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LA FRANCE S’INSPIRE DE L’EXPÉRIENCE DE SES VOISINS
L’Espagne, l’Italie et la Belgique utilisent à un stade plus ou moins avancé l’ordonnance électronique. En France, une note publiée par le Comité de liaison des ordres des professions de santé (CLIO Santé) pourrait lui permettre de rattraper son retard.
Le CLIO (Comité de liaison des institutions ordinales du secteur de la santé*) a diffusé le 15 janvier une note d’orientation sur l’e-prescription dont l’objectif est d’alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de la déployer. Il propose d’organiser une phase pilote avec une centaine de pharmaciens et médecins et avec les laboratoires d’analyses médicales sur « deux ou trois bassins de population choisis pour leur dynamisme » et déjà avancés en matière d’« e-santé ». Les avantages de ce nouveau mode de prescription sont nombreux pour le patient, le professionnel et l’Assurance maladie : amélioration des vérifications et prévention d’erreurs, lutte antifraude, coordination renforcée entre les professionnels (le médecin pourra ainsi savoir quels médicaments ont effectivement été délivrés), confidentialité, économies…
Pour se systématiser, le dispositif devra passer par l’informatisation des médecins, peu équipés. « L’ordre des médecins est partant, on leur a laissé le leadership, commente Patrick Fortuit, vice-président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, où il est aussi président de la commission des Technologies de santé. Le ministère de la Santé s’y est aussi montré favorable. On essaie de mobiliser l’ensemble des acteurs sur le sujet. »
* Pharmaciens, médecins, sages-femmes, chirurgiens-dentistes, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, infirmiers.
Repères
L’e-prescription en France concernerait les médicaments, les dispositifs médicaux, les examens biologiques ou de radiologie et les actes de soins prescrits par un professionnel de santé.
Elle serait déposée dans une base de données d’un réseau sécurisé et fermé.
Elle serait accessible avec la carte Vitale et la CPS.
Elle ne doit pas être confondue avec la numérisation des ordonnances papier, testée actuellement par 900 pharmacies dont l’objectif est de généraliser ce procédé à toutes les officines d’ici début 2013 et de mettre en place une télétransmission aux caisses.
La CNAM traite 750 millions d’ordonnances par an et mobilise 4 000 agents pour leur traitement et archivage, pour un coût de 4 millions d’euros.
ESPAGNEUn pays en pointe
L’e-prescription, apparue au milieu des années 2000 dans les régions pilotes d’Andalousie, de Catalogne et de Valence, est aujourd’hui pratiquement généralisée dans 15 des 17 communautés autonomes du pays, chacune ayant sa propre organisation. « Le serveur et le réseau catalans reliant 3 100 pharmacies à plus de 4 000 médecins dépendent non pas de l’administration mais des pharmaciens eux-mêmes », détaille Francesc Pla, vice-président du Collège des pharmaciens de Barcelone. L’e-prescription représente 74 % des 10 millions d’ordonnances émises mensuellement dans cette région de 7 millions d’habitants. « Tout est aussi sophistiqué qu’un réseau bancaire, car la moindre panne aurait des conséquences catastrophiques », reconnaît Francesc Pla.
Une réduction du nombre de consultations. Au-delà des économies de papier, plus de 3 millions d’euros, les autres avantages sont plus difficiles à évaluer, mais les autorités andalouses estiment que l’e-prescription a déjà permis de réduire d’un cinquième le nombre de consultations. « Notre valeur ajoutée de pharmacien passe par la connaissance du traitement global de l’usager, lequel garde toutefois la possibilité de limiter cet accès », explique Francesc Pla, qui projette de nouvelles applications. Notamment le fait de savoir qu’un patient commence un nouveau traitement et de pouvoir ainsi mieux l’accompagner.
Armand Chauvel
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ITALIEDes pharmaciens inquiets
C’est une révolution que vivent en Italie les officinaux avec le remplacement d’ici septembre de l’ordonnance papier par l’électronique. Le médecin donnera au patient un code qui permettra au pharmacien d’accéder en ligne à l’ordonnance. Ces données seront immédiatement envoyées aux ministères de la Santé et des Finances. Pour mettre en place ce système, les régions ont dû connecter les médecins au réseau, ce qui sera totalement finalisé en mars. « Pour l’instant, le contact direct médecin-pharmacien n’a jamais été établi car les médecins n’étaient pas prêts, même en Lombardie, région dans laquelle l’ordonnance virtuelle devait pourtant être testée dès 2010 », note Gianni Petrosillo, dirigeant de Promofarma, la société chargée d’assister les officines dans la mise en place de réseaux.
Des incertitudes quant à la mise en pratique. « Tous les pharmaciens sont équipés pour ce changement qui se fera progressivement dans toutes les régions, poursuit Gianni Petrosillo. Mais les professionnels sont très inquiets quant au temps que cette opération prendra au comptoir. » Pour rassurer les 17 500 officines et éviter les couacs, une feuille récapitulant les données de l’ordonnance sera encore délivrée aux patients dans un premier temps. Ce système devrait permettre de réduire d’environ 2 milliards d’euros par an les dépenses pharmaceutiques, 800 millions d’économies provenant de la suppression du papier et 1,2 milliard de la limitation des erreurs, fraudes ou gaspillage.
Eléonore Kern
BELGIQUEGrand test
En 2013, les 5 100 pharmaciens belges seront équipés d’un logiciel d’échanges d’ordonnances électroniques, alors que sa généralisation est attendue pour 2015-2018 par les 20 000 médecins et autres professionnels de santé. Imaginé par un groupe de médecins généralistes et de pharmaciens en 2000, le projet Recip-e d’e-prescription en est au stade expérimental. Depuis novembre 2011, 20 médecins et 30 pharmaciens l’expérimentent dans la région de Sint-Niklaas en Flandre et à Enghien en Wallonie. Cette phase de test doit se terminer le 1er mars 2013 avant d’être généralisée. Il suffit au médecin de s’identifier sur le serveur Recip-e puis d’y introduire sa prescription. Le pharmacien y accède grâce à l’identifiant de la prescription que lui fournit le patient. La prescription disparaît alors du serveur pour être archivée dans l’informatique du pharmacien. Si le patient bénéficie toujours d’une prescription papier, à terme il ne lui sera plus délivré qu’un identifiant lui permettant de se présenter dans la pharmacie de son choix.
Un dispositif au service de la profession. Les avantages de Recip-e sont multiples : encryptage et décryptage automatiques des données à chaque bout de la chaîne, identification des prescriptions par création d’un code à barres unique, vérification du niveau d’assurabilité du patient, de la concordance des produits délivrés par rapport à la prescription, envoi de messages au médecin par le pharmacien… « Les autorités assurent le financement et la supervision légale, mais la gouvernance du système est dans les mains des utilisateurs, résume Dirk Broeckx, président de la société gestionnaire. En plus des simplifications administratives et de la transparence accrue dans la relation médecin-pharmacien, la rapidité de l’e-prescription permettra au pharmacien d’assurer un meilleur suivi des patients. »
Jean-Luc Decaestecker
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![DE LA RECHERCHE À LA PRODUCTION](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2024/07/article-defaults-visuel-680x320.jpg)