
Santé connectée : ce qui fait peur aux médecins
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A peine 5 % des médecins auraient déjà prescrit à leur patient une appli ou un objet connecté en lien avec leur santé.
Aussi, à l’occasion de la présentation du Livre blanc de l’Ordre des médecins sur la santé connectée, le mardi 3 février à Paris, Jacques Lucas, en charge des questions numériques à l’Ordre, appelle le monde médical à s’intéresser de près à ces nouveaux outils. « Même s’il est hétérogène et qu’il y a pour certains une résistance au changement », indique-t-il.
« Il faut sortir de la vision où les médecins se sentiraient menacés par ces objets, qui sont de plus en plus intégrés au parcours de soins », considère Alexis Normand, responsable des relations de santé de Withings, société française qui conçoit et produit applications et objets connectés.
La crainte des praticiens s’appuierait sur le devenir de ces données et le manque de fiabilité des appareils qui les génèrent. Une enquête a par exemple montré en 2014 que l’écart de mesures effectuées par trois marques de bracelets d’activité au cours d’une journée pouvait atteindre 25 %.
Ces outils font également perdre aux praticiens un peu de leur pouvoir médical et peuvent rapidement devenir envahissants au regard du médecin. Aussi, selon Jacques Lucas, les cardiologues, par exemple, s’intéressent de près aux objets connectés. « Mais à condition que l’utilisation par la personne soit bien définie et qu’il n’y ait pas de flux de résultats déversés à interpréter immédiatement.»
Dominique Dupagne, médecin connu pour son implication sur les sujets de santé numérique, estime que ce recueil d’informations est précieux mais que « les recevoir par mail est rejeté par les médecins qui n’ont ni le temps ni l’envie de prendre cette responsabilité ».
Selon Alexis Normand, aux Etats-Unis, la copie des données recueillies par les applis de santé concernant le poids ou la tension artérielle est transmise en continu au médecin. « Je demande aux patients de recueillir ces données, mais pas de manière connectée. Ce besoin n’existe pas aujourd’hui », estime le Dr Dupagne.
Autre raison qui pousserait les médecins à la réticence, la question de la confidentialité des données. Pas sûr qu’ils aient envie de les partager avec les autres professions de santé. Jacques Lucas considère qu’élargir le nombre de destinataires de ces données ne serait pas bénéfique au suivi du patient. « La donnée peut être altérée par le dispositif qui la collecte et par la subjectivité du médecin qui la recueille. C’est au moment de son interprétation qu’est posé un acte professionnel, médical ou non ».
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