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Faut-il passer au paiement sans contact ?
Après la grande distribution, le paiement sans contact commence à s’inviter dans les commerces plus petits. Comment fonctionne cette nouvelle technologie ? Est-elle adaptée aux officines ? Faut-il d’ores et déjà s’équiper ? Eléments de réponse et prospective.
Faire régler les petits achats sans insérer la carte bancaire dans le terminal ? Depuis quelques mois, des expériences pilotes se développent pour introduire le paiement sans contact par carte bancaire ou par téléphone mobile dans les commerces. Après deux années de tests à Strasbourg et à Caen, la ville de Nice vient de donner le coup d’envoi de cette petite révolution dans le commerce de proximité en France. « Nous sommes entrés en phase de commercialisation, se félicite Charlotte Desbons, directrice du marketing et de la communication de Visa France. Plusieurs dizaines de milliers de porteurs de cartes et de téléphones ainsi qu’un millier de commerçants environ sont déjà équipés. Et l’objectif annoncé pour la fin de l’année de 100 000 clients et 3 000 commerçants est bien parti pour être tenu. » Pour rendre cette expérience possible, la ville de la Côte d’Azur a réussi à mobiliser tous les acteurs concernés. Onze banques (BNP Paribas, Banque Populaire, Caisse d’Epargne, Crédit Mutuel, Société Générale…), les deux réseaux internationaux Visa et MasterCard ainsi que les opérateurs télécoms Orange, Bouygues, SFR et NRJ Mobile ont répondu à l’appel. Il faut dire que le marché du paiement sans contact attire déjà bien des convoitises. « Il est au cœur de notre stratégie d’innovation, confirme Charlotte Desbons. Nous pensons, en effet, qu’il va progressivement remplacer les règlements par espèces, qui représentaient en 2007 plus de 90 % des transactions de moins de 20 €, soit un montant total de 27 milliards d’euros. »
1 Un procédé simple et rapide
Pour capter ce juteux marché des petits achats quotidiens, qui concerne donc au premier chef les officines, les banques et leurs partenaires ont conçu un dispositif qui se veut simple, rapide et sécurisé. Côté commerçant, les terminaux sans contact ressemblent à s’y méprendre à ceux qui sont déjà installés dans les magasins. Ils sont d’ailleurs capables de traiter tous les modes de paiement traditionnels. « La seule réelle différence, précise Jean-Paul Dalmas, responsable du bureau d’études de Wynid Technologies, une société spécialisée dans les solutions de paiement intégrées, c’est qu’ils sont équipés d’une antenne et d’un lecteur pour assurer le dialogue avec les applications de paiement installées dans les téléphones et les puces nichées dans les cartes des clients, le tout communiquant via les ondes radio NFC (Near Field Communication). » Lorsque le commerçant a spécifié, comme il le fait déjà, le montant de la transaction sur son terminal, l’acheteur n’a plus qu’à approcher son mobile ou sa carte du lecteur pour payer. Un bip retentit, la transaction est enregistrée. Plus besoin de fouiller dans son porte-monnaie, ni de se demander dans quel sens insérer la carte dans le terminal pour saisir son code confidentiel. « Pour les commerçants, la formule a aussi des avantages, assure Nicolas Houéry, directeur opérationnel de l’Association européenne payez mobile (AEPM), qui regroupe les principales banques françaises et les quatre opérateurs mobiles présents à Nice. Le paiement sans contact améliore le service client. Il fluidifie les files d’attente grâce à la réduction du temps de transaction. Il a les avantages de la transaction par CB : garantir les encaissements et de réduire les erreurs de caisse dues à la manipulation des espèces. »
2 Un système sécurisant
Comme dans toute solution de paiement, la sécurité se révèle une préoccupation essentielle. Plusieurs couches de protection ont été prévues pour gagner la confiance des commerçants et des clients. La confidentialité de la transaction est d’abord garantie par le même chiffrement dynamique des données que sur une carte bancaire traditionnelle. « Le téléphone et la carte doivent également être placés à moins de deux centimètres du lecteur, comme c’est déjà le cas pour les badges d’accès aux entreprises ou aux transports en commun », complète Jean-Paul Dalmas. Autre disposition phare qui devrait rassurer les clients : lorsque le montant dépasse 20 € pour Visa ou 25 € pour MasterCard, le porteur de la carte ou du téléphone mobile doit saisir son code confidentiel afin de s’authentifier. « Nous prenons actuellement toutes les dispositions pour que ce système soit au moins aussi sécurisé que celui des cartes bancaires, assure Nicolas Houéry. Il nous reste encore à établir des spécifications figées qui soient reconnues par les instances de normalisation et les réseaux internationaux Visa et MasterCard. Il faudra aussi que les applications de paiement hébergées sur les téléphones soient certifiées. Tout cela devrait être bouclé à l’automne 2011, date à laquelle le dispositif pourrait être déployé à plus grande échelle, notamment sur Paris et la région parisienne. »
3 Une inconnue, le prix
La sécurité n’est pas le seul point qui reste à valider. Le modèle économique demeure pour l’instant encore incertain. A Nice, la BNP Paribas prend ainsi en charge pendant un an le surcoût du terminal sans contact. Ensuite ? « Tout dépendra de ce que nous proposeront les industriels, avance prudemment Willy Dubost, responsable du département monétique de la banque. Nous verrons alors comment traduire cela sur le loyer mensuel du terminal. Mais les écarts ne devront pas être très importants si l’on souhaite que les commerçants s’équipent. » Même incertitude en ce qui concerne le prix des cartes et des téléphones mobiles. Idem pour l’option de paiement sans contact, qui doit être souscrite par l’usager auprès de son opérateur mobile et de sa banque. « Les banques et les opérateurs restent libres d’établir leurs propres conditions de vente, rappelle Nicolas Houéry, mais si l’on veut que le paiement sans contact se développe, celui-ci devra être soit gratuit, soit facturé à un prix symbolique inclus dans les packages. »
4 Un système encore embryonnaire
Tout le monde devra enfin s’accorder pour accélérer le déploiement de ces cartes et des téléphones nouvelle génération. Et aujourd’hui, cette bataille est loin d’être gagnée. « A Nice, un seul modèle de téléphone permettant cette transaction est commercialisé, le Player One, de Samsung, constate Nicolas Houéry. Mais à la fin de l’année, quatre ou cinq modèles devraient arriver sur le marché. Et on peut penser qu’en 2011 cette norme se généralisera sur la plupart des portables. Nokia vient d’ailleurs d’annoncer que fin 2010 tous ses mobiles seront équipés. » Pour que l’usage du paiement sans contact décolle, il faudra atteindre rapidement une masse critique, et, pour cela, tous les acteurs devront jouer le jeu en même temps : les banques, les opérateurs, les commerçants, et les clients. Un scénario qui rappelle étrangement les débuts de la carte bleue. Sauf que cette fois, tout devrait aller très vite puisque Visa table sur 12 millions de cartes sans contact déployées en Europe à la fin de l’année.
La grande distribution ouvre la voie
Certains poids lourds de la grande distribution ont d’ores et déjà franchi le pas. Carrefour a ainsi équipé, en moins d’un an, tous ses terminaux de caisse avec la technologie NFC afin de permettre aux détenteurs de sa carte Pass de régler leurs achats sans contact. « Toutes les grandes enseignes commerciales renouvellent depuis plusieurs mois leurs systèmes de paiement par des matériels compatibles NFC, assure Joël Marty, responsable stratégie et marketing de Wynid Technologies. On peut penser que les petits commerçants suivront le mouvement et profiteront du renouvellement de leur terminal pour basculer eux aussi vers le paiement sans contact. »
« Un volume encore faible de transactions »
« Il y a deux ans, notre banque, la Caisse d’Epargne, nous a proposé de tester le paiement par téléphone mobile. Elle nous a mis gratuitement à disposition un terminal sans contact et nous a délivré une formation d’une dizaine de minutes lors de l’installation. Sur le plan technique, tout semble bien fonctionner. Les résultats sont plus mitigés en termes d’usage puisque l’on n’enregistre qu’une transaction tous les deux ou trois mois. Mais ce faible volume n’est pas étonnant, car il y a très peu de porteurs équipés à Caen. Je reste toutefois persuadé que le téléphone deviendra rapidement un moyen de paiement très pratique, car on l’a toujours sur soi. En revanche, je suis moins sensible à l’argument du gain de temps, qui me paraît difficilement quantifiable. »
Jean-Pierre Toulleron, associé à la Pharmacie 2000, à Caen
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