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Tombée dans l’éprouvette
Le caducée va bientôt remplacer le mortier et le pilon sur la blouse d’Audrey Monnier. La jeune préparatrice du Nord est en cinquième année de pharmacie. Beau parcours et solide détermination !
Sa mère pourrait le confirmer, Audrey Monnier a toujours voulu être pharmacienne. À l’âge de 4 ans, elle collectionne ainsi les brochures de la pharmacie de Bersée, un village du Nord, où sa maman a ses habitudes, et remplit consciencieusement un cahier de vignettes. « J’ai retrouvé un carnet d’amitié Barbie où j’avais inscrit cette envie. J’avais 11 ans et demi », raconte en riant la jeune femme. Nul ne s’étonne alors quand, quelques années plus tard, elle débute son apprentissage dans ladite pharmacie et entame les cours du BP au CFA de Douai. L’adolescente studieuse est pourtant titulaire d’un bac S avec mention assez bien, alors pourquoi pas la fac ? « Je voulais être sûre de mon choix avant de me lancer dans six années d’études », analyse Audrey. Aujourd’hui, la préparatrice est en cinquième année de pharmacie.
Compte sur toi et tu t’aideras. Une enfance sage et une éducation « vieille école » façonnent Audrey, qui adore les études. Son père, maître d’œuvre, lui apprend à se débrouiller, à ne compter que sur elle. Son bac en poche, elle a envie « d’aller sur le terrain » et « d’un peu d’indépendance ». Le salaire d’apprentie en pharmacie est un plus. Au pire, « il ne sera jamais trop tard pour reprendre la fac. » Son apprentissage la conforte, les études lui plaisent. D’abord, le rangement, les télétransmissions, « ce sont la secrétaire et la préparatrice qui m’ont enseigné le métier, j’étais très demandeuse », puis le contact avec les clients durant la deuxième année – « Je n’attendais que ça, le frisson du premier comptoir avec la boule au ventre. » Le besoin d’aider les autres la motive, mais pour améliorer le contact, il faut aussi enrichir ses connaissances, constate-t-elle : « J’ai compris l’ampleur de ce qu’était le travail avec les patients, et la responsabilité que ce métier entraînait. » La polyvalence des tâches lui plaît, mais elle n’est pas pharmacienne : « Je voyais très bien que lorsque la pharmacienne parlait avec un patient, son discours était plus précis, plus explicite. Je sentais que mon travail aurait pu être plus complet. » Même si Audrey se délecte des cours de pharmacologie – « une révélation » – et des notions d’inducteur et d’inhibiteurs enzymatiques, tout cela reste succinct. « Au bout de deux ans, j’étais mûre. Je savais que le travail me plaisait. Plus rien ne m’arrêtait, j’étais prête à aller plus loin que le BP ». Ses profs du CFA de Douai et son compagnon Christophe la soutiennent. Audrey s’inscrit à la faculté de pharmacie de Lille. Pour l’heure, elle habite encore chez ses parents avec sa petite sœur.
Rigueur, travail et bouquins dans la formule. Rien n’est laissé au hasard. Analyse des matières et des coefficients, Audrey sait que le concours de première année est redoutable. Elle n’ose espérer le réussir d’emblée, mais elle a un plan en tête : « Si j’arrive dans les 300 premiers, je retente ma chance. » Sur près de 800 étudiants, seuls 190 sont reçus. Elle bosse les matières à forts coefficients – chimie organique et botanique –, apprend à écrire vite, tente bien de recopier au propre les cours le soir mais c’est du temps perdu. Son esprit méthodique et analytique est utile à la rédaction de fiches. Les conseils de deux autres préparateurs redoublants sont précieux, comme leur soutien dans ce milieu estudiantin où c’est « chacun pour sa gueule ». Loin des jeunes bacheliers insouciants, elle bosse à la pharmacie de Bersée les week-ends et les vacances. Même si elle va emménager avec Christophe, son indépendance financière est précieuse. Audrey échoue, elle arrive 290e : « Je savais que je pouvais faire mieux. Cette première a été une sorte de méthode d’apprentissage et une remise à niveau. Je m’étais plongée dans les bouquins à la bibliothèque. » La deuxième fois, elle termine 143e, s’effondre de joie, soulagée « de deux années de labeur. Là ça y est, les choses sérieuses débutent, les travaux pratiques, les échanges avec les profs. » Audrey relâche la pression et goûte aux joies de la vie étudiante avec modération. En deuxième année, l’ambiance est plus sympa, mais les études demeurent ardues. Audrey continue de travailler en officine à la pharmacie de la mairie, à Loos (Nord).
À chacun sa méthode. Les révisions intensives pour les partiels de février et juin se font les quinze jours précédant les examens. Avec son amie Chanèle, Audrey révise d’arrache-pied et s’enferme durant huit jours dans un appartement « le cul sur la chaise de 8 heures à 23 heures ! » Le résultat est là, les deux filles réussissent chaque année les nombreuses épreuves de biologie cellulaire ou moléculaire, biochimie, hématologie… et de pharmacologie, qui reste le domaine de prédilection d’Audrey. Sa formation de préparatrice est un atout en quatrième année quand les cours sur le médicament augmentent. « J’avais beaucoup d’avance sur les autres étudiants. Ces notions, je les manipulais déjà depuis cinq ans, j’avais les bases, je pouvais approfondir. » Le BP est un tremplin et un avantage aussi, elle est exempte du stage d’initiation de six semaines entre la deuxième et la troisième année. « Le BP m’a fait acquérir beaucoup de confiance en moi. » Aujourd’hui en cinquième année et en stage hospitalo-universitaire à l’hôpital Jeanne de Flandre de Lille, Audrey prépare sa thèse sur « la stérilisation comme moyen de contraception ». La future pharmacienne reconnaît que les connaissances d’un préparateur sont suffisantes pour dispenser une ordonnance et détecter les erreurs de délivrance. « Un pharmacien expliquera pourquoi et appellera le médecin au besoin, distingue Audrey. Être pharmacienne va me permettre d’aller plus loin dans mes explications avec le patient pour l’aider dans son observance. Je n’ai plus peur des questions. » C’est aussi un meilleur salaire. « À travail égal, autant être mieux payée », plaisante-t-elle. Elle espère un jour pouvoir former une apprentie : « J’adorerais lui montrer les ficelles du métier, comment se motiver… » Une fois diplômée, Audrey espère profiter de la vie, avec Christophe et ses deux chiens Enzo et Eden, fonder une famille, voyager. Bref, prendre le temps de vivre, de souffler. Devenir titulaire, pourquoi pas, « si ce n’est la question de l’argent ». Peu importe, préparatrice, adjointe ou titulaire, « la pharmacie reste un beau métier. »
Portrait chinois
• Si vous étiez un végétal ?
Un roseau que l’on ne voit pas de prime abord dans le paysage mais qui est pourtant là. Je fais mon bonhomme de chemin, discrètement, sans m’imposer. Je ne romps pas.
• Une forme galénique ?
Un comprimé effervescent qui pétille et qui agit rapidement. Il faut que ça aille vite et bien. J’aime les choses bien faites.
• Un médicament ?
Un anticancéreux contre les cellules qui déraillent. J’aime remettre les personnes dans le droit chemin quand elles négligent leur santé.
• Un dispositif médical ?
Le système Essure, un dispositif de « stérilisation » à visée contraceptive (c’est le sujet de ma thèse). C’est une alternative intéressante dans certains cas. Contrôler sa sexualité permet qu’elle s’épanouisse sans épée de Damoclès.
• Un vaccin ? Un vaccin anti-tristesse parce que ça m’embête de voir les gens malheureux. La tristesse peut nous emmener très bas.
• Une partie du corps ?
Le nez pour l’odorat, pour humer les bonnes odeurs. J’aime sentir ce que je vais manger.
Audrey Monnier
Âge : 25 ans.
Formation : préparatrice en pharmacie, étudiante en cinquième année de pharmacie.
Lieu d’exercice : pharmacie de la mairie à Loos (Nord) durant son temps libre.
Ce qui la motive : la recherche du bonheur, aller plus loin et finir la journée lasse de ce qu’elle a fait.
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