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Les règles du jeu de l’apprentissage à l’officine

Publié le 5 mai 2018
Par Chloé Devis
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L’accueil d’un apprenti à l’officine représente une expérience potentiellement enrichissante, à condition de ne pas négliger l’intégration et le suivi de ce salarié novice. Les clés d’une collaboration fructueuse.

Plusieurs raisons peuvent inciter à l’accueil d’un jeune en alternance dans sa pharmacie : « On peut considérer, en premier lieu, que la transmission est une composante à part entière de ses devoirs professionnels. Former en interne un possible futur collaborateur et/ou bénéficier d’une force supplétive sont également des facteurs de motivation couramment rencontrés », relève ainsi Laure-Emmanuelle Foreau-Coffin, dirigeante de Praxipharm.

Donner des repères

Première étape : la présentation de l’équipe. « Il faut que le jeune sache qui solliciter sur tel sujet, au-delà de son maître d’apprentissage, et qu’il puisse se situer dans l’organigramme », ajoute l’experte. Autre étape essentielle : « La visite commentée de l’officine, comme le souligne Christel Thoreau, directrice du CFA de Dijon (Côte-d’Or). Celle-ci prendra autant en compte l’organisation de l’espace de vente que celle du back office, sans oublier d’indiquer au jeune l’endroit où il pourra laisser ses affaires et si possible, celui où il pourra se poser pour prendre des notes. » Abordez également avec lui la tenue, les horaires, l’informatique, le règlement intérieur… Last but not least, « faites le point sur ses responsabilités et ses limites en tant qu’apprenti, notamment le respect du secret professionnel, et l’interdiction de délivrer des ordonnances », insiste Christel Thoreau.

Ouvrir des perspectives

« Le planning d’apprentissage de votre apprenti devra être établi en fonction du contenu de ses cours, en commençant par une phase d’observation », indique Laure-Emmanuelle Foreau-Coffin. « En définissant une progression des tâches dans le temps, vous permettez au jeune de se projeter », plaide Christel Thoreau. Autre impératif : donner du sens à son travail. A chaque fois qu’une mission, même accessoire, lui est confiée, celle-ci sera recontextualisée : « Par exemple, la gestion des réceptions est l’occasion de faire le point sur les rôles du répartiteur et du grossiste, sur le mode de rangement de l’officine mais aussi sur les médicaments eux-mêmes, pathologies, contexte d’utilisation », explique la dirigeante.

Assurer un suivi au long cours

Christel Thoreau préconise un point hebdomadaire pour passer en revue « les acquis, les éléments restant à acquérir et les objectifs pour la semaine suivante ». Laure-Emmanuelle Foreau-Coffin suggère pour sa part que l’apprenti « puisse aussi avoir à portée de mains un cahier et un stylo pour noter ses observations et questions au fil de la journée, et les partager ensuite à froid avec son référent ».

Trouver des solutions concertées aux difficultés

Si des difficultés se présentent, il convient d’abord de les analyser : sont-elles d’ordre relationnel, ou liées à l’apprentissage ? Dans le premier cas, c’est le titulaire ou le maître d’apprentissage qui doit dialoguer avec le jeune, et si besoin le recadrer. Dans le second cas, une aide à la révision des points litigieux pourra lui être apportée. Enfin, le titulaire ou le référent doit également savoir se remettre en question. « En cas d’erreur, il faut d’abord se demander si le jeune a bien eu les informations nécessaires et s’il a bien compris ce qu’on attendait de lui, sans pour autant le déresponsabiliser », relève Christel Thoreau. N’hésitez pas non plus à vous appuyer sur le CFA pour résoudre les problèmes rencontrés.

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Préparer l’avenir

Les examens approchent ? Sachez en tenir compte, à la fois en allégeant l’emploi du temps de votre apprenti, et en lui proposant de l’aider à réviser. Vous êtes décidé à poursuivre l’aventure avec lui une fois son diplôme décroché ? « Commencez à lui en parler au moins trois mois avant la fin de son cursus, afin qu’il ne cherche pas ailleurs ! », recommande Christel Thoreau. Et si vous souhaitez reprendre un apprenti, c’est dès mars-avril qu’il convient de reprendre contact avec le CFA local. 