Vie la santé, villa empathique
A Poitiers, le CHU s’est doté d’une maison pour accompagner les patients en dehors de ses murs. On y reçoit pour écouter, éduquer, accompagner, sans blouse blanche… Baptisée « vie la santé », elle a été pensée avec bienveillance pour les personnes et la planète. avec un fil conducteur : la « Salutogenèse ».
Le CHU de Poitiers, dans la Vienne, s’est construit une curieuse annexe. Il s’agit d’une maison de 11 pièces sur 700 m2… Nommée « Vie la santé », elle a vocation à accompagner les patients dans leur gestion du quotidien, de la toilette à l’alimentation, en passant par l’activité physique. Le lieu s’appuie sur le principe de la « salutogenèse ». « Au contraire de la pathogenèse où les professionnels de santé exposent les risques, interdisent ceci et cela, la salutogenèse cherche à rendre légitimes les ressources des patients et de leur entourage pour aller ensemble vers des solutions de santé », résume Pr Virginie Migeot, chef de service santé publique du CHU de Poitiers, à l’origine de cette maison inédite. « Chaque personne sait ce qui lui fait du bien : écouter de la musique, se promener en forêt, avoir son chat sur les genoux… Mais quand on est malade, on s’interdit d’utiliser ces leviers, on fait confiance aux professionnels. Or, on sait que deux personnes ayant la même maladie au même stade n’auront pas le même parcours ». D’où l’idée d’écouter les patients. Loin des codes habituels des institutions médicales, la « Vie la santé » s’inspire des Maggie’s Centres, des établissements d’accompagnements holistiques pour les patients atteints de cancer. Les patients deviennent acteurs de leur santé.
COMME à la maison.
« L’intérieur n’a rien à voir avec un hôpital, on y trouve du papier peint, des meubles comme chez soi… C’est aussi un endroit où l’on peut retrouver des gens ayant les mêmes handicaps que soi, ce qui en fait un lieu d’échanges », remarque Bertrand Montarou, du cabinet d’architecte AMA, qui a conçu ce chantier de 5 M€, en partie financé par l’Agence régionale de santé (ARS). Dès l’extérieur, tout est fait pour rassurer. Exit la clôture, pour implanter la maison dans la ville. On y vient directement depuis l’arrêt de bus, situé juste en face. De la porte d’entrée, un escalier dessert une mezzanine qui incite à monter les marches ! Ici, pas de signalétique. Par des jeux de transparence, on devine au loin la cuisine, ailleurs une salle de sport, un salon avec ses tapis… et même un boudoir aux fauteuils enveloppants, par exemple pour y rencontrer un psychologue. « Quant à la salle de bain, elle permet d’y faire des exercices et de repérer avec un ergothérapeute comment adapter l’habitat, recevoir des massages de socioesthétique, apprendre à palper son sein… C’est une pièce tout à fait classique sans domotique », précise Pr Virginie Migeot. C’est comme à la maison.
UN LIEU de rencontres et d’échanges.
La conception favorise le dialogue. La cuisine est dotée d’un îlot central de 4 m de long. On y mange, prépare des repas. Les participants à un atelier y cuisinent ensemble – une façon d’expérimenter, d’en parler –, les autres y prennent un café. Plus loin, à la bibliothèque les patients lisent ou discutent entre eux. Dans la salle d’activités, sont organisées des séances de gymnastique adaptée. La chambre d’adultes est prévue pour des ateliers sur le sommeil. La chambre d’enfant sert pour aborder les questions de maternité et plus originalement la santé environnementale… thème d’un laboratoire de recherches consacré aux perturbateurs endocriniens et dirigé par Pr Virginie Migeot. Autre pièce innovante, l’atelier. Il a vocation à faire découvrir, sur un bar à tablettes, les outils numériques (applis, logiciels…) pour être indépendant dans la gestion de son asthme, de son diabète… Il sert aussi de « living lab », un espace soutenu par la Région, où cogitent ensemble malades et entreprises pour inventer les solutions de demain.
CONFORTABLE et éco-responsable.
Ici, tout est bienveillant. Chaque pièce bénéficie d’une ambiance différente, par ses couleurs, ses meubles. Les chaises, fauteuils et autres canapés sont variés. Le but : offrir aux patients le choix de son assise selon son envie, son confort… Autre détail, le personnel (30 personnes dont des infirmières, une enseignante APA, une diététicienne, deux médecins…) ne porte pas de blouse blanche. Personne n’a de stéthoscope. Cela contribue à donner le sentiment au patient qu’il est l’invité de la maison. Quant à la qualité environnementale, elle a été choyée. Les meubles ont été sourcés spécialement pour s’assurer de l’absence de formaldéhydes, de composés organiques volatils (COV) et de la priorité donnée à des matériaux les plus naturels possibles, en circuits courts… Ils ont été fournis par La Tannerie, une entreprise française du Limousin. Pour en faire un lieu rassurant, le confort acoustique a aussi été travaillé. De plus, le bâtiment, un ancien espace administratif, a été rhabillé d’une seconde peau et sa toiture refaite en zinc améliore la performance énergétique. « Nous avons divisé sa consommation par deux », se félicite Bertrand Montarou. « Le bâtiment a aussi pour vocation d’interpeler tout le monde sur notre devenir, avec des matériaux sains, une bonne isolation… ». Comment bénéficier de ses services ? Aujourd’hui, les patients recourent à la « Vie la santé » s’ils sont touchés par une maladie chronique faisant l’objet d’un programme d’éducation thérapeutique. Envoyés par leur médecin, ils débutent le parcours par un bilan éducatif réalisé par une infirmière. Venir se renseigner reste libre, mais tous les ateliers sont organisés sur rendez- vous. Dans un second temps, la maison a vocation à s’ouvrir « aux aidants puis à toute la population », indique Pr Virginie Migeot. Elle imagine déjà un système d’abonnement à des séances pour arrêter de fumer, apprendre certains exercices… Comme l’officine, le CHU de Poitiers tente de plus en plus d’aborder la santé dans sa globalité.
POURQUOI ON EN PARLE ?
→ C’est un lieu d’éducation thérapeutique développé sur une approche salutogénétique, c’est-à-dire fondée sur le bien-être.
→ Cette annexe du CHU de Poitiers a évité tous les codes de la santé.
→ L’aménagement est 100 % centré sur le patient. Il dédramatise la maladie.
→ L’architecture et l’équipement respectent l’environnement.
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