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Pas patron pour un sou !

Publié le 5 octobre 2002
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Des soucis en moins

Installée (suite à une création) depuis 1998 à Charly (3 000 habitants) près de Château-Thierry, Véronique Duchènes n’a cependant pas toujours travaillé seule. « J’ai démarré avec une préparatrice mais l’activité de l’officine ne justifiait pas cet emploi, il a fallu un peu de temps pour me forger une véritable clientèle. Ensuite j’ai eu la chance de trouver une pharmacienne pour me remplacer une demi-journée par semaine, mais elle a dû déménager », raconte-t-elle.

Depuis, ses charges salariales sont réduites à néant, hormis l’hiver dernier pour supporter le surcroît de travail dû au passage à l’euro. Une expérience qui conforte Véronique Duchènes dans sa situation : « J’étais deux fois plus crevée en fin de journée car il fallait que je gère à la fois les demandes des clients et le manque d’autonomie de la préparatrice, se souvient-elle, pas de personnel égale donc des soucis en moins ! »

Et tant pis s’il faut assumer seule les 50 heures d’ouverture hebdomadaire et les 50 clients de la journée. Ou plutôt tant mieux : « ça crée des relations privilégiées avec la clientèle. Ici, l’ambiance est familiale. Et puis, avoue-t-elle, tout faire soi-même de A à Z ne manque pas d’intérêt. »

Fataliste, l’éventualité d’un braquage ne lui fait pas peur. Pas question pour elle d’investir dans du matériel de vidéosurveillance. « Je ne suis pas plus la cible des délinquants qu’une autre pharmacie. Le maigre contenu de mon tiroir-caisse n’est pas vraiment attirant », assure-t-elle. Croisons les doigts.

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Une simple occupation

Claude Rousset, pharmacien à Lille, a choisi de travailler seul car il n’a pas « le tempérament de patron, de chef d’entreprise ». Diplômé en 1969, installé à Lille depuis 1973, il exerce seul depuis 1987 : « J’ai eu des problèmes avec mon personnel et j’ai choisi de diminuer ma clientèle, d’avoir la paix, d’être tranquille chez moi. Pour être un chef, il faut savoir écraser les autres, savoir dire « ici c’est moi le patron ». Quand on n’a pas cette qualité, on considère que les gens sont gentils et l’on est forcément déçu… »

Reste que Claude Rousset ne réalise que 183 000 Euro(s) de CA avec très peu de parapharmacie, pas de location de matériel ou de maintien à domicile. C’est l’ordonnance qui prime. « Mais je travaille pour m’occuper, je ne suis pas pharmacien pour faire fortune, cette pharmacie me permet tout juste de gagner ma vie », précise-t-il. Pas de parfumerie ou de para donc, si ce n’est quelques dentifrices, shampoings et produits de soins : « Je n’ai pas de compétences pour cela… »

Toute l’organisation de Claude Rousset est fondée sur la rapidité.

Objectif, ne pas perdre de temps : « Je fais les préparations le soir ou la nuit. Mon officine est ouverte de 9 h à 19 h avec une pause entre 12 et 13 h. J’ai été un des premiers à être en SESAM-Vitale. » Les clients sont souvent attitrés, « et quand je suis en vacances, eh bien ils attendent 8 à 10 jours… ».

Mais si ce choix paraît librement consenti, « si c’était à refaire, je ne recommencerais pas. La pharmacie que je pratique ne s’avère pas être ce que je pensais jeune étudiant. C’est beaucoup trop mercantile, individualiste… Quand je vois certains de mes confrères, je ne suis pas fier d’exercer ce métier ».