Etre looké sans choquer

© © D. R.

Carrière Réservé aux abonnés

Etre looké sans choquer

Publié le 29 février 2016
Par Annabelle Alix
Mettre en favori

La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Les préparateurs peuvent donc adopter le look qui leur plaît au travail à condition de ne pas nuire aux intérêts de leur employeur. Le point sur vos libertés de style et les limites à respecter.

Tatouages, piercings, coiffure extravagante ou tenue gothique, tous les goûts sont dans la nature. Et chacun voudrait pouvoir assumer les siens. Mais, au travail, la question du look pose parfois problème, quand elle n’est pas taboue. En matière de style, le patron a toutefois le dernier mot. Mieux vaut donc la jouer fine…

Mon look, c’est moi
67 % des salariés européens sont confrontés à des conflits intergénérationnels au travail. Ce pourcentage atteint les 71 % en France(1). Peu étonnant pour Stéphan Laclare, consultant au Creci, cabinet de conseil et de formation en management : « Nous sommes en pleine transition vers une nouvelle ère ». Les nouvelles générations ont ainsi besoin d’afficher leur singularité dans le groupe, quand leurs aînés s’attachaient à en respecter scrupuleusement les codes. « Fini le temps où l’on souhaitait consommer comme ceux de son rang social, résume Stéphan Laclare. Aujourd’hui, on veut consommer ce qui nous est personnel ». Le look aussi s’affranchit des codes. Il reflète une singularité, heurtant parfois la bienséance au travail.
à l’heure de l’esthétisation et du culte du corps, les tatouages et piercings se répandent Ils personnalisent le corps, le subliment… Évoquant parfois un vécu, une appartenance à un groupe ou un trait de caractère, ils sont une part de la personne, tout du moins de sa chair, parfois de son histoire. Ou l’expression d’une personnalité. Sur la page Facebook « Tu sais que tu es préparatrice quand… », Émily, à Pignan (Hérault), en témoigne : « J’ai un piercing au nez, au-dessus de la bouche, deux implants sur la main, un tatouage sous l’oreille et je suis raisonnablement rasée sur le côté ! Je suis aussi passée par toutes les couleurs de cheveux. Mon côté décalé, mes titulaires l’ont bien adopté ! Ils me connaissent depuis que j’ai 16 ans. J’en ai 35 maintenant… »

Encadré : La liberté de religion
La loi autorise-t-elle un préparateur à porter le voile ou la kippa à l’officine ?
Contrairement à la liberté d’apparence, la liberté de religion et d’expression est fondamentale. Un préparateur en officine ne peut donc se voir interdire de porter voile ou kippa sur son lieu de travail.
L’employeur peut-il limiter ces libertés ?
Oui, mais ces restrictions doivent être précises, justifiées par la nature des tâches accomplies et proportionnées au but recherché. Ces critères sont interprétés de façon plus sévère que pour les restrictions qui concernent la liberté d’apparence. En 2014, le licenciement d’une salariée de crèche qui portait le voile a été validé par la Cour de cassation. Rien ne garantit qu’un tel licenciement serait possible en pharmacie. La Cour européenne des droits de l’homme doit se prononcer sur le cas précité. La question n’est donc pas figée…

> S’abonner

(1) The Workforce View in Europe 2015⁄16, Opinion Matters pour ADP, étude réalisée en juillet 2015 auprès de 11 257 adultes actifs dans huit pays européens.

Publicité

À lire dans Porphyre n° 520 de mars 2016.










Respecter l’entreprise
Arborer ses tatouages, sa peau percée, ses choix gothiques ou se coiffer d’un foulard (voir encadré p.20), a priori, au travail, rien n’est interdit. « Le principe, c’est la liberté, affirme maître Éric Rocheblave, avocat en droit du travail au barreau de Montpellier (voir encadré). Le salarié détient la maîtrise de son apparence ». Avec toutefois une réserve : « Cette liberté n’est pas reconnue comme fondamentale. L’employeur peut donc la limiter si la nature des tâches confiées au salarié le justifie. Les limites doivent alors être proportionnées au but recherché ». Leur bien-fondé est évalué au cas par cas. La sécurité, par exemple, justifie le port obligatoire d’une tenue de protection. Les tribunaux ont aussi validé le licenciement d’une salariée qui se rendait au travail vêtue d’un chemisier transparent sans soutien-gorge en dessous. Motif ?…

> S’abonner

Encadré : La liberté de religion
La loi autorise-t-elle un préparateur à porter le voile ou la kippa à l’officine ?
Contrairement à la liberté d’apparence, la liberté de religion et d’expression est fondamentale. Un préparateur en officine ne peut donc se voir interdire de porter voile ou kippa sur son lieu de travail.
L’employeur peut-il limiter ces libertés ?
Oui, mais ces restrictions doivent être précises, justifiées par la nature des tâches accomplies et proportionnées au but recherché. Ces critères sont interprétés de façon plus sévère que pour les restrictions qui concernent la liberté d’apparence. En 2014, le licenciement d’une salariée de crèche qui portait le voile a été validé par la Cour de cassation. Rien ne garantit qu’un tel licenciement serait possible en pharmacie. La Cour européenne des droits de l’homme doit se prononcer sur le cas précité. La question n’est donc pas figée…

> S’abonner

(1) The Workforce View in Europe 2015⁄16, Opinion Matters pour ADP, étude réalisée en juillet 2015 auprès de 11 257 adultes actifs dans huit pays européens.

À lire dans Porphyre n° 520 de mars 2016.