Attractivité de l’officine : une bonne idée, l’accès direct aux études de pharmacie ?

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Attractivité de l’officine : une bonne idée, l’accès direct aux études de pharmacie ?

Publié le 7 mars 2023
Par Magali Clausener
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La proposition d’un accès direct en première année de pharmacie via Parcoursup, émise par la Conférence des doyens en début d’année pour relancer l’attractivité de la filière, est loin d’emporter l’adhésion des étudiants.

« Sortir la filière pharmacie du parcours MMOPK (Maïeutique, Médecine, Odontologie, Pharmacie, Kinésithérapie) et inclure une sélection préalable sur la plateforme Parcoursup est dangereux et risqué pour la filière », estime l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) dans un communiqué diffusé le 7 mars.

« Dans un monde où l’attractivité envers la pharmacie doit être exacerbée, il paraît impensable de sélectionner précocement des étudiants dès le lycée, qui plus est via une sélection directe sur Parcoursup. Ce type de sélection ne serait que délétère pour les études mais aussi le système pharmaceutique dans sa globalité », contestent les étudiants. Et de mettre en avant l’interprofessionnalité qui serait impactée avec une telle réforme « excluant le pharmacien du travail collaboratif entre tous les professionnels de santé ». De plus, cela « ne réglerait en rien la problématique de hiérarchisation des filières de santé », à savoir la préférence des étudiants pour la filière médecine au détriment de celle de pharmacie.

Appliquer de façon rigoureuse la réforme

Alors quelle solution pour faire face au nombre croissant de places vacantes en 2e année de pharmacie ? Pour l’Anpef, il est impératif que les universités appliquent de « manière rigoureuse et efficace la réforme d’entrée dans les études de santé », mise en place depuis trois ans, et de promouvoir notamment les licences Accès Santé (LAS) « souvent oubliées et dénigrées de la part des étudiants ». L’association veut également multiplier les communications en collaboration avec la plateforme Parcoursup et les instances pharmaceutiques « afin de promouvoir au mieux et à la plus grande échelle le métier de pharmacien ainsi que l’ensemble de ses débouchés ».

Manque flagrant de connaissances sur le métier

Cette position de l’Anepf s’appuie aussi sur une enquête sur l’orientation des étudiants en pharmacie, réalisée du 12 au 21 février 2023 et qui a recueilli 2 708 réponses d’étudiants issus des 24 facultés de pharmacie. Il s’avère que 86,1 % des étudiants n’ont eu au lycée aucune information sur la diversité des métiers pharmaceutiques et 67,7 % aucune information sur les études de pharmacie. Parmi les étudiants ayant opté pour la filière pharmacie en premier vœu (soit 36,7 %), leur choix est principalement motivé par leur intérêt (35 %), les débouchés offerts (22,7 %) et un projet professionnel précis (17,8 %). A l’inverse, 57,6 % des étudiants ayant choisi la pharmacie par défaut ne connaissaient pas la filière.

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L’enquête de l’Anepf révèle aussi qu’une majorité d’étudiants (55,3 %) n’aurait pas choisi cette filière si la sélection s’effectuait dès le lycée. Pour 74,8 % d’entre eux, une sélection sur Parcoursup avec suppression du concours pour entrer en pharmacie ne serait pas efficace. Le manque d’attractivité (85,4 %), la découverte des métiers pendant la première année universitaire (55,1 %) et l’absence de projet professionnel abouti (42,6 %) sont les trois principales raisons de ce refus d’une sélection directe via Parcoursup.