La fac de Tours décloisonne son enseignement

« Le Moniteur » : Le projet de réforme est encore à l’étude. Pourquoi le devancer ?

Denis Guilloteau : Je suis moi-même praticien hospitalier dans un laboratoire de médecine nucléaire in vitro. Avoir un pied dans le monde professionnel et un autre dans le monde enseignant permet de se rendre compte des besoins en formation. L’enseignement est trop cloisonné. Les étudiants, qu’ils se destinent à l’officine, à la biologie ou à l’industrie, doivent avoir une vision globale des grandes fonctions. Nous avons donc mis en place un type d’enseignement coordonné depuis quatre ans qui regroupe l’étude de la physiopathologie jusqu’au traitement en passant par le médicament pour les étudiants de 3e, 4e et 5e année se préparant à l’internat. Un tiers de l’emploi du temps y était consacré. Cette année, nous avons décidé d’aller plus loin en lançant de nouveaux modules. Nous nous sommes basés sur les réflexions déjà bien avancées de la Commission pédagogique nationale des études pharmaceutiques qui prépare la réforme des études.

Quels enseignements coordonnés proposez-vous cette année aux étudiants ?

Nous avons prévu onze modules au total. Cette année, nous démarrons avec un module destinés aux étudiants de 2e année, l’an prochain ce sera au tour des 3e puis des 4e année. On peut juger que démarrer les enseignements coordonnés dès la 2e année est un peu tôt car les étudiants n’ont pas encore beaucoup de connaissances en pharmacologie par exemple. Pour permettre cette adaptation, un module « Préparation à l’enseignement intégré et à la pharmacie » sera proposé en début de 2e année. Nous leur apprendrons comment travailler et surtout à ne pas le faire dans l’optique d’un examen. En outre, ce module leur permettra d’appréhender tous les métiers de la pharmacie. Souvent, les étudiants ne savent pas en quoi consiste le métier de biologiste, de pharmacien industriel… A la fin de l’année, nous commencerons l’enseignement coordonné proprement dit avec un module sur le traitement des pathologies cutanées.

Comment va se dérouler leur mise en place ?

Au total, les enseignements coordonnés vont constituer 50 % du programme de 3e et 4e année. Chacun des modules sera suivi par une équipe de professeurs sous forme d’équipe pédagogique. Nous nous appuyons sur les enseignants de la faculté. Mais nous comptons faire également intervenir des spécialistes du monde professionnel, biologistes, physiologistes, biochimistes, cliniciens. Nous comptons travailler au maximum avec le CHRU de Tours pour que les étudiants en pharmacie aient les mêmes approches et un vocabulaire commun avec les médecins. Je souhaite d’ailleurs développer nos relations avec la faculté de médecine pour créer un pôle santé et faciliter les contacts entre les deux professions. Pharmaciens et médecins ne se connaissent pas suffisamment bien pour que leurs métiers soient complémentaires.

Le nouveau programme de Tours

– Deuxième année (2001-2002) : Modules « Préparation à l’enseignement coordonné » et « Traitement des pathologies cutanées ».

– Troisième année (2002-2003) : Modules « Traitement des troubles de la nutrition », «Traitement des maladies métaboliques », « Traitement des pathologies du système nerveux central », « Traitement des pathologies gastro-intestinales », « Traitement des pathologies hépatiques », « Traitement des pathologies rénales et génito-urinaires » et « Traitement des dysfonctionnements rénaux ».

– Quatrième année (2003-2004) : Modules « Traitement des cancers et hémopathies », « Traitement des maladies immunitaires », « Traitement des pathologies cardiovasculaires », « Traitement des pathologies bronchopulmonaires » et « Traitement de la douleur ».