Tumblr et sans reproche

Un combat de boue issu de Fort Boyard pour illustrer la première fois qu’un étudiant en BP réalise une pommade cupro-zincique, des GIF animés de chats, des mini-extraits de séries télé, de films, de dessins animés, des hommes politiques, des toilettes qui explosent… ce sont pas moins de 450 séquences qu’Angélique a déjà publiées sur sa page Tumblr dédiée aux préparateurs.

« Tout a démarré après un examen au CFA en juin 2014. Je m’ennuyais quelque peu et des personnes se moquaient des apprentis sur les forums dédiés aux préparateurs, oubliant qu’ils l’avaient été eux aussi. J’ai donc eu envie de montrer la réalité sur un ton humoristique ». Pour cela, cette trentenaire s’inspire en grande partie de ses études au CFA de Planchat à Paris, où elle achève son BP, et de l’officine du XVII^e arrondissement où elle fait son apprentissage.

Se défouler et dédramatiser

En un an, ce petit rituel est vite devenu immuable, avec trois à quatre publications par semaine : « Cela me prend peu de temps. C’est comme un défouloir et cela permet de retenir certains détails des cours, de parler des révisions ou de dédramatiser, de démontrer le ridicule d’une situation ».

Après quelques semaines, Angélique en parle à des amis. De fil en aiguille, certains professeurs sont mis dans la confidence avec, à chaque fois, des retours positifs même si elle n’hésite pas à reprendre des éléments de cours ou de discussions. « Grâce à ce site, certains profs ont pu voir que je n’étais pas une élève si carrée, si sérieuse. Je sais faire la part des choses entre le travail et la déconnade ». Idem au comptoir, où son titulaire a découvert cette double casquette par hasard, Angélique ayant laissé sa page d’accueil ouverte…

Les images qui accompagnent les courtes phrases viennent de Google, de Giphy ou d’autres Tumblr, au gré des recherches. Certaines sont mises de côté en prévision de futures situations cocasses. Et elles ne manquent pas tant la pharmacie offre un quotidien varié : « Lorsque j’ai commencé le Tumblr, je ne pensais pas qu’il durerait si longtemps. Je finirai bien par l’arrêter un jour mais les collègues, les patients, la découverte des aspects du métier sont une source d’inspiration inépuisable ».

Un pied devant l’autre

Cette tribune lui permet de partager quelques anecdotes, vécues ou racontées par des préparateurs ou des étudiants, mais aussi de faire ressortir frustrations, coups de cœur ou coups de sang. « En première année, j’ai été choquée par l’attitude de certaines personnes au comptoir, je prenais les remarques pour moi. Aujourd’hui, je mets plus de distance car ils attaquent plutôt une fonction, celle de préparateur. Quand un patient préfère voir un pharmacien au lieu d’un préparateur, j’ai envie de lui prouver qu’il a tort en améliorant et en perfectionnant mes connaissances, même si je sais rester à ma place ».

Une fois son diplôme en poche, une formation continue en dermo-cosmétique attend Angélique. Elle n’en oubliera pas pour autant de dispenser des conseils en orthopédie au comptoir, en rapport avec son ancienne activité libérale abandonnée face aux poids des charges. Avant, peut-être, de se tourner vers l’enseignement en CFA de pharmacie : « J’aime bien expliquer, essayer de retranscrire, ce que je fais parfois sur ma page en quelques mots ». Avec le risque, qui sait, d’inspirer à son tour un étudiant sur un Tumblr…

http://preparateurenpharmacie.tumblr.com

Angélique Ferrando

Âge : 30 ans.

Formation : en fin de 2^e année de BP, diplôme d’État de pédicure-podologue, certificat en réflexologie plantaire structurelle.

Lieu d’exercice : Paris XVII^e.

Ce qui la motive : le quotidien varié, connaître de nouvelles choses et ses limites, communiquer.

Si vous étiez une titulaire ?

J’essaierais d’avoir une équipe soudée, qui communique, sans distinction entre les diplômes.

Une sorte de famille.

Si vous étiez une cliente ?

Je mettrais du temps à faire confiance aux personnes en face de moi, afin de voir ce qu’elles valent vraiment sur le plan du conseil.

Si vous étiez un médicament ?

Un laxatif pour que les gens se décoincent. Il y a beaucoup d’impolitesse, d’irrespect au comptoir.