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« Prendre en charge les patients de A à Z »

Publié le 2 octobre 2021
Par Favienne Colin
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Titulaire de la pharmacie Peyronnette à Saint-Alban, près de Toulouse, Delphine Dupin met progressivement tout en place pour accompagner les patients traités pour un cancer. Son objectif final : répondre au maximum de besoins.

Comme souvent, tout est parti du comptoir. « Les patients nous ont montré l’importance de travailler sur l’accompagnement du cancer car ils étaient perdus, livrés à eux-mêmes à la sortie de l’hôpital. Ils ne savaient pas à quoi ils avaient droit. J’ai vu des patientes utiliser des chaussettes de protection dix ans après leur opération », se souvient Delphine Dupin, cotitulaire de la pharmacie Peyronnette à Saint-Alban (Haute-Garonne), pour expliquer comment elle s’est lancée dans l’accompagnement de ces patients traités en oncologie.

Fort de ce constat, l’officine, dont le chiffre d’affaires réalisé en 2020 tutoie les 2,8 M€, a construit son offre petit à petit. D’abord avec les prothèses mammaires Thuasne, puis celles d’Amoena et les soutiens-gorge, culottes et maillots de bain de cette marque spécialiste du postopératoire. « Il nous faut une offre suffisante pour que la patiente puisse partir avec sa prothèse et la lingerie adaptée. Disposer de ces produits nous a permis de répondre à d’autres besoins que l’oncologie, comme les poitrines opérées, les sensibles… », explique Delphine Dupin. L’officine a aussi référencé la marque de cosmétiques « spécial cancer » Même, aux côtés des soins La Roche-Posay et du maquillage Avène. Fin 2019, la titulaire a réservé une salle de confidentialité à l’oncologie avec des fauteuils confortables, une déco cosy pour rompre avec l’univers médical du point de vente. Le sas juste devant est devenu un showroom où sont exposés les sous-vêtements, qu’on peut désormais apercevoir depuis l’entrée de la pharmacie.

En parallèle, l’équipe renforce ses compétences. La titulaire et une préparatrice ont suivi la formation qualifiante désormais obligatoire pour la pose de prothèses mammaires. Une autre devrait les imiter dès que des cours seront disponibles à Toulouse. « Notre assistante a aussi reçu une formation sur l’accompagnement du patient cancéreux. Notre but étant d’épauler celui-ci de A à Z. On connaît la pathologie, les médicaments, leurs contre-indications, leurs effets secondaires et on sait quels produits conseiller en fonction », ajoute celle qui ne réalise pourtant pas (encore ?) d’entretien pharmaceutique en oncologie. « A l’Oncopôle de Toulouse, les patientes sont particulièrement bien informées sur les traitements », estime la pharmacienne, qui préfère apporter du plus en intervenant dans une logique de complément de l’établissement renommé.

Une mission valorisante

« Ce n’est pas une grosse activité en termes de chiffre d’affaires. La prothèse est prise en charge. Souvent, les femmes achètent deux soutiens-gorge à petits prix [NdlR, à partir d’une trentaine d’euros], puis elles reviennent parfois ensuite pour se faire plaisir avec un modèle jusqu’à 60 €. Et pour Octobre rose, nous proposons toujours – 20 % sur toute la lingerie. Les femmes le savent », observe Delphine Dupin. « En fait, nous faisons du qualitatif. Intellectuellement, c’est très intéressant. Notre mission est valorisante. On vit des moments privilégiés avec les patientes, on rentre dans leur intimité. Quand je les vois sourire devant le miroir, c’est une petite victoire personnelle. C’est aussi l’occasion d’un rapport humain qui manque parfois au comptoir », ajoute-t-elle. Pour aller plus loin, la titulaire a aussi mis en place des ateliers (maquillage, soin, etc.) qu’une préparatrice a pu proposer quelque peu malgré la période contraignante liée au Covid-19. Elle a reçu des patientes en tête-à-tête, sur rendez-vous, pour les conseiller. Prochaine étape : les prothèses capillaires. Delphine Dupin a déjà démarré une formation spécifique. En distanciel. Et bientôt, quelques perruques seront présentées dans le showroom. Pour une offre « de A à Z » et pour « éviter que les patients aient à courir d’un endroit à l’autre pour leurs différents besoins », conclut-elle.

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BIO Delphine Dupin

2000 Diplôme de docteur en pharmacie à la faculté de Toulouse (Haute-Garonne)

2002-2010 Adjointe sur l’île de La Réunion

2012 Titulaire de la pharmacie Peyronnette à Saint-Alban (Haute-Garonne)