E.Leclerc abat ses cartes du prix et du maillage pour vendre des médicaments dans ses supermarchés

À l’heure où les budgets des Français sont pour le moins serrés, le groupe E.Leclerc publie un nouveau sondage – le second en quatre mois – questionnant le monopole de vente des médicaments détenu par les pharmacies.

Le prix et l’accessibilité

Ainsi, selon ce sondage commandé par l’enseigne à l’institut Ipsos, les Français seraient de plus en plus nombreux à renoncer à se soigner. 53 % d’entre eux pensent qu’il leur sera de plus en plus difficile d’acheter les médicaments dont ils ont besoin dans les cinq années à venir. De plus, 54 % auraient déjà renoncé à acheter des médicaments vendus sans ordonnance. Deux raisons principales sont invoquées : le prix et l’accessibilité.

– Selon le sondage, 41 % des personnes interrogées jugent le prix des médicaments trop élevé. Les jeunes de 18 à 34 ans auraient même, à plusieurs reprises, renoncé à l’achat pour cette raison.

– En outre, pour 20 % des sondés, les horaires d’ouverture des pharmacies sont inadaptés à leur rythme de vie (!). Par ailleurs, 15 % estiment que les pharmacies sont trop éloignées de leur domicile. D’ailleurs, un Français sur quatre déclare devoir parcourir une distance de plus en plus grande pour trouver une pharmacie. Cependant, les éléments fournis par le groupe E.Leclerc ne précisent pas par rapport à quelle période cette augmentation de distance est mesurée.

Des arguments fallacieux

Si les arguments liés au prix des médicaments sont toujours fédérateurs (et un brin démagogiques), ils se révèlent néanmoins fallacieux. Les multiples études de consommation menées ces dernières années ont démontré l’importance de la concurrence entre les pharmacies, qu’elles soient physiques ou en ligne. À ce jour, sur les produits de parapharmacie, E.Leclerc n’affiche pas de prix inférieurs à ceux des officines. Par exemple, le gel douche Bioderma Atoderm est vendu 8,99 € chez Boticinal, 8,22 € sur la plateforme parapharmacie-et-medicament.com, et 8,99 € sur le site E.Leclerc.

Se battre pour le maillage

Enfin, l’argument de la proximité laisse tout autant dubitatif. L’enseigne de supermarchés compte 660 magasins répartis sur le territoire, contre un peu plus de 19 000 officines. Bien qu’en difficulté, le maillage pharmaceutique français reste considéré comme l’un des plus vertueux d’Europe. La grande majorité des Français peuvent accéder à une pharmacie en moins de quinze minutes. Les nombreux efforts déployés aujourd’hui par le réseau pour assurer la vitalité économique des officines et éviter leur fermeture ne sont pas vains. Ils sont sans doute même les seuls garants de la préservation du monopole.