« Mon préparatoire s’est mis à l’amoxicilline »

A Toulouse, l’officine de Marie Pointud-Girard prépare et fournit de l’amoxicilline aux autres pharmacies. La cotitulaire y voit un cas d’école particulièrement intéressant pour gérer de futures ruptures d’approvisionnement.

Nous avons une agilité que les industriels n’ont pas », estime Marie Pointud-Girard, cotitulaire depuis 2021 après une carrière de 20 ans dans l’industrie, de la pharmacie Millefeuille à Toulouse (Haute-Garonne). Son officine fait partie des 47 autorisées à fabriquer des préparations magistrales d’amoxicilline, tant que durera la rupture de certaines formes pédiatriques. Et à les délivrer aux pharmacies qui en font la demande.

Les officinaux en ont obtenu la possibilité inédite le 23 décembre dernier, notamment grâce à la mobilisation des Pharmaciens des préparatoires de France (Pref), dont la pharmacie Millefeuille est membre. Les Pref s’étaient déjà mobilisés au début de la pandémie de Covid-19 pour la préparation de solutions hydroalcooliques (SHA). Face aux ruptures de stock de la célèbre pénicilline, la société savante s’est mise en ordre de bataille pour élaborer une monographie, faire rédiger une notice par des pharmaciens hospitaliers afin que les parents des enfants malades sachent administrer le médicament (en gélule et non sous forme liquide), et trouver un accord sur la prise en charge par l’Assurance maladie, avec un tarif adapté à une fabrication « artisanale ».

Pas de millefeuille de procédures

Depuis, l’officine toulousaine, qui réalise un chiffre d’affaires de 1,3 M€, se procure de l’amoxicilline via une commande groupée réalisée par la pharmacie Delpech, dont le titulaire, Fabien Bruno, avait été très médiatisé lorsqu’il fabriquait en masse des SHA en 2020, alors que tout le monde en manquait face à la pandémie (voir Le Moniteur des pharmacies n° 3316 du 04/04/20). L’équipe de cinq préparateurs entièrement dévoués à cette tâche a été formée en fonction des monographies éditées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

A la mi-janvier, elle avait pu dépanner une cinquantaine d’officines pour un total d’environ 300 préparations.

La pharmacie Millefeuille n’a pas eu à prévoir d’heures supplémentaires dans son préparatoire de 30 m². Ni d’y recourir. En Haute-Garonne, la plupart des pharmacies avaient pas mal de stock », remarque la titulaire qui mesure surtout l’avancée que représente cette dérogation. « C’est un cas d’école. C’est très positif. Nous avons su montrer et démontrer notre savoirfaire, nous avons été une force de proposition. Avec les Pref, nous avons trouvé les bons relais auprès de l’ANSM et de la Direction générale de la santé. Finalement, les décisions ont été rapides. Je ne sais pas si cette réactivité aurait été possible avant le Covid-19 », poursuit-elle. « Depuis la pandémie, nos prises de contacts sont plus faciles. Le fait d’avoir trouvé un accord de ce type sur l’amoxicilline est encourageant pour la suite et permettra sûrement de mettre en œuvre cette agilité dans le cas de ruptures concernant d’autres molécules ». A quand le feu vert pour le paracétamol, par exemple ? « Il n’y a pas de rupture officielle déclarée », souligne la titulaire.

BIO Marie Pointud-Girard

1996

Diplômée de la faculté de pharmacie Bordeaux II (Gironde), option industrie

1998-2019

Carrière dans l’industrie : chez Sanofipuis Unither Liquid Manufacturing

2021

Cotitulaire depuis juin de la pharmacie herboristerie Millefeuille à Toulouse (Haute-Garonne)