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Le Collectif national des pharmaciens reçu au ministère

Publié le 15 décembre 2001
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Joël Manoeuvre et Alain Robert, titulaires à Aulnay-sous-Bois (93), s’interrogeaient dans le courrier des lecteurs du « Moniteur » n° 2410 : « pourquoi pas le fonctionnariat ? ». Né de cette idée, le Collectif national des pharmaciens a déjà été auditionné au cabinet Kouchner !

Utopie, aberration penseront certains : le Collectif national des pharmacies, vieux de trois mois, prône l’étatisation d’une partie des officines. Pourtant Joël Manoeuvre et Alain Robert ont été reçus le 26 novembre par Emmanuelle Wargon, conseillère technique du cabinet Kouchner, pour présenter leurs propositions, le cabinet Guigou leur suggérant quant à lui de rencontrer le directeur de l’Hospitalisation et de l’organisation des soins, dont dépend l’officine au ministère.

Vu la difficulté à se faire recevoir Rue de Grenelle ou de Ségur, la démarche du Collectif fait figure de petit événement. « Ils n’ont émis aucune opposition de principe et se disent même intéressés par notre idée de créer un réseau de « pharmacies CNAM » à partir du rachat des fonds aux titulaires qui le souhaiteraient », déclare Joël Manoeuvre. Le pharmacien pourrait être employé pour un salaire basé sur la grille des praticiens-conseils, propose-t-il. Grille qui va de 18 537 F (pharmacien-conseil sans doctorat) à 37 434 F (pharmacien-conseil chef de service, ancienneté maximale). Nul doute qu’à ces salaires, nombre d’assistants seraient partants selon Alain Robert : « Ce serait aussi un moyen pour les collaborateurs de l’officine de retrouver un plan de carrière et un intérêt au métier, débarrassé de ses contingences de plus en plus commerciales. »

« Notre raisonnement se tient, poursuit Joël Manoeuvre, dans la mesure où la tendance actuelle conduit tout droit soit à la disparition d’un nombre important de pharmacies qui n’ont déjà de libéral que le qualificatif, soit à une verticalisation obéissant à une logique capitalistique qui verra de toute façon les officines perdre leur indépendance. De plus, on va droit dans le mur : les dépenses vont exploser. Et sur qui va-t-on taper ? Ni les industriels, ni les grossistes. Nous, on nous trouve déjà trop chers !… Or ce que nous proposons pourrait faire économiser 20 milliards de francs (la moitié en salaires et l’autre notamment en charges inhérentes aux entreprises privées). » Une estimation sur laquelle doit se pencher le ministère qui a promis de la confronter à ses propres calculs.

Prochain objectif : tenter de rencontrer Jean-Marie Spaeth (président de la CNAM) et Jean-Pierre Davant (président de la Mutualité française). Xavier Nicolas, pharmacien et parlementaire RPR, est, lui, chargé de diffuser la bonne parole dans sa famille politique. « Nous ne présumons pas de la réussite du collectif », précisent ses responsables qui espèrent une réponse en 2002 et souhaitent la mise en place de « pharmacies CNAM » expérimentales. « Une par département serait l’idéal, avance Alain Robert. In fine, 4 000 à 5 000 confrères pourraient basculer et cohabiter avec l’officine libérale. » On pense d’emblée aux officines en difficulté. « Bien sûr. Et alors ? Mais croyez-moi, il n’y aura pas qu’elles », conclut-il.

Quant à la réaction prévisible de certains confrères : « On nous a déjà traité de tous les noms, alors vous savez… »

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