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Cigarette électronique

Publié le 16 mars 2013
Par Denis Richard
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Le statut de ce dispositif électronique mimant l’usage d’une cigarette reste ambigu. Pourtant, les ventes explosent et des dizaines de boutiques spécialisées se sont ouvertes en 2012.

Qu’est-ce que c’est ?

• La cigarette électronique (e-cigarette) est un dispositif ressemblant à une cigarette classique et permettant de mimer l’acte de fumer.

• Une diode simule l’incandescence d’une cigarette, et une résistance chauffante vaporise, à chaque aspiration, une solution contenue dans une cartouche. Cette vapeur est inhalée par l’usager qui l’exhale ensuite : la différence de température entraîne sa condensation dans l’air plus frais, d’où une apparence de « fumée ». Cette pratique est parfois appelée « vapotage ».

• La cartouche renouvelable contient une solution aqueuse aromatisée (fruits, fraise Tagada, tabac, etc.) de propylène-glycol ou de glycérol, et, parfois, de la nicotine en quantité variable.

• Il existe, sur le même principe, d’autres ENDS (electronic nicotine delivery systems) : e-cigares, e-pipes.

Quels sont les avantages ?

• L’usage de l’e-cigarette maintient la gestuelle habituelle du fumeur et libère une fumée évoquant celle du tabac. Elle ne risque pas d’être à l’origine d’incendie.

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• L’e-cigarette ne contient et ne dégage ni monoxyde de carbone, ni ammoniaque, ni radioéléments ou goudrons cancérigènes toxiques pour le consommateur ou pour son entourage. Le risque d’« e-tabagisme passif » est tenu comme négligeable.

• Son usage n’est pas interdit dans les lieux publics.

• Elle est plus économique que le tabac : une cartouche correspond à 300 cigarettes et coûte environ 12 euros. Proposée sur de nombreux sites de vente en ligne, elle l’est également dans des magasins franchisés.

• L’innocuité alléguée du dispositif en fait un candidat potentiel à la substitution nicotinique. Des travaux suggèrent notamment qu’elle serait moins cardiotoxique qu’une cigarette véritable.

• Le rendement des e-cigarettes dotées d’une cartouche contenant de la nicotine est supérieur à celui d’une cigarette : 50 % est délivré à l’usager contre 10 % pour une cigarette.

Est-elle nuisible pour la santé ?

• Les solutions des cartouches des e-cigarettes contiennent une quantité de nicotine qui, même < 20 mg/ml, peut conduire à des effets indésirables sévères (action cholinergique : nausées, céphalées, abdominalgies, risque de décès par paralysie, collapsus cardiaque en l’absence de traitement), notamment chez le jeune enfant, que l’exposition avec le contenu de la cartouche soit cutanée ou orale.

• L’étiquetage doit mentionner les précautions d’emploi et mises en garde (réglementation européenne pour les substances dangereuses).

• S’il n’existe pas de données fiables sur l’innocuité des solvants (notamment du propylène-glycol) et des aromatisants inhalés, a contrario, aucun effet indésirable sévère lié à ces solvants n’a été rapporté.

• L’usage de l’e-cigarette avec nicotine peut induire une dépendance, y compris chez des sujets n’ayant pas fumé de cigarette traditionnelle. Des adolescents essaient ce dispositif sans avoir utilisé de tabac et peuvent devenir dépendants : l’e-cigarette pourrait ainsi devenir un produit d’initiation.

• L’usage autorisé dans les lieux interdits au tabac peut constituer une incitation à fumer.

• Ceci posé, l’e-cigarette est probablement, au vu des données actuelles, qui méritent d’être confirmées, moins dangereuse que la cigarette traditionnelle.

QUELLE PLACE POUR L’E-CIGARETTE ?

• L’e-cigarette et les recharges répondraient à la réglementation du médicament si :

– elles revendiquaient l’aide au sevrage tabagique ;

– la quantité de nicotine contenue dans la cartouche était ≥ 10 mg ;

– la concentration en nicotine de la solution était ≥ 20 mg/ml.

• Les cartouches commercialisées ne satisfont pas ces critères : l’e-cigarette répond simplement à l’obligation de sécurité (Code de la consommation).

• Des tabacologues appellent à créer une réglementation spécifique aux produits autres que le tabac délivrant de la nicotine, ou à encadrer la vente d’e-cigarettes par une inscription au Code de la santé publique et une autorisation officielle de vente en officine.

• Actuellement, l’e-cigarette ne peut être vendue en pharmacie : l’ANSM rappelle qu’elle ne dispose pas d’une AMM et ne figure pas sur la liste limitative des produits autorisés.

Sources : ANSM, dossier « Cigarette électronique » (mai 2011) ; Cahn Z., Siegel M., « Electronic cigerettes as a harm reduction strategy for tobacco control : a step forward or a repeat of past mistakes ? », J. Public Health Policy, 32 (1), pp. 16-31 (2011) ; Chen I.L., FDA, « Summary of adverse events on electronic cigarettes », Nicotine Tob. Res., 15 (2), pp. 615-616 (2013).