plus favorable aujourd’hui. »
L’ANPE enregistre ces dernières années moins d’une dizaine d’offres d’emploi de pharmaciens par an dans l’Aveyron (6 en 2005 dont 5 CDI, 9 en 2004 dont 7 CDI) et encore moins pour des préparateurs : 4 offres en 2005 (3 CDI), 6 en 2004 (2 CDI). Certes, toutes les offres ne passent pas par l’ANPE, mais grossistes-répartiteurs et bourse de l’emploi du syndicat n’en dénombrent pas plus.
« J’ai plus souvent trouvé des assistants par l’ANPE que par les grossistes. Et la bourse du syndicat, c’est dix offres pour une demande – qu’on ne peut motiver que par le salaire -, au moins un coefficient 500 alors que l’on trouvait à 400 il y a quelques années », témoigne Marie-Françoise Roux, titulaire à Entraygues-sur-Truyère, à trois quarts d’heure de route de Rodez. Réinstallée depuis 13 ans, elle a revendu récemment pour acheter l’unique officine d’Entraygues, la Pharmacie des Deux Vallées. « Je m’y suis prise un an à l’avance pour chercher un adjoint, indique-t-elle. En plus d’un salaire motivant, je proposais un logement. J’ai embauché une consoeur qui travaillait auparavant dans l’Hérault. »
Des postulants en trop faible nombre.
A Sauveterre-de-Rouergue, le successeur de Marie-Françoise Roux a connu de sérieuses difficultés pour remplacer une préparatrice à temps partiel (deux jours par semaine) malgré un arrêt de travail programmé de longue date. « Je me suis tourné vers le syndicat, la CERP, Quick Médical Service, et j’ai consulté le site Internet de l’ANPE. Sans succès… », déplore Jean-Michel Pasquet, prêt à offrir un logement et, selon le profil,un salaire 5 à 10 % au dessus de la grille.
Faute de préparateur, Jean-Michel Pasquet a finalement recruté grâce au bouche-à-oreille une pharmacienne qui travaillait déjà deux jours par semaine dans une officine à une vingtaine de kilomètres de Sauveterre, et qui en fait autant dans la sienne. « Les difficultés de recrutement rencontrées en Aveyron sont en fait celles de toute zone rurale », commente le titulaire. Après une dizaine d’années dans l’agglomération toulousaine, il ne regrette pas cette installation « à la campagne où le métier est bien plus valorisé qu’en ville ».
Désertification médicale à l’horizon.
Responsable du cabinet d’intérim Quick Médical Service à Toulouse (qui couvre l’Aveyron), Valérie Lebeaupain estime le nombre annuel d’offres d’emploi enregistrées par son cabinet à « une dizaine de pharmaciens et trois ou quatre préparateurs, essentiellement pour des remplacements d’été ou de congés maternité ». Offres souvent satisfaites, « à condition de proposer au minimum un coefficient 500 et de mettre à disposition un logement ».
Bon an, mal an, la pénurie de préparateurs n’est pas dramatique en Aveyron. Surtout depuis la création en 2003, à Rodez, d’un bac pro commerce option officine par le syndicat des pharmaciens et la chambre de commerce et d’industrie. Jusque-là, les futurs préparateurs aveyronnais étaient uniquement formés aux CFA de Toulouse, Montpellier et Aurillac. « Même si le potentiel aveyronnais n’est que de cinq ou six nouveaux préparateurs chaque année, les jeunes partaient auparavant préparer leur BP à Toulouse ou Montpellier et y restaient ensuite presque tous pour y travailler », observe Marie-Josée Volontario, responsable du bac pro à la chambre de commerce et d’industrie de Rodez. En 2004 et 2005, cinq jeunes inscrits en bac pro commerce se destinaient à poursuivre par un BP de préparateur et à travailler en Aveyron.
« Il faut anticiper les besoins. Nous encourageons nos confrères à prendre des jeunes en bac pro, puis à les amener au BP, avance le président du syndicat départemental. Mais nous sommes actuellement beaucoup plus préoccupés par la désertification médicale. La situation est déjà inquiétante pour quatre officines de village où le généraliste, seul à exercer, est parti en retraite sans successeur. Du fait de la moyenne d’âge très élevée des généralistes aveyronnais, ce sera catastrophique dans cinq à dix ans si l’on ne s’en occupe pas dès maintenant. »
Les récentes mesures pour lutter contre les déserts médicaux ont été accueillies avec intérêt dans les pharmacies aveyronnaises. A suivre…
L’AVEYRON EN CHIFFRES
– 3 arrondissements, 46 cantons, 304 communes. – 263 800 habitants. – 123 officines dont une mutualiste à Millau. – 1 officine pour 2 160 habitants. – Taux de chômage : 5,9 %.
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