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Le Gay savoir à la portée de tous

Publié le 31 octobre 2009
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Chaque année, Bernard Gay prépare sa rentrée. Il dispense en effet des cours à l’Université populaire de Moulins. Son auditoire, grand public, est âgé de 30 à 75 ans ! Une façon pour ce titulaire de prolonger hors de l’officine son rôle d’acteur de santé.

Bernard Gay, installé dans la préfecture de l’Allier, est intarissable sur les sujets qu’il affectionne comme la phytothérapie, l’aromathérapie ou la nutrition. Et, lorsque l’Université populaire de Moulins l’a contacté pour organiser des cycles de conférences et faire partager ses connaissances, c’est tout naturellement qu’il a accepté. « L’université me donne carte blanche. Chaque année, j’élabore un programme que j’adapte à mon auditoire, essentiellement composé de femmes, en activité ou à la retraite. La tranche d’âge fait ainsi le grand écart de 30 à 75 ans, mais mes « étudiantes » ont en commun d’être toutes très concernées par leur santé. »

Cette année, le pharmacien a décliné la thématique « Comment bien vieillir ? », très fédératrice et à la mode. Pour se démarquer, Bernard Gay joue donc la carte de l’expertise scientifique et pharmaceutique. « Mes cours restent très pratiques. J’explique par exemple l’intérêt des oméga-3 dans l’alimentation, la nocivité des produits industriels trop riches en acides gras trans, mais aussi comment décrypter les étiquettes des produits alimentaires, comment composer un panier de courses sain et équilibré, etc. Mon objectif est de livrer un contenu technique et pointu tout en restant proche des attentes et des préoccupations de mon auditoire, souligne le pharmacien, qui vit ses 12 heures de cours annuelles (soit 5 colloques) comme un challenge. Il faut être à la hauteur pour être attractif et capter l’intérêt du public qui paye l’équivalent d’une place de cinéma pour assister à chaque cours. »

« Je me considère en perpétuel apprentissage »

Pour remplir avec brio sa mission de conférencier, Bernard Gay n’hésite pas à s’investir dans sa propre formation et à enchaîner les diplômes puisqu’il cumule un diplôme universitaire d’orthopédie, un autre de phytothérapie et un diplôme interuniversitaire « Alimentation santé et micronutrition ». « Je me considère en perpétuel apprentissage. Mon envie d’apprendre est intacte, aussi bien pour les cours que je dispense que pour mon activité officinale. Dans le contexte actuel de crise, les pharmaciens ne doivent pas se contenter d’être de simples distributeurs de médicaments. Il est indispensable de mettre en avant nos connaissances et de prodiguer des conseils. C’est cette valeur ajoutée qui nous rend incontournables et irremplaçables », insiste le titulaire, dont la pharmacie se singularise notamment par ses spécialisations en conseils en nutrition, en aromathérapie et en phytothérapie. « J’ai ainsi conservé une activité d’herboriste à l’ancienne. A l’officine, nous fabriquons des mélanges de plantes pour tisanes à partir de formules standard ou de formules élaborées sur mesure en fonction de la demande de nos clients, indique Bernard Gay, qui refuse de voir ces marchés se volatiliser vers d’autres circuits de distribution. La santé, la diététique et la nutrition sont des sujets dans l’air du temps. Revers de la médaille, certaines sociétés se positionnent sur ces marchés par pur mercantilisme, sans dimension éthique. »

« J’ai à coeur de promouvoir notre profession »

Pour Bernard Gay, il est donc important que les pharmaciens puissent communiquer leurs compétences et leur savoir-faire. Mais cela ne veut pas dire que le pharmacien doit mélanger les genres. « Mes interventions à l’Université populaire n’ont pas pour objectif de me faire connaître et de capter une nouvelle clientèle pour ma pharmacie. En revanche, j’ai à coeur de promouvoir notre profession et d’en donner auprès du public une vision flatteuse. »

Il vient d’ailleurs d’écrire au ministère de la Santé et au courrier des lecteurs du Monde pour rappeler que les pharmaciens sont les seuls professionnels compétents et diplômés pour prescrire et réaliser des mélanges de plantes.

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Mais le terrain est parfois glissant ! Bernard Gay cite ainsi l’exemple d’une consoeur qui a organisé une conférence sur le Programme national nutrition-santé (PNNS) et qui s’est attirée les foudres de pharmaciens qui se sont plaints auprès de l’Ordre. « C’est dommage. Ces dissensions internes ne grandissent pas notre profession », regrette Bernard Gay, qui reste sur ses gardes lorsqu’un journaliste le questionne par exemple…

Envie d’essayer ?

Les avantages

– Casser la monotonie. Enseigner est une ouverture d’esprit et une stimulation professionnelle.

– Approfondir des sujets qui pourront s’avérer utiles au comptoir.

– Profiter de la reconnaissance et de la notoriété conférées par cette activité. Lorsque l’on vous donne la parole sur un sujet, on reconnaît votre expertise. C’est valorisant !

Les difficultés

– Organiser son emploi du temps pour préparer et dispenser les cours.

– Faire face aux critiques et aux reproches des confrères qui voient dans cette démarche un acte de concurrence ou de publicité personnelle plutôt qu’une promotion du métier de pharmacien.

Les conseils

– Ne pas le faire pour l’argent car la rétribution est négligeable (environ 20 euros par conférence). Le moteur doit être avant tout l’envie de faire partager son savoir, ses convictions, et d’aller à la rencontre d’un auditoire.

– Oser et avoir l’audace d’entreprendre une activité en dehors de son officine.

– Se former et se mettre à niveau en permanence. Un bon conférencier doit être capable de répondre à n’importe quelle question.

– S’entraîner. Un cours de qualité demande un minimum de préparation et il ne faut pas oublier que les auditeurs payent pour y assister.