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Le préparateur nouvelle formule

Publié le 29 juin 2002
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Le mensuel des préparateurs « Porphyre » profite du lancement de sa nouvelle formule, dans son numéro de juin/juillet, pour publier une grande enquête : « Préparateurs, qui êtes-vous ? ». Un double événement pour une profession aussi nombreuse que les pharmaciens à l’officine et actuellement plongée dans une pénurie de personnel aussi aiguë.

36 % des préparateurs estiment que leur métier devient « beaucoup moins » ou « un peu moins intéressant », 33,2 % « un peu plus » ou « beaucoup plus intéressant ».

Le préparateur est-il encore un préparateur ? « Non », répondent 77 % des intéressés ayant répondu à l’enquête publiée par Porphyre en juin*, qui considèrent que cette appellation ne correspond plus à leur activité et se verraient plus volontiers comme des « assistants pharmaciens » ou des « auxiliaires pharmaceutiques », voire des « aide-pharmaciens », des « techniciens en pharmacie », ou tout simplement… comme des « officinaux ». D’ailleurs, la moitié d’entre eux pensent que leur métier est identique à celui d’assistant.

Hérésie ? Pas vraiment si l’on considère que la délivrance d’ordonnances est de loin leur principale activité, 59,1 % y passant plus de 4 heures par jour… tandis que la préparation magistrale est évidemment devenue une activité très secondaire, 27,7 % en faisant exceptionnellement ou jamais et la moitié y passant moins d’une demi-heure par jour. Mais rappelons que la délivrance se fait, normalement, sous le contrôle d’un pharmacien… Reste que les préparateurs se retrouvent souvent aux premières loges, par exemple pour convaincre les clients d’accepter des génériques ! : 29,2 % en délivrent une ordonnance sur deux, 34 % une sur cinq, 22,1 % systématiquement…

46 % des préparateurs interrogés sont rémunérés « au fixe », 33 % y voient s’ajouter une prime et 17,4 % un treizième mois, les heures supplémentaires n’étant régulières que pour un préparateur sur cinq.

Autres tâches, nouvelles responsabilités… 42,4 % des préparateurs interrogés sont responsables d’une ou de plusieurs gammes de produits dans l’officine : dermocosmétologie pour 58,8 % d’entre eux, phytothérapie (pour 25,6 %), rayon bébé (24,4 %), homéopathie (21,9 %), médicament familial (20 %), MAD (17,5 %) hygiène buccodentaire (15 %), diététique (13,1 %). Côté gestion, c’est la responsabilité des commandes qui domine (46 % en sont chargés), devant le merchandising (34,8 %), le tiers payant (30,9 %), la livraison de médicaments à domicile (23,5 %), l’informatique (16,9 %)…

La moitié déclare avoir suivi une formation en 2001, mais avec un fort décalage entre la formation reçue et celle souhaitée, particulièrement marqué en ce qui concerne les nouveaux médicaments (souhaitée à 52,2 % mais réalisée à 27,7 %), le médicament familial (33,2 % souhaitée, 14,9 % réalisée)… Pas de doute, le préparateur se veut aussi l’homme du médicament. A l’inverse, si l’on a formé 24,1 % des préparateurs au générique, seuls 13,6 % le souhaitaient.

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Cela dit, les titulaires seront ravis d’apprendre que 88 % des préparateurs ayant répondu sont satisfaits de leur métier, une grosse majorité souhaitant y rester (voir graphique ci-contre). Mais la recherche de reconnaissance est patente : le désir d’être un professionnel de santé est la motivation numéro un pour faire ce métier, avancée par 48,9 % d’entre eux devant le contact avec la clientèle (38,9 %), alors que la vente vient loin derrière avec 7,2 %… Mais les titulaires feraient bien de rester attentifs, car un petit tiers ne savent pas combien de temps ils feront ce métier et, s’ils le quittaient, la question du salaire serait centrale dans leur choix (voir graphique p. 10).

Salariés fidèles mais circonspects

La question est sensible mais récurrente. Négliger cette attente ne pourra que contribuer à aggraver la fuite des diplômes de plus en plus souvent évoquée et donc la pénurie de personnel. Une pénurie jugée inquiétante par la moitié des préparateurs, mais 44 % précisent qu’ils en profitent tout de même pour améliorer leur condition, 22 % pour trouver mieux ailleurs (alors que la moitié se voit toujours dans la même officine dans cinq ans) et 21,7 % pour tenter de renégocier leur salaire. Un climat qui tend à confirmer l’impression de malaise qui transparaît dans les débats consacrés à cette pénurie et aux perspectives professionnelles. Certains responsables professionnels évoquaient bien récemment l’idée de profiter de la future application de la loi MURCEF pour ouvrir aussi le capital aux préparateurs. La proposition ne laisse pas indifférent puisque 71,6 % des répondants souhaiteraient prendre des parts dans une officine si la réglementation le permettait.

Autant de préoccupations sur lesquelles les préparateurs s’expriment largement dans Porphyre, où de nombreux témoignages viennent illustrer l’enquête complète. A lire absolument. –

* Enquête Porphyre/Atelier Média auprès des lecteurs de Porphyre (408 questionnaires exploités).