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S’équiper d’un système de vidéosurveillance

Publié le 9 octobre 2010
Par Françoise Sigot
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Vols, agressions, litiges avec la clientèle ou le personnel… Pour se prémunir contre ce type de désagréments, difficile aujourd’hui de se passer de la vidéosurveillance, a fortiori dans les grandes surfaces de vente.

Le premier intérêt d’un système de vidéosurveillance est la dissuasion, assure Michel George, président de la commission vidéosurveillance au sein du GPMSE (Groupement professionnel des métiers de la sécurité électronique). Un conseil à méditer quand on sait, selon une enquête réalisée il y a trois ans par l’IFOP pour le compte de PCL et Checkpoint Systems, que la démarque inconnue serait la cause de quelque 18 000 euros de pertes sèches par an pour les officines (voir « Repère » ci-contre)… Cette différence entre le stock théorique et le stock réel désigne, dans 80 % des cas, le vol. A l’heure où la situation financière d’une majorité d’officines devient difficile, la vidéosurveillance apparaît donc comme un moyen efficace de lutter contre ce fléau que représente la démarque inconnue. Et ce d’autant plus qu’un décret (n° 97-46 du 15 janvier 1997) impose aux pharmacies installées dans des communes de plus de 25 000 habitants (ainsi que celles situées dans des zones urbanisées contiguës) la surveillance des lieux ouverts au public.

Choisir un matériel de vidéosurveillance certifié

Les professionnels des métiers de la sécurité électronique ont créé un référentiel de qualité (NF Service & APSAD), fruit d’une association de deux marques de certification, NF Service, développée par Afnor Certification, et APSAD, la marque du Centre national de prévention et de protection. Ces certifications garantissent, notamment, que le professionnel propose du matériel adapté à l’activité de ses clients. Une fois le système installé, il doit leur donner une déclaration de conformité et contrôler régulièrement l’équipement. Des systèmes de vidéosurveillance certifiés sont également un argument de poids pour négocier son contrat avec les compagnies d’assurances, lesquelles y sont souvent sensibles.

Si la vidéosurveillance rassure les assureurs, c’est aussi parce que la qualité des systèmes a considérablement évolué. « Les bugs que l’on a pu connaître avec les premiers systèmes de vidéosurveillance n’existent plus. Ils sont aujourd’hui de plus en plus sophistiqués tout en étant plus simples d’utilisation », fait valoir Michel George.

Des systèmes à installer soi-même

Outre la possibilité de voir les images en direct, il est possible d’enrichir la vidéosurveillance d’une télécommande servant d’alarme en cas d’agression ou de faire une visualisation décentralisée des images depuis la société de surveillance qui peut alerter immédiatement les forces de l’ordre en cas de problème et, surtout, donner une description précise du fautif.

Pour moins de 5 000 euros, une officine peut disposer d’un système comprenant plusieurs caméras, installées et entretenues par un professionnel. Pour répondre à une demande croissante d’autonomie de la part des commerçants et baisser les coûts, certaines sociétés développent même des solutions de vidéosurveillance à installer soi-même. « Nous avons constaté que beaucoup de commerçants hésitaient à s’équiper en raison du coût important et d’un leasing attaché à la plupart des offres, explique Frédéric Boutin, chef de produit vidéosurveillance chez Logitech. Nous avons donc mis sur le marché un kit de base à 329 euros TTC composé d’une caméra et d’un système de visualisation à installer soi-même, avec possibilité d’ajouter jusqu’à cinq caméras. »

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« Un coup d’arrêt au vol »

Lorsque, fin 2008, Nicolas Confaits (ci-contre) constate un écart de stock de près de 20 000 euros en fin d’exercice, il décide d’appeler la vidéosurveillance à la rescousse. « Il ne faisait guère de doute que le vol était à l’origine de cet écart », analyse le titulaire de la Pharmacie des Echassons, à Longpont-sur-Orge (Essonne), qui investit alors 4 500 euros pour s’équiper.

« La première semaine, j’ai dû intervenir cinq fois pour des vols », se souvient Nicolas Confaits. Mais, au fil du temps, la dissuasion a rempli son rôle et les vols se sont faits de plus en plus rares. Et lorsque certains clients s’y risquent tout de même, les images produisent des effets implacables. « Lorsque l’on prend les voleurs sur le fait et que nous leur prouvons leurs agissements par l’image, en général ils paient. Sinon, nous appelons les forces de l’ordre et cela se règle à l’amiable », raconte le titulaire, qui a renoué avec un stock parfaitement conforme à ce qu’il doit être et estime que son investissement est désormais rentabilisé. « Avec le nombre de voleurs que j’ai pu interpeller en deux ans, j’ai largement dépassé mon investissement initial », calcule Nicolas Confaits.

repères

La pharmacie est un lieu privilégié pour les voleurs. Et, selon l’étude menée par IFOP (pour Checkpoint et PCL), certains produits sont plus prisés que d’autres :

Soins du visage 73 %

Soins du corps 56 %

Hygiène 42 %

Puériculture 38 %

Diététique 25 %

« Les images ont permis de lever les malentendus »

« Cela faisait plusieurs années que je cherchais un système de vidéosurveillance qui me permette de visualiser les images sur le poste de travail du comptoir, confie Hervé Guillon, titulaire à Argenteuil (Val-d’Oise). C’est en mars 2009 que je me suis équipé. J’ai installé le système de vidéosurveillance moi-même. Nous avons trois caméras à l’intérieur et une à l’extérieur. Ce qui est très intéressant, c’est que nous pouvons basculer en un seul clic de notre système de gestion à la visualisation des images. C’est très pratique car, bien évidemment, les vols ont en général lieu lorsque la pharmacie est bondée de monde », explique Hervé Guillon.

Et si le pharmacien insiste sur le caractère dissuasif de son installation, il se félicite plus encore de son efficacité au quotidien. « Nous avons eu récemment deux soucis avec des clients et la vidéosurveillance nous a permis de lever très vite les malentendus. La première fois, il s’agissait d’une cliente qui accusait l’une de mes collaboratrices de ne pas lui avoir rendu son ordonnance. En regardant les images, nous avons vu clairement cette collaboratrice tendre l’ordonnance à la cliente qui la glissée dans son sac.

La seconde fois, nous avons été accusés de ne pas avoir donné une boîte de médicaments. Là encore, avec les images nous avons pu prouver que la pharmacienne avait bien mis deux boîtes de médicaments dans le sac », raconte le titulaire.