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Mister Tee

Publié le 1 avril 2008
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Préparateur dans les Vosges, Jean-Éric Buisson a deux terrains de prédilection. Le domicile des patients et les parcours de golf.

Les gestes sont posés. Le maintien élégant. Dans un léger accent vosgien, Jean-Éric Buisson est discret, mais disert. Qu’il évoque son implication dans le maintien à domicile (MAD) à la pharmacie Henri à Le Thillot dans les Vosges ou bien sa passion pour le golf. Respect de l’autre, autonomie et sérénité, le golf et le MAD ont des valeurs communes qu’il revendique. Une façon d’être.

Des responsabilités assumées. Adolescent studieux et doué, Jean-Éric rêve de devenir médecin pour partir en mission humanitaire. , se souvient Jean-Éric. Ce sera un CAP de pharmacie, sur les conseils de sa maman. Il entre comme apprenti dans une petite officine de Remiremont. Comptoir, préparatoire, la titulaire lui confie d’emblée des responsabilités. Il adore ça. Comme lors de son service militaire à la pharmacie de l’hôpital de Fribourg en Allemagne. . Il passe sa mention, devient papa d’un petit Julien et fait son BP dans une grosse pharmacie place des Vosges à Épinal en 1988. , décrit Jean-Éric qui, très vite, gère le tiers-payant et lance l’activité de MAD. Trouver des solutions pratiques pour les patients à domicile exhale son goût de rendre service et lui permet de travailler en pleine autonomie. À cette époque, il découvre aussi le golf. Par hasard.

L’homme de fers. Le préparateur garde en mémoire son émoi lorsqu’il tape ses premières balles sur le practice. , confie-t-il. Placer cette petite balle blanche dans les trous. Réussir le swing. Littéralement le « balancement », ce mouvement décrit par le club lors de l’exécution d’un coup. Les jambes écartées face à la balle, les mains sur le driver, « un club munie d’une grosse tête avec une face plate », il frappe la balle depuis le tee de départ. , explique Jean-Éric. , assène le préparateur. C’est pour lui un défi de faire un 18 trous en 72 coups. En outre, les trous sont classés en « par 3 », « par 4 » ou « par 5 », selon les distances entre le trou et le golfeur, de 100 à 500 mètres. Les « par 3 » signifie que l’on doit mettre la balle dans le trou en trois coups. , détaille le sportif qui prend quelques heures de cours collectifs à un tarif . Et achète les clubs. Il en existe plusieurs sortes : le driver, les bois, les fers, les wedge et le putter que l’on transporte dans un sac, tout au long du parcours. À chaque club, sa fonction.

Le trou noir. Mais Jean-Éric abandonne le golf lorsqu’il part à Le Thillot en 1989. . Il change d’officine, séduit par la fougue de son nouvel employeur. Avant de déchanter. Son nouveau titulaire se révèle incapable de gérer son affaire. Il en garde un mauvais souvenir. En 1992, il postule dans l’autre officine du village qui emploie seize personnes aujourd’hui. , précise fièrement Jean-Éric qui a participé à l’essor de cette pharmacie spécialisée dans le MAD. En véritable autodidacte, cet homme bricoleur – – a appris sur le tas, dans les manuels de matériel médical et auprès des prestataires. Il gère la vente et la location de matériel, une centaine de lits, les fauteuils roulants, sans compter les pompes à nutrition, l’oxygène et le mobilier. Pour développer cette activité, le préparateur a toute latitude. Il démarche les maisons de retraite, les prescripteurs et assure les livraisons. , constate le préparateur. . Puis arrive son 11 septembre 2001. Sa mère meurt, laissant un mari et trois fils, , avoue pudiquement Jean-Éric qui évoque cette période noire, où tout va à vau l’eau. Son chagrin, une compagne dépressive, l’isolement avec l’arrêt du golf et l’abandon des sorties avec les copains, il dérive. Alcool, anxiolytiques, il se retrouve un lundi matin dans un lit d’hôpital. Et d’analyser, .

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Pointer l’horizon. Alors qu’il envisage un instant de partir travailler dans le sud pour , son employeur lui présente ses projets de développement, un plus grand local pour le matériel et des avantages pour le préparateur : salaires, coefficient 400 et congés payés supplémentaires, , reconnaît Jean-Éric qui reste à la pharmacie Henri à Le Thillot mais emménage à Remiremont. Il reprend le golf, , comme il se plaît à dire. Une nouvelle compagne, Lydie qui attend leur fille pour septembre, la reprise du golf, le prix « Initiatives Pharmacie, catégorie spécialisation » en novembre dernier pour son action dans le développement du MAD, il voit son parcours récompensé. Et en imagine d’autres. À plus de 40 ans, il lorgne de l’autre côté de l’Atlantique. Christophe, son frère aîné a des projets de restaurant à Orlando en Floride où les opportunités sont nombreuses. Où les parcours de golf pullulent. De nouvelles balles à jouer. •

Portrait chinois

• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Un bonzaï parce qu’il a besoin d’attention pour s’épanouir. Moi aussi…

• Si vous étiez une forme galénique ? Une huile de massage car je suis tactile. Ce geste intime permet le rapprochement avec l’autre tout en se retrouvant « soi ».

• Si vous étiez un médicament ? Un anti-cancéreux. Cela m’aurait permis de garder ma maman plus longtemps auprès de moi.

• Si vous étiez un matériel ou un dispositif médical ? Un préservatif parce que c’est à la portée de tout le monde et que le sexe est important. Le sida est un fléau.

• Si vous étiez un vaccin ? Un vaccin contre la famine, afin que tout le monde mange à sa faim. J’aurais aimé être médecin et m’engager dans l’aide humanitaire.

• Si vous étiez une partie du corps ? Les pieds. Notre vie d’être humain « debout » repose sur 15 cm2, c’est incroyable ! Et j’apprécie la courbe d’un mollet et la belle cheville d’une femme, celle de la mienne notamment…

Jean-Éric Buisson

Âge : 41 ans.

Formation : préparateur en pharmacie.

Lieu d’exercice : Pharmacie Henri, Le Thillot (Vosges).

Ce qui le motive : vivre pleinement la vie.