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Un ascenseur pour l’industrie

Publié le 8 mars 2003
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A HEC ou à Polytechnique, on connaît l’efficacité des réseaux d’anciens élèves. Moins structurées, les associations des facultés de pharmacie vous seront cependant très utiles pour constituer votre carnet d’adresses.

Les pharmaciens en poste dans l’industrie pharmaceutique ont-ils le réflexe de soutenir des candidatures de diplômés issus des mêmes bancs de faculté ? En d’autres termes, sont-ils prêts à se « renvoyer l’ascenseur », à se serrer les coudes ? Ceux qui font partie d’associations d’anciens élèves tournées vers l’entraide professionnelle ont assurément cet esprit de caste. Mais ces associations sont peu nombreuses. De plus, elles n’ont pas le recul des associations d’anciens X, d’HEC ou d’autres grandes écoles, ne sont pas aussi puissantes et structurées. Reste que les jeunes diplômés ont néanmoins tout intérêt à adhérer à une association d’anciens, ne serait-ce que pour les liens professionnels que celle-ci permet de tisser.

Tisser un réseau relationnel.

Pierre Ferran est le président de l’Association des industriels de Châtenay-Malabry (AICM), créée il y a un peu plus de six ans et regroupant des anciens de la faculté travaillant dans l’industrie et des étudiants en fin d’études. Ancien de Châtenay (promotion 1989), il est aujourd’hui directeur associé d’une agence de lobbying pharmaceutique. « Notre objectif est de créer un réseau d’anciens en vue de s’entraider, de se retrouver de façon conviviale, de communiquer. L’annuaire, remis à jour annuellement, constitue une mine de renseignements. Les anciens y sont systématiquement recensés (avec parfois des difficultés à retrouver ceux qui sont sortis il y a plus de dix ans) et chaque étudiant ayant terminé son cursus dans la filière industrie y laisse ses coordonnées. »

Depuis environ un an et demi, la mécanique est bien rodée. Presque 2 000 anciens élèves sont recensés dans l’annuaire, lequel est envoyé aux étudiants de 5e et 6e années et à l’ensemble des adhérents, aux directeurs des ressources humaines dans les plus gros laboratoires et aux chasseurs de tête. « Chacun y trouve son compte, souligne Pierre Ferran : contacts privilégiés pour le jeune diplômé, économies pour l’entreprise (cela peut lui éviter de faire paraître par voie de presse une annonce coûteuse), listing de personnes triées sur le volet pour le cabinet de recrutement… » Des soirées, organisées régulièrement, ont pour but de faire entrer en contact jeunes et anciens au cours de dîners-débats, dîners de promo, etc. « Ces rencontres sont un bon moyen pour avoir un contact avec les anciens qui ont des postes clés, pour faire passer des CV. Elles permettent de créer des liens, de tisser un réseau relationnel qui va servir pendant toute sa carrière. »

Du stage à l’embauche.

Yvan Hagay vient tout juste d’être embauché chez Pfizer. Quatre mois et demi après le début de son stage, il signait déjà son contrat de travail : « J’ai adhéré à l’association d’anciens élèves en 5e année, quand j’ai intégré la filière industrie. Pour trouver un stage, j’ai utilisé deux approches : les candidatures spontanées et l’annuaire des anciens. Ce dernier m’a permis de repérer et contacter les personnes susceptibles de me proposer un stage qui m’intéressait. Par ce biais, on a un soutien, une écoute : les personnes répondent qu’elles prennent en charge le CV, qu’elles le font passer aux DRH, c’est encourageant. Il y a une relation de confiance qui s’établit. J’ai reçu plusieurs réponses positives. J’ai choisi Pfizer par rapport à la nature du stage que l’on me proposait, au service business development. Le directeur du service est le vice-président de l’AICM, cela a facilité les choses. »

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Mais attention, cela ne dispense pas de passer par les différentes étapes de recrutement ! D’une manière générale, trouver un stage est facile par ce moyen. Et le stage peut déboucher sur une embauche. « Mais pour trouver un emploi directement, c’est plus dur. Sans expérience, cela reste toujours difficile », explique Yvan.

Ne pas se perdre de vue.

Tous les jeunes diplômés peuvent-ils s’appuyer sur une association d’anciens pour entrer dans la vie active ? La réponse est non. D’abord parce qu’il n’y a pas autant d’associations d’anciens que de facultés. Ensuite parce que l’objectif commun à la plupart des associations d’anciens ou amicales qui existent est de se retrouver de façon conviviale. Aider à la recherche d’un emploi n’est pas leur but premier. C’est le cas de la toute jeune Association lilloise des étudiants en pharmacie (ALEP), créée il y a un peu plus d’un an, « plus centrée sur le ludique que sur le professionnel », comme l’indique son vice-président François Le Tallec. « Nous avons constitué un annuaire qui regroupe anciens et jeunes diplômés, toutes filières confondues. Notre activité consiste à organiser des conférences, à faire des repas de promo. Le but : ne pas se perdre de vue. A partir de là, libre à chacun, s’il le désire, de prendre des contacts lors des rencontres. »

Certaines initiatives personnelles permettent par ailleurs de trouver un soutien dans la recherche d’emploi. A Montpellier, Henri Delonca, professeur responsable du laboratoire des techniques pharmaceutiques industrielles de la faculté de pharmacie, assure la liaison entre les nouveaux et les anciens, notamment grâce à la tenue d’un listing, mis à jour régulièrement. « Etant opposé à une large distribution de ce dernier (pour éviter toute mauvaise utilisation), le listing reste confidentiel. C’est donc moi qui régule les demandes de stages, l’insertion professionnelle, qui met en contact avec un ancien dans le secteur d’activités souhaité : affaires réglementaires, marketing, production, assurance qualité… Je réponds ponctuellement aux demandes. Pour les stages, cela fonctionne bien. »

Si l’adhésion à une association d’anciens élèves ne constitue pas la panacée pour trouver un emploi dans l’industrie, elle contribue à mettre toutes les chances de son côté. Annuaire des anciens, soirées et autres rencontres permettent en effet de se constituer un carnet d’adresses. Cela ne dispense en aucun cas d’envoyer des candidatures spontanées ni de répondre aux petites annonces. Ces voies classiques restent, pour la plupart des jeunes pharmaciens, le plus sûr moyen de trouver un emploi dans l’industrie.