Pénuries de médicaments : pharmaciens, apprenez à utiliser DP-ruptures !

© Getty Images

E-santé Réservé aux abonnés

Pénuries de médicaments : pharmaciens, apprenez à utiliser DP-ruptures !

Publié le 8 novembre 2023
Par Magali Clausener
Mettre en favori

Le dossier pharmaceutique (DP) était le sujet principal des Amphis de l’officine, organisés par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) le 7 novembre 2023. Alors que les pharmaciens sont confrontés quotidiennement aux ruptures de médicaments, une table-ronde a permis de faire le point sur le DP-ruptures. Et de constater que l’outil reste encore trop méconnu des pharmaciens.

Lancé en 2015, le DP-ruptures fait partie des services que propose le Dossier pharmaceutique. Lors de la table-ronde des Amphis de l’officine, consacrée à ce sujet, Pascale Gerbeau-Anglade, vice-présidente du Conseil central B (qui représente les pharmaciens des industries pharmaceutiques), Alain Delgutte, élu du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (Cnop), Stéphane Simon, président du Conseil central B, et Laurent Vanbergue, directeur général d’Isipharm (éditeur du logiciel Leo), ont fait le point sur le dispositif.

Des alertes automatiques

Ils ont notamment précisé le fonctionnement du DP-ruptures auquel sont connectées 98 % des pharmacies d’officine. En fait, le DP-ruptures permet de prévenir le laboratoire exploitant que le médicament qu’il commercialise est en rupture d’approvisionnement dans les pharmacies. Cette déclaration est créée automatiquement dès lors que l’officine ne peut s’approvisionner en un médicament donné après 72 heures auprès de 2 grossistes-répartiteurs. L’alerte est générée par le logiciel de gestion d’officine (LGO). Lorsque le laboratoire exploitant est prévenu (la quasi-totalité des laboratoires sont connectés au DP-ruptures), il peut envoyer un message d’information collectif. Par exemple, il peut expliquer la raison du problème d’approvisionnement, indiquer la date à laquelle le médicament sera de nouveau disponible. « 500 000 messages sont envoyés par mois », a d’ailleurs relevé Pascale Gerbeau-Anglade. Le DP-ruptures dispose aussi d’une fonctionnalité « Dépannage d’urgence » que le pharmacien peut activer pour obtenir le médicament qui lui manque. Dernier point : dès que le pharmacien est livré, il y a une « levée de rupture » sur le DP.

Un outil peu employé

Le DP-ruptures constitue un outil  d’autant plus pertinent que 4 000 produits de santé seraient en tension ou en rupture d’approvisionnement. Pour autant, il serait finalement peu employé par les pharmaciens. « Pour préparer ce débat, j’ai communiqué avec un certain nombre de pharmaciens avec des logiciels différents pour savoir ce qu’ils pensaient du DP-ruptures. Pour certains, c’était une découverte et ils n’étaient pas sûrs que cela figurait sur leur logiciel. C’est bien sur leur logiciel mais beaucoup de pharmaciens n’utilisent pas cette possibilité », a souligné Laurent Vanbergue. Et d’ajouter : « Lorsqu’il y a une vraie tension d’approvisionnement, c’est un très bel outil pour pouvoir répondre aux patients ».

Carine Wolf-Thal, présidente du Cnop, a toutefois précisé que la fonctionnalité « Dépannage d’urgence » était utilisée « de façon très anecdotique » et que « peu de laboratoires encore avaient mis en place cette possibilité ». Elle a également rappelé que « rupture d’approvisionnement ne signifiait pas rupture de stocks ».

Des évolutions mais dans quel cadre ?

Outre une communication sur le DP-ruptures pour que les pharmaciens s’emparent vraiment de l’outil, quelles évolutions seraient-elles envisageables ? « Il y a tellement de choses à faire pour apporter une aide aux pharmaciens et aux patients, mais pour aller plus loin, nous avons besoin de la feuille de route sur la lutte contre les pénuries du ministère de la Santé, a déclaré Carine Wolf-Thal. Nous n’allons pas nous lancer dans des travaux de développement si cela ne s’inscrit pas dans la feuille de route et si d’autres acteurs sont préférés par les autorités. Nous ne devons pas être en-dehors de nos missions. Pour tous nos autres services du DP, il y a une assise législative, mais aujourd’hui, il n’y en a pas pour aller plus loin que ce que nous avons fait. »

Publicité

Une réunion avec tous les acteurs de la chaîne du médicament doit d’ailleurs se tenir au ministère vendredi 10 novembre au sujet des ruptures de médicaments, mais Carine Wolf-Thal a émis des doutes sur le fait que la feuille de route serait enfin présentée (elle devait être finalisée en juin 2023). La réunion doit a priori porter sur les stocks et leurs détenteurs (industriels, grossistes-répartiteurs et pharmaciens). Philippe Besset, président de la FSPF, a d’ailleurs fait part de son mécontentement en déclarant qu’il serait temps d’agir pour résoudre les problèmes de pénuries plutôt que de passer du temps à chercher qui détenait les stocks. A suivre…