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De l’industrie à l’officine

Publié le 13 septembre 2008
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Passer de l’industrie à l’officine dans la seconde moitié de sa carrière est de plus en plus fréquent. Pour Michel Jeanjean, titulaire depuis un an à Saint-Raphaël (Var), il faut attendre une bonne année avant de commencer à maîtriser son sujet.

Michel Jeanjean est revenu à ses premières amours. Ayant choisi l’option officine quand il était étudiant, il avait en effet complété son diplôme avec une formation MBA à l’école supérieure de commerce de Reims qui l’orienta vers une carrière industrielle où il travailla durant 20 ans à des postes de direction. Mais la cinquantaine approchant et las des pressions hiérarchiques et du stress, il s’installe le 1er janvier 2007 avec son épouse dans le centre-ville de Saint-Raphaël.

« Je n’étais pas préparé et il a fallu que je me mette rapidement à niveau avant de devenir titulaire », explique Michel Jeanjean. Il a donc dû gérer de front les démarches liées à l’acquisition et les stages officinaux, tantôt chez des camarades industriels déjà reconvertis, tantôt chez d’anciens clients pharmaciens pour acquérir les bases indispensables, se roder à la délivrance des ordonnances, au conseil, à la substitution, au contact avec la clientèle… Entre septembre et décembre 2006, à raison de deux à trois jours par semaine, il a accumulé deux mois d’expérience en officine. Il ne restait plus qu’à acheter.

« L’officine que je voulais acquérir devait satisfaire à trois prérequis : la taille, le pourcentage de CA hors médicaments et la rentabilité », précise Michel Jeanjean. Des exigences à la hauteur de son apport personnel de 800 000 Û mais qui se payent cher. La pharmacie de Saint-Raphaël sera rachetée au prix du marché du littoral méditerranéen, soit 120 %.

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La reprise n’a pas été simple car l’officine a changé de main plusieurs fois en peu de temps. « Le personnel n’avait ni contrat de travail, ni bulletin de salaire. Nous avons dû construire notre politique d’achat et créer notre portefeuille de marque à tâtons car l’informatique avait été épurée de toutes les données sur les ventes… » Mais le cursus industriel de Michel Jeanjean reste un sérieux atout dans les relations avec les laboratoires. « Je connais leur politique commerciale et leur stratégie marketing, cela m’aide forcément au moment de la négociation des marchés. »

« Je n’ai de comptes à rendre qu’à moi-même »

Même si l’ex-cadre dirigeant peut compter sur ses qualités managériales (fixer des objectifs et des stratégies de développement, définir des postes, répartir les responsabilités…), il s’est vite rendu compte que les obligations du comptoir « embolisent ». « Avec le rush incessant des clients, c’est très difficile d’organiser une réunion avec le personnel. Mais le plus compliqué est de pouvoir mobiliser tout le monde ensemble. Or, tous les collaborateurs n’ont pas le même cursus et reçu les mêmes informations sur la vie de l’entreprise. Il faut d’abord comprendre le vécu de chacun avant de l’impliquer dans le projet de l’officine et lui déléguer la gestion d’une marque ou d’un rayon. »

Pour Michel Jeanjean, douze mois d’activité auront été nécessaires à la maîtrise de toutes les facettes du métier officinal, pour combler ses lacunes et se sentir bien dans son officine, aujourd’hui réorganisée, rénovée et automatisée. Et pour apprécier son nouveau métier. « Quand je commets des erreurs, je n’ai de comptes à rendre qu’à moi-même », conclut-il

Les conseils de Michel Jeanjean

– Se faire accompagner par des spécialistes dans ses recherches (dans son cas par l’agence Garinot pour la prospection et le cabinet Sapec pour la préparation du business plan).

– Faire plusieurs mois d’assistanat pour se remettre dans le bain.

– Avoir un réseau amical de confrères installés pour les conseils !

– Adapter ses méthodes managériales pour impliquer le personnel en douceur dans son projet.