ANTICIPER LES FUTURS SERVICES
Conçue pour être évolutive, la Pharmacie Peyronnette de Saint-Alban, dans la Haute-Garonne, ajoute des services santé au fil du temps, dans une logique de complémentarité avec l’offre médicale alentour. Après l’orthopédie, elle se spécialise notamment en optique et dans les prothèses mammaires.
La Pharmacie Peyronnette de Saint-Alban, en banlieue nord de Toulouse, ose afficher ses services. La partie droite de la vitrine occulte les gondoles de l’intérieur, pour annoncer en quelques mots : “une cabine dédiée au suivi des poitrines sensibles ou opérées”, “la livraison et l’installation gratuites du matériel médical”, “un univers maman et bébé” … A gauche, l’espace optique, aux allures d’un magasin à part entière, est à l’inverse entièrement visible de l’extérieur. Si bien qu’en un coup d’œil, les passants comprennent les originalités de cette croix verte.
UN LIEU PENSE “PARCOURS”.
Installés-là depuis 2012, les titulaires Delphine Dupin et Sylvain Charles entendent développer de nouveaux services. Leur credo : anticiper les pratiques et l’évolution de l’entreprise. Quand, en 2015, ils envisagent d’agrandir leur officine sans changer de bâtiment, ils apprennent que des médecins urgentistes sont à la recherche d’un lieu où seraient réunis une officine, un laboratoire d’analyses médicales et un centre de radiologie. L’endroit où ils sont déjà coche toutes les cases, à condition de faire traverser le rond-point au laboratoire d’analyses médicales situé en face. Ce sera chose faite. Ainsi, est né “un accueil médico-traumatique”, une structure, plutôt rare, où des urgentistes reçoivent 365j/an jusqu’à 20h. L’officine est placée au cœur de cet éco-système de santé, qui comprend aussi des kinés, des dentistes, des infirmiers… « Nous avons imaginé un parcours patient le plus simple possible », explique Sylvain Charles. Dans une logique de synergie avec le centre d’urgence spécialisé en traumatologie, la Pharmacie Peyronnette se dote alors d’une véritable pièce dédiée à l’orthopédie. A l’inverse, elle ne propose pas à ce jour de tests antigéniques Covid-19, ses voisins répondant déjà à ce besoin.
L’OPTIQUE XXL.
En rentrant dans la surface de vente, l’ampleur de l’offre d’optique, située sur la gauche, surprend. Il s’agit là d’un véritable magasin d’optique, avec deux muraux de lunettes signalés “Enfants”, “Hommes” et “Femmes”, deux tables entourées de trois chaises chacune et même d’un comptoir. Avoir un lieu avec une offre comparable aux magasins d’optique est une question de « légitimité », selon les titulaires qui refusent de faire les choses à moitié. « Ici, je peux prendre le temps d’écouter et je vois beaucoup de monde », se félicite Jeanne, l’opticienne qui pilote les lieux, après avoir passé huit ans dans une enseigne d’optique en centre commercial. Résultat, l’activité est rentable. Elle aurait même encore du potentiel dans une officine où la fréquentation a grimpé de 45 % depuis 2016. Le flux a dépassé les 360 clients/jour au premier trimestre 2021 : un niveau colossal par rapport au trafic habituel d’un magasin d’optique.
UNE STRATÉGIE “ONCO”.
Juste derrière l’optique, des soutiens-gorge et culottes sont suspendus sur quatre rangées de cintres. En effet, depuis octobre 2019, la pharmacie Peyronnette prend aussi en charge les femmes aux “poitrines sensibles ou opérées”. Visible depuis l’entrée, la lingerie interpelle la patientèle. Cela génère des discussions au comptoir. C’est l’occasion d’expliquer que deux préparatrices et la titulaire sont formées à la délivrance de prothèses mammaires, et que l’assistante a suivi la formation sur l’accompagnement de la personne sous chimiothérapie à l’Oncopole de Toulouse. « Nous avons constaté une attente des patientes, qui se sentaient abandonnées à la sortie de l’hôpital et nous avons ressenti le besoin de les apaiser », souligne Delphine Dupin. Ainsi, l’espace dédié à ce suivi est situé dans un recoin calme, déconnecté de l’espace de vente. « On ne peut pas s’investir dans un tel accompagnement si on n’a pas un local adapté, la formation, les produits… », estime Sylvain Charles. Un an et demi après le démarrage de l’activité, et malgré le Covid-19, l’officine compte une vingtaine de patientes suivies. Le besoin est bien réel.
UNE PHARMACIE ÉVOLUTIVE.
Signe de la capacité d’anticipation de ce duo de pharmaciens, deux pièces fermées pour les futures missions avaient été prévues dès les travaux de 2015. Pour accueillir les femmes en quête de solution pour leur poitrine, Delphine Dupin a cherché des accessoires. La salle d’attente est désormais équipée d’un large fauteuil grenat et d’un petit meuble blanc couvert de documentations. Le mur est égayé de stickers en forme de branches de fleurs roses entourées d’oiseaux. L’ambiance confortable et calme rompt avec l’univers commercial de la surface de vente où sont alignées les gondoles basses. Devenue un sas et un lieu d’exposition des produits, cette salle d’attente donne sur une première pièce, encore plus intimiste, réservée à l’essayage des prothèses mammaires (Thuasne et Amoena). Elle est dotée d’une porte, de deux fauteuils rose bonbon aux larges accoudoirs enveloppants posés sur un tapis gris, d’un miroir, d’une étagère de produits à la marque de cosmétiques spécial cancer Même, et également d’un point d’eau et d’une connexion internet. A côté, l’autre pièce close, sert, pour l’instant, de lieu de stockage. Mais, l’officine est parée pour innover encore et ajouter une nouvelle particularité à son carrefour de services.
ÉQUIPE
2 titulaires, 1 adjoint,
5 préparatrices,
2 rayonnistes,
1 opticienne
DATE DE TRANSFERT
Janvier 2015
INVESTISSEMENT
770 k € (bâtiment),
132 k € (aménagement),
130 k € (robot)
SURFACE TOTALE (avant/après transfert)
200 m2/ 316 m2
SURFACE DE VENTE (avant/après transfert)
150 m2/ 200 m2 (sans les cabines et l’optique)
C.A 2020 HT 2,8 M € (+ 4,3 % vs 2019)
Répartition du C.A 2020 par taux de TVA
63 % de TVA à 2,1 %
17 % de TVA à 20 %
15,4 % de TVA à 5,5 %
4,6 % de TVA à 10 %
TAUX DE MARGE COMMERCIALE 2020 31,15 % (- 2,5 pts depuis le transfert)
PANIER MOYEN 35,29 €
FRÉQUENTATION 364 clients/jour (+ 2,4 %)
GROUPEMENT
Next
ENSEIGNE
Pharmacie Next
PRÉSENCE SUR INTERNET
JULIE SPRINGERFONDATRICE DE LMJ CONSEIL, SOCIÉTÉ DE CONSEIL OPÉRATIONNEL EN OFFICINE
LMJ Conseil est une société de conseils opérationnels en officine, qui travaille pour les sept pharmacies que compte le groupement Next.
En quoi consiste votre mission au sein du groupement Next, qui compte sept officines ?
J’accompagne le groupement sur la mise en place et la réalisation de la stratégie commerciale, sur l’élaboration du plan d’actions commerciales pour animer leurs officines, la communication, le discours santé à mettre en avant, mais aussi sur la production de supports (adhésifs, dépliants, bacs à vrac…) pour réaliser des économies d’échelle. Par ailleurs, je procède à un suivi personnalisé avec chaque adhérent, à raison d’une dizaine de visites par an.
Comment se déroule une visite type ?
L’officine reçoit un ordre du jour conçu sur la base des problématiques déjà abordées la fois précédente. Je commence par un entretien diagnostic avec les titulaires, afin d’échanger sur leurs besoins. Ensuite, je collecte les données pour confronter le ressenti et les chiffres. Une autre partie de la journée concerne le merchandising, le point de vente et l’échange avec l’équipe. Je réalise cette phase seule ou en binôme avec ma chef de projet, préparatrice en pharmacie, diplômée d’un CQP et d’une licence en dermatocosmétique. En fin de journée, je fais un débrief avec les titulaires ou la personne qu’ils ont choisie comme référent. Ce moment permet d’indiquer ce que j’ai observé et de proposer des pistes d’amélioration à mettre en place. Enfin, je procède à un travail d’analyse et de recherches et un rapport est ensuite transmis à l’officine.
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