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L’homme aux mille costumes

Publié le 1 juin 2008
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Chemise et pantalon bien coupés, Gaëtan Deutschler s’habille à la ville comme au comptoir. Élégant en toutes circonstances, ce préparateur de 26 ans est un « fashion victim ». Qui s’assume.

On ne le verra jamais avec une paire de baskets au pied. Quant au tee-shirt, une grand marque sinon rien. , raconte doucement Gaëtan Deutschler. Du haut de ses 26 ans, ce jeune préparateur à Nevers est passionné par la haute couture et son métier. Tout un programme.

Calme, luxe et beauté. Le ciselé des dentelles d’un John Galliano prolixe chez Dior le fascine. Les couleurs militaires arrogantes d’une femme animale chez Jean-Paul Gaultier le divise. Les draps tourbillonnants de l’indéfectible veste Chanel revisitée par un Karl Lagerfeld inspiré le bouleversent. En fin connaisseur, Gaëtan décortique les tendances de la mode au détour de reportages sur Arte, de sites internet des couturiers ou des résumés du magazine Il en dévore les pages lors de ses vacances dans la fière Espagne, sur les pentes de ski enneigées ou les plages de Biarritz avec son compagnon Éric, chef d’entreprises. Un train de vie agréable lui offre nouveaux paysages et placards débordants. , avoue le préparateur. Sa collection affiche une centaine de chemises, Pierre Cardin ou Hugo Boss, avec une préférence et une trentaine de pantalons, du Levis au . Pour les manteaux dont il affectionne les 7/8 avec ceinture, il remarque qu’il est dans . Si la sobriété guide ses choix de vêtements, c’est la fantaisie qui règne dans ses achats de bijoux, de chapeaux ou de ceintures. Il achète par coup de foudre. Peu importe alors le prix ou la marque. , fait remarquer Gaëtan qui assume son goût de l’élégance, puisé aux sources familiales. Son grand-père Jean était un homme distingué, Sa mère se parait d’une robe de soirée à la moindre fête familiale. Très tôt initié au maintien, Gaëtan est au départ de la Nièvre.

Sous le vernis. , se souvient Gaëtan, qui ajoute : . Un nez qu’il juge trop long, une minceur qu’il combat par de pantagruéliques rations, Gaëtan cache de vieux complexes derrière une apparence sans faille. , détaille le jeune homme qui explique : . Adolescent, ses complexes volent en éclats lorsqu’il découvre à la télévision le couturier Jean-Paul Gaultier. , avoue Gaëtan. Si les vêtements confèrent maintien ou protection, ils n’en sont pas moins le reflet d’une personnalité audacieuse, voire extravagante et touche-à-tout. Le jeune préparateur est attiré par la mode, mais aussi par la décoration, qu’il coure acheter un nouveau service pour un dîner ou éclaire l’allée de sa maison avec des centaines de bougies. Il a aussi découvert la gouache et s’essaie à l’abstrait depuis trois ans, pour son plaisir. La musique et le théâtre ne sont pas oubliés. La guerre des étoiles , précise Gaëtan qui évoque aussi un rôle du . Le théâtre, un autre moyen d’exorciser durant quelques années sa timidité et ses complexes.

Du podium au comptoir. Pour les amis de Gaëtan, la mode est sa « marque de fabrique ». Pour d’autres, elle est futilité, voire superficialité. C’est l’avis de sa famille. Longtemps esseulé au milieu de ses trois frères et de sa soeur où , le jeune homme a cherché une place. Lui le timide, qui se transforme en cygne rutilant sous les vêtements de marque, a douté de ses capacités. Lorsqu’il obtient son BP en 2004, sa famille lui assène un La pharmacie, il l’a découverte lors d’un stage au collège, où il abandonne ses envies de comptabilité pour le comptoir. Il fera les cinq années d’apprentissage d’abord à Saint-Honoré-les-Bains (58), puis à Pougues-les-eaux où les titulaires, , lui apprennent le métier. Aujourd’hui préparateur à la pharmacie des Loges à Nevers, Gaëtan apprend les arcanes des commandes et de la réception des représentants. Il a depuis coupé les ponts avec sa famille qui lui reproche d’être différent. Non en raison de ses choix amoureux, mais de sa façon d’être. Certes, un de ses grands plaisirs fut d’assister au défilé Jean-Paul Gaultier de la collection été 2006 auprès de Catherine Deneuve et à dix fauteuils de Madonna. Ou de visiter les ateliers de bijoux de la famille Gossens qui fabrique les bijoux pour les grands couturiers. À croire que la mode le poursuit car son titulaire qui a banni la blouse du comptoir est aussi féru de mode et possède même un magasin de prêt-à-porter à Nevers ! À l’aise dans son métier, le jeune homme en veut davantage. D’abord dans sa profession, où une éventuelle ouverture du capital de l’officine aux préparateurs le tenterait bien. Puis dans la mode, avec l’envie effrénée de découvrir les coulisses de la maison Jean-Paul Gaultier et de rencontrer le maître des lieux. Gaëtan a des rêves. De luxe… •

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Portrait chinois

• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Un rosier pour sa beauté et ses épines défensives. Je ne suis pas forcément d’un abord facile. J’ai besoin d’être en confiance pour me livrer.

• Si vous étiez une forme galénique ? Un lyoc pour sa modernité. C’est mon côté avant-gardiste.

• Si vous étiez un médicament ? Contre la stérilité. Je trouve atroce de ne pas pouvoir avoir d’enfant si on en a envie. J’aimerais en avoir…

• Si vous étiez un matériel ou un dispositif médical ? Une genouillère ou une ceinture. J’aime vraiment l’orthopédie qui permet de résoudre parfois simplement des problèmes compliqués.

• Si vous étiez un vaccin ? Contre le sida, la maladie de l’amour. Je suis très romantique.

• Si vous étiez une partie du corps ? Les yeux, parce qu’ils permettent « d’embobiner »… Et le sourire… Pour mordre.

Gaëtan Deutschler

Âge : 26 ans.

Formation : préparateur en pharmacie.

Lieu d’exercice : Pharmacie des loges (Nevers).

Ce qui le motive : «J’en veux toujours plus ! »