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« L’officine, c’est un bac à sable »

Publié le 20 février 2021
Par Matthieu Vandendriessche
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Dans l’équipe officinale, chacun doit trouver et prendre sa place. Dessiner son métier. A l’approche de la cinquantaine, après un parcours industriel, Emmanuel Le Poul est devenu adjoint. Depuis la Haute-Savoie, où il vit, ce passionné fait souffler un vent de fraîcheur sur la pharmacie.

Atypique et épanoui ! Voici deux qualités d’Emmanuel Le Poul qu’il exprime pleinement en animant depuis quelques mois pour ses confrères une chronique sur Pharmaradio baptisée « La Brigade ». Un nom qui trouve son origine dans le rapprochement entre l’équipe officinale et une escouade de cuisiniers. Une comparaison pas si toquée. « Sans préparateurs qui montent en puissance et sans organisation optimale de l’équipe autour du titulaire, la révolution des services ne pourra pas se faire faute de temps. » Aux yeux du pharmacien, l’adjoint doit davantage trouver sa place et « sortir de l’image du frustré qui ne sera pas titulaire et qui n’aura pas plus de pouvoir qu’un préparateur tant la hiérarchie est plate. » Allez de l’avant, améliorez votre employabilité, renforcez vos connaissances techniques et réglementaires, intéressez-vous à l’éducation thérapeutique, à la coordination interprofessionnelle : c’est un reconverti qui vous le dit ! « J’ai un esprit d’“intrapreneur”, affirme ce fan de néologismes. Cela veut dire s’investir à l’intérieur des murs. La pharmacie d’officine, c’est un bac à sable : il y a tant à faire ! Sur la même surface, on retrouve tous les stades de l’évolution d’une vie. »

Un cahier de constantes biologiques

Alors que ses 50 ans approchent et après un parcours dans l’industrie, Emmanuel Le Poul opère une reconversion vers l’officine. « J’ai eu un diplôme, des titres et des fonctions. Mais aujourd’hui, pour la première fois de ma vie, j’ai un métier. » Sa mère est pharmacienne et son père neuropsychiatre. « Dans mon enfance, pendant les repas, les discussions tournaient autour de cas cliniques », se souvient-il. Dès l’âge de 10 ans, il remplit des cahiers de constantes biologiques en prenant les appels du laboratoire d’analyses. Mais ses parents lui déconseillent leur profession respective. Pour mieux couper la poire en deux, il suit des études de pharmacie avec pour ambition de développer des médicaments en neuropsychiatrie. C’est chose faite pendant une quinzaine d’années dans différentes fonctions de management en recherche et développement. Aujourd’hui, c’est la nutrition qui le passionne. Il a entrepris en novembre 2020 un diplôme universitaire de physionutrition clinique et biologique à l’université Grenoble-Alpes (Isère). D’ores et déjà, il finalise la création d’une association permettant aux professionnels de santé de s’engager dans l’éducation nutritionnelle par des actions de prévention auprès de la population et en concertation avec des mairies et des communautés de communes. Cette association s’appellera le Conseil national de l’insulinorésistance. Sa créativité, Emmanuel Le Poul n’a pas fini de la libérer.

BIO Emmanuel Le Poul

1998 Thèse de doctorat en pharmacologie expérimentale et clinique à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine)

2016 Stage de reconversion à Rouen (Seine-Maritime) dans la pharmacie de Carine Wolf-Thal, future présidente de l’Ordre national des pharmaciens

2020 Chroniqueur radio depuis septembre

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