Chères orchidées
De ses nombreux voyages, Catherine Dupuy, pharmacienne adjointe, a appris la tolérance et l’amour des orchidées. Portrait.
Totalement zen ! Tous les matins, en un rituel immuable, c’est au milieu de ses orchidées que Catherine Dupuy vient puiser sa sérénité. À peine levée, en peignoir, tasse de café à la main, cette passionnée de botanique est déjà à pied d’oeuvre pour prodiguer des soins… ou pour « tourner autour de ses fleurs », comme s’en amuse son mari. Car les orchidées ont pris une place particulière dans la vie de cette pharmacienne adjointe, collectionneuse depuis près de vingt ans. « Je passe beaucoup de temps à m’en occuper, à discuter avec d’autres collectionneurs et à visiter des expositions de spécialistes, confie Catherine. Si je ne suis pas d’un tempérament anxieux, c’est sans doute parce que j’ai mes orchidées… »
« Rêves impossibles. » Si elle ne les compte plus, Catherine estime sa collection à plus de cent vingt spécimens. Des variétés botaniques n’existant qu’à l’état naturel, introuvables en jardinerie. Orchidées de serre froide, tempérée ou chaude, d’Amérique du Sud ou Centrale et d’Asie du Sud-Est. La collectionneuse possède même un Epidendrum ilense, lequel n’existe plus dans la nature. « La culture in vitro est une sacrée avancée scientifique qui a permis de multiplier des espèces en danger, notamment celles qui disparaissent lorsque les forêts partent en fumée », constate-t-elle. Récemment, après un an de démarches, elle a reçu une commande passée en Indonésie auprès de « coreligionnaires ». Catherine a un regret : le climat de Montpellier, où elle vit maintenant depuis dix ans, ne lui permet pas de posséder certaines espèces d’orchidées des régions froides. « Nous avons tous des rêves impossibles, l’envie de posséder ce que l’on ne peut pas avoir », est-elle persuadée. Pour Catherine, ce serait l’Euchile citrina, une orchidée qui pousse dans la brume des sommets mexicains. Mais de là à déménager…
Naissance d’une passion. Déménager, elle en a pourtant eu l’habitude de 1980 à 1996 pour suivre son mari, spécialiste des forêts tropicales au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. Brésil, Cameroun, puis la Côte d’Ivoire où elle a travaillé pendant douze ans dans une pharmacie… dont le bureau du titulaire abritait un marché parallèle de gambas ! Catherine a adoré cette officine qui offrait des consultations sur place et des soins parfois surprenants. De ce séjour vient son irrépressible passion pour les orchidées. Une rencontre avec une retraitée de l’Éducation nationale, complètement mordue. « J’aimais la botanique, pas particulièrement les orchidées… » Cette vieille dame, devenue une amie, avait une collection extraordinaire que Catherine a pris l’habitude d’admirer quasiment tous les jours. « Elle a commencé à m’offrir des orchidées. Leur diversité morphologique m’a séduite. Il y a plus de 30 000 espèces répertoriées, avec une variété extraordinaire de fleurs et de tailles : des minuscules de 3 mm comme l’orchidée Chamaengis hariottiana, d’autres, plus imposantes, de 10 cm comme Angreacum sesquipedale, Dendrobium crumenatum qui ne fleurit qu’un seul jour, ou le très bel Echino labium dont l’odeur est une horreur. » Une petite collection personnelle démarre, jusqu’à ce que sonne l’heure, en 1996, du retour en France, à Montpellier. Catherine ramène une seule orchidée, une Encyclia fragrans blanche offerte par son amie.
Le détail de la perfection. Depuis, sa vie tourne autour des orchidées. La pharmacienne conçoit une véranda attenante à sa maison pour y installer ses protégées. Elle ne voulait pas d’une serre où elle n’aurait fait que passer. Les aménagements ont été pensés au détail près pour recréer un climat proche du biotope dans lequel vivent les orchidées : 85 % d’humidité, un minibassin autour duquel sont réparties des dizaines d’espèces, un système de ventilation, des billes d’argile remplies d’eau pour augmenter l’humidité et même un présentoir Fluocaril récupéré dans sa pharmacie pour suspendre quelques spécimens… Une table est installée dans un coin. « Nous venons manger là l’été. Le reste du temps, cela me permet de vivre avec mes fleurs. » Catherine ne fait pas que les regarder. Elle les peint aussi, avec une perfection digne des grands naturalistes. Elle qui admire Bruegel l’Ancien et les peintres flamands, abrite dans une boîte en bois africain une cinquantaine de planches d’une extrême finesse, des aquarelles parfois soulignées d’encre. Catherine a pris aussi des cours à Abidjan avec un Vietnamien. « Je fais souvent des choses qui prennent du temps, c’est ma nature », explique-t-elle. Ce serait plutôt un don que ce petit bout de femme atypique exprime aussi sur porcelaine. Encore des orchidées.
Une culture de la tolérance. Catherine Dupuy trouve toutefois le temps de cuisiner pour ses filles et son mari qu’elle dit, lui aussi, très atypique, et qui attendent leur part de soins. Si l’aînée, étudiante en histoire, semble goûter à la passion de sa mère pour les orchidées, aucune des deux filles ne s’intéresse à la pharmacie. Catherine, adjointe à mi-temps, aurait aimé leur transmettre le plaisir qu’elle éprouve à délivrer les ordonnances avec ce « plus » inculqué par les voyages. « Vivre ailleurs m’a appris la tolérance pour ceux qui n’ont pas la même culture. » Sa passion pour les orchidées a forgé son opiniâtreté, un goût assumé pour la diversité, et une infinie patience. •
Portrait chinois• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Qu’est-ce que je pourrais être si ce n’est une orchidée ! Je serais une Encyclia citrina, difficile à cultiver. Elle pousse en altitude. Presque inaccessible…
• Si vous étiez une forme galénique ? Un sirop, pour son côté ludique. C’est la gourmandise de la pharmacie. Je trouve les médicaments tristes. Le sirop est un médicament qui « fait plaisir ».
• Si vous étiez un médicament ? Un anxiolytique. J’aime rassurer les gens et voir le côté positif de la vie. Un anxiolytique aide parfois à se débarrasser de ses soucis.
• Si vous étiez un matériel ou dispositif médical ? Une pompe à morphine car j’aime bien soulager les gens, même ceux que je ne connais pas. Je ne suis pas quelqu’un de méfiant.
• Si vous étiez un vaccin ? Contre la bêtise, notamment les idées préconçues, l’obstination dans le mauvais sens du terme, le manque d’ouverture…
• Si vous étiez une partie du corps ? Le cerveau, pour comprendre et penser. Je suis une contemplative, je ne m’ennuie jamais et je suis assez curieuse de nature. J’essaie de réfléchir au sens de la vie…
Catherine Dupuy
Âge : 53 ans.
Formation : pharmacienne.
Lieu d’exercice : Pharmacie des Beaux-Arts, Montpellier (34).
Ce qui la motive : rendre service, les relations personnalisées avec la clientèle.
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