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Une nouvelle appli pour tracer les cas contacts

Publié le 31 octobre 2020
Par Magali Clausener
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Le 22 octobre, le gouvernement a présenté l’application TousAntiCovid. Alors que l’épidémie s’intensifie, l’objectif est de tracer les cas contacts et de casser les chaînes de transmission. Reste à savoir si cette nouvelle version de StopCovid rencontrera le succès escompté.

Le jour même où le Premier ministre, Jean Castex, annonçait l’extension du couvre-feu à 38 nouveaux départements et à la Polynésie, le ministère de la Santé et le secrétariat d’Etat chargé du numérique présentaient l’application de traçage TousAntiCovid, qui remplace StopCovid.

Une version 2 de StopCovid

En réalité, la nouvelle application TousAntiCovid, présentée le 22 octobre, est une deuxième version de StopCovid, lancée le 2 juin. Le principe est donc le même : prévenir les personnes, via l’application, qu’elles ont été exposées à un risque de contamination. Ce qui suppose de l’avoir téléchargée et de l’activer avec le Bluetooth dans les lieux et situations à risque : commerces, transports, restaurants, cantines, réunions professionnelles et privées avec des personnes hors de son foyer familial, salles et clubs de sport. Ce qui nécessite aussi de se déclarer sur l’application si l’on est contaminé. Alors, quels sont les changements qu’apporte TousAntiCovid ? Déjà, le design graphique a été modifié afin d’être plus convivial et d’améliorer l’ergonomie. Par exemple, une information claire est proposée lors de la première ouverture de TousAntiCovid. Pour activer l’application, il suffit d’appuyer sur une touche et d’autoriser le Bluetooth.

L’outil comporte, en outre, de nouvelles fonctionnalités. D’emblée, il affiche si vous avez été exposé à un risque détecté avec une mise à jour régulière. Il fournit aussi des chiffres clés actualisés chaque jour : nombre de nouveaux cas, taux d’incidence national, taux d’occupation des lits en réanimation par des patients Covid-19, taux de reproduction R effectif, taux de positivité. L’appli indique également combien de personnes ont téléchargé et activé TousAntiCovid, combien ont été notifiées grâce à elle, ainsi que le nombre d’utilisateurs qui se sont déclarés comme cas Covid-19. Seul bémol : les chiffres comprennent les données enregistrées depuis le 2 juin 2020. TousAntiCovid propose aussi un fil d’actualité consacré à différents sujets, tous liés à la pandémie : la stratégie de lutte, les publics à risque, les hospitalisations, le couvre-feu, etc.

La rubrique pour se déclarer comme cas Covid-19 est accessible depuis l’écran d’accueil. Il suffit de scanner le QR Code ou le code remis avec le résultat du test. Cette déclaration sert ensuite à prévenir, de façon anonyme, les cas contacts, qui ont été à moins de 1 mètre pendant au moins 15 minutes de la personne positive. La notification par l’appli permet alors à la personne concernée d’être prioritaire pour réaliser un test et avoir les résultats rapidement, au même titre qu’un cas contact identifié par un médecin ou l’Assurance maladie. C’est l’un des atouts de l’appli qui est d’ailleurs mis en avant par le gouvernement. De plus, pour faciliter la démarche de dépistage, TousAntiCovid renvoie sur le site Sante.fr qui présente les laboratoires de biologie et les centres de dépistage proches de son domicile ou de son lieu de travail.

Un geste barrière supplémentaire

Afin de convaincre les Français d’adopter l’application, le gouvernement table sur une nouvelle communication. Désormais, TousAntiCovid fait partie des gestes barrières au même titre que le lavage des mains, le port du masque ou l’aération des pièces. La rubrique « Je partage » permet aussi d’envoyer un message par SMS, e-mail, Facebook, etc., à ses contacts pour les inciter à télécharger l’application. L’objectif est effectivement d’avoir un maximum d’utilisateurs actifs. Dans le même temps, la Direction générale de la santé et le secrétariat d’Etat chargé du numérique citent une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui démontre que, « même avec une faible adoption », cet outil permet de lutter contre la transmission du Covid-19. En effet, avec le niveau actuel d’adoption, soit environ 4 % de la population, une personne Covid+ permet à 5 % de ses contacts de ne pas retransmettre le virus à leur tour. De fait, dans les chiffres indiqués par l’appli au 26 octobre, 18 599 utilisateurs se sont déclarés comme cas Covid-19 ; 1 200 cas contacts ont été identifiés, soit 6 % de leurs contacts. Toujours selon l’Inserm, un emploi de l’appli par 30 % de la population permettrait à 37 % des contacts des personnes positives de ne pas transmettre le Covid-19.

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Un échec en France

TousAntiCovid emportera-t-il l’adhésion des Français ? Au 26 octobre, un peu plus de 4,17 millions de téléchargements étaient comptabilisés, incluant ceux de StopCovid. Ce qui ne représente pas une forte hausse. Comme le remarque Claire-Estelle Gourinat, directrice de la communication de Selectra, une société qui a réalisé une étude sur les appli de tracing en Europe, « globalement, le téléchargement se fait au début du lancement ; les premiers jours sont très importants ». Avec un contre-exemple : « L’Italie a lancé Immuni le 15 juin, mais le Premier ministre a, début octobre, demandé aux médias de promouvoir l’application et 350 000 téléchargements ont été enregistrés sur le premier week-end d’octobre », relate Claire-Estelle Gourinat. Tout n’est donc pas joué. Mais une certitude : les applications lancées dans les autres pays européens ont eu plus de succès. « Au Royaume-Uni, 6 millions de personnes ont téléchargé l’application le jour de son lancement. L’appli anglaise fournit aussi plus de services : adresses de centres de dépistage, indication des lieux à risque… », explique la directrice de la communication de Selectra. En Irlande, malgré le partage (volontaire) de nombreuses données personnelles (âge, sexe, ville, numéro de téléphone), Covid Tracker a été adopté par 26 % de la population. Même en Suisse, plus de 1,6 million de personnes sur 8,57 millions ont téléchargé l’application. Et les résultats sont là : le nombre de personnes se déclarant positives augmente chaque jour, passant de 2 544 le 18 octobre à 4 294 le 24 octobre (sources : Office fédéral de l’informatique et de la télécommunication, statistiques publiées par la Radio télévision suisse). En Italie, début octobre, 5 329 personnes ont reçu une notification pour 338 cas Covid-19 déclarés. En France, la forte augmentation du nombre d’hospitalisations et de celui des patients Covid-19 en réanimation va-t-elle inciter la population à utiliser TousAntiCovid ? La réponse sur l’appli.