Téléconsultations en officine : parfum de scandale ?
« Les cabinets de téléconsultations : un scandale soutenu par l’Etat ». C’est le titre de l’édito du Dr Sylvaine Le Liboux, secrétaire générale Les Généralistes-CSMF, de la lettre hebdomadaire du syndicat. Pourquoi un scandale ? Parce que « les « consultations des cabines » ce sont, entre autres, des prescriptions d’antibiotiques larga manu, des arrêts de travail à gogo, des demandes quasi-systématiques de revoir un médecin en présentiel le lendemain, une négation du parcours de soins », dénonce le médecin. En clair, « de la médecine dégradée, au service du mercantilisme d’entreprises qui surfent sur les difficultés d’accès aux soins et abusent le peu de médecins qui se fourvoient dans cet exercice ».
La secrétaire générale du syndicat n’hésite pas non plus à fustiger le développement de la téléconsultation en officine, financé par l’Assurance maladie. L’installation de cabines de téléconsultation dans les pharmacies se ferait « au mépris de l’exercice coordonné, au mépris de la prise en charge efficiente du patient, au mépris des pharmaciens vertueux qui travaillent avec les professionnels de santé de leurs territoires quand un patient est en difficulté ». Pire encore : « La déontologie n’est pas respectée puisqu’il y a, à la fois compérage entre les médecins derrière l’écran et les pharmacies, et de la publicité à visée commerciale interdite dans nos professions ». Et surtout, « il y a carence de l’Etat qui devraient encadrer les pratiques commerciales de ces plateformes ».
Et de conclure : « Les Généralistes-CSMF ne cesseront pas de dénoncer ce commerce et ces pratiques abusives, rémunérés par nos cotisations sociales, dont les patients sont les premières victimes et dont l’Etat est complice ».
Si la téléconsultation est effectivement devenue un marché pour plusieurs sociétés, il faut néanmoins rappeler que bon nombre de pharmaciens la proposent pour rendre service aux patients notamment à partir de 18h et le samedi lorsque les cabinets médicaux sont fermés et que la permanence des soins ambulatoire ne fonctionne pas. Car il s’agit souvent de répondre à une urgence ne nécessitant pas pour autant de se rendre à l’hôpital comme une cystite, une angine ou une otite. Les Généralistes-CSMF évoquent l’exercice coordonné. Il est vrai que c’est important. Surtout pour les médecins qui ne sont que 15 % à être impliqués dans un véritable exercice coordonné.