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La no uvelle vie des ancie nnes pharmacies

Publié le 30 août 2008
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Vos clients sont sûrement nombreux à vous confier leur attirance pour l’atmosphère qui règne dans les pharmacies. A ces « officinomanes », voici quelques adresses que vous pourrez conseiller. Elles ont toutes été rénovées par leurs nouveaux propriétaires en café, restaurant ou boutique de vêtements. Avec toujours le même souci : conserver leur inimitable cachet !

Du vert au verre

Cette ancienne pharmacie, la plus grande d’Europe à la fin du XIXe siècle, est l’un des plus beaux hôtels particuliers de Moscou*. La façade de cet immeuble de quatre étages est à la fois néo-Baroque et néo-Renaissance. L’intérieur est digne d’un palace, avec notamment son grand escalier central en faux marbre et fer forgé. La longue pièce où l’on délivrait les ordonnances est de style allemand ancien, avec ses hautes vitrines et ses comptoirs de bois teinté. Depuis janvier 2008, Baccarat y a ouvert sa seconde maison moscovite. Le designer Philippe Stark a réinventé le lieu pour en faire la nouvelle adresse du Palais de Cristal. Vous pourrez, entre autres, y admirer le « service du tsar », créé spécialement pour Nicolas II et toujours au catalogue. La coutume de jeter son verre par-dessus son épaule une fois vidé, héritée des tsars – personne ne devant boire après eux -, devrait continuer à assurer de beaux débouchés à Baccarat…

* Le Palais de Cristal est situé au 19-21, rue Nikolskaya.

Du comptoir au zinc

En visitant Helsinki, vous tomberez immanquablement sur la place du Sénat et ses monuments néoclassiques aux jolis tons pastel. Profitez-en pour faire une petite pause-café chez Engel*. Cette ancienne pharmacie abrite depuis longtemps déjà le « Flore » finlandais. Ce café porte le nom de celui qui aménagea le centre-ville à la demande du tsar Alexandre 1er au début du XIXe siècle. Carl Ludwig Engel a aussi été l’architecte de Saint-Pétersbourg. En dégustant votre café, votre lait fermenté (une spécialité du pays, proche de notre lait Ribot) ou votre bière, vous pourrez continuer à admirer la cathédrale luthérienne, toute de blanc vêtue et parée de dômes vert amande piquetés d’étoiles dorées.

* Engel est situé au 26 Aleksanterinkatu.

De la compresse au compressé !

Les oméga-3, c’est excellent pour la santé ! Alors, si vous passez par La Ciotat, n’hésitez faire une halte à La Sardine de Marseille*. Son chef vous proposera en effet des recettes originales mettant en scène ce petit poisson gras aux vertus protectrices bien connues. Compressé, pot-au-feu, tajine, tarte Tatin…, vous n’aurez que l’embarras du choix. Et puis, c’est tout de même meilleur qu’une capsule de complément alimentaire !

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Vous choisirez certainement de déguster votre plat sur la terrasse, avec vue sur le port, mais n’oubliez pas de jeter un coup d’oeil à l’intérieur. Vous découvrirez dans la salle à manger, aux tons framboise et pistache, un meuble d’apothicaire restauré et ses nombreux tiroirs ainsi qu’un magnifique plafond peint avec sa fresque d’origine datée de 1858.

* La Sardine de Marseille est située au 18, rue des Combattants.

De la blouse blanche au sportswear chic

Non, cette façade noire surmontée de croix ornées d’un trèfle n’est pas la dernière enseigne tendance de la profession mais la boutique parisienne du Christophe Lemaire. Cette ancienne officine du Marais* accueille depuis janvier 2007 les collections du styliste, également directeur artistique de Lacoste. A l’intérieur, moquette épaisse, papiers peints vintage, boudoir bambou ou studio de musique évoquent plus un appartement qu’une boutique. Le rituel passage à la caisse ne se fait plus debout devant un comptoir mais dans un bon gros canapé Chesterfield.

Fortement influencé par le sportswear et la musique, cet « héritier autoproclamé des années pop », comme il se définit lui-même, puise son inspiration dans la rue. Il vient de collaborer avec le groupe Suicide pour créer une mini-collection « électronostalgique ».

* La boutique est située au 28, rue de Poitou à Paris.

De la pharmacie à la Barmacie

Adolescent, Alexandre aidait sa grand-mère Mariette Baldwin, pharmacienne à Montréal, à compter les pilules, faire la caisse ou passer la « vadrouille » (serpillière !). L’officine est devenue aujourd’hui une Barmacie*. Dans ce lounge, les amateurs de cocktails peuvent notamment déguster le « Pharmacien », un mélange de porto blanc, de jus de lime frais et de soda tonique. L’art du cocktail serait-il lié à celui de la pharmacie ? C’est en tout cas l’avis des fondateurs d’Apothecary, un autre bar lounge situé à Philadelphie**. « Le gin, par exemple, a été créé par un chimiste afin d’améliorer les qualités médicales du genièvre, nous explique Rina Saleh. Et les premiers bitters commercialisés furent créés par Peychaud, un pharmacien de la Nouvelle-Orléans. Ce que nous avons fait, en particulier avec notre « Elixir menu », c’est une interprétation moderne des vins médicamenteux que les apothicaires préparaient il y a fort longtemps. » Le lieu est au diapason avec une reprise des codes de la pharmacie, couleurs vert et blanc, enseigne, mais en plus design. Avant d’y déguster un « Magical pain extractor » ou un « Immunity idol », vous aurez certainement visité la Fondation Barnes, son arboretum et sa fabuleuse collection de tableaux (des Renoir, Cézanne, Matisse, Picasso, Soutine, Manet…). Albert Barnes avait fait fortune grâce à un produit pharmaceutique mondialement connu : l’argyrol.

* 115, avenue Laurier Ouest, Montréal.

** 102 South 13th Street, Philadelphie.

De l’huile de ricin à l’huile d’olive

Au début du XIXe siècle, en Italie, il fallait une licence du gouvernement, dite « Vini e Olii », pour pouvoir vendre du vin et de l’huile, comme pour le tabac ou la pharmacie. Quand ils rachetèrent pour la transformer en restaurant cette pharmacie de Brooklyn, le Clinton Hill Drugstore*, datant de 1880, Catherine de Zagon Louy et François Louy prirent bien soin de conserver et restaurer le magnifique mobilier. Leur but : ressembler à ces boutiques d’antan qui vendaient de l’huile et du vin. « Nous voulions recréer ce charme de l’Ancien Monde, que l’on retrouve d’ailleurs dans notre cuisine », explique Catherine. Les anciens présentoirs de médicaments mettent aujourd’hui en valeur d’appétissants produits italiens bio et faits maison. Le comptoir, lui, est devenu un bar.

* Le Clinton Hill Drugstore est situé 129 Gates Avenue à New York.

De l’art pharmaceutique à l’Art Nouveau

La première pharmacie d’Ålesund, en Norvège, date de 1819. A l’époque, on pouvait y acheter, outre des médicaments, du chocolat, de la peinture, des allumettes, des alcools… L’incendie qui dévasta cet important port norvégien, en 1904, vit la Svaneapoteket* (la « Pharmacie du Cygne ») partir en fumée. La ville fut alors reconstruite en pierre dans le style Art Nouveau, ce qui en fait aujourd’hui en but de visite fort intéressant, d’autant qu’elle est située non loin de la Route des Trolls et du fjord de Geiranger. La Pharmacie du Cygne, véritable fleuron architectural, est devenue un musée consacré à l’Art Nouveau. Son mobilier en bois, dont l’ancien comptoir de la pharmacie, est une pure merveille.

* Le musée de l’Art Nouveau est situé au 16 Apotekergt.

Du brame à Brahms

C’était, disait-on, la plus vieille pharmacie de France voire d’Europe encore en activité. La première mention d’une officine à cet endroit date en effet de 1268 ! Goethe y étudia la chimie. Emmanuel Merck vint y parfaire sa formation avant de fonder le laboratoire qui porte son nom. Mais la Pharmacie du Cerf* a fait place depuis quelques années à la « boutique culture » de la Ville de Strasbourg, une billetterie pour les événements culturels. De style Renaissance, elle possède encore de très belles arcades sculptées de branchages et de reptiles. Au coin, une colonne de grès a longtemps servi d’appareil d’automesure : les notables strasbourgeois passaient entre la colonne et la pharmacie pour contrôler leur… embonpoint !

* L’ancienne Pharmacie du Cerf est située au 10, place de la Cathédrale.

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