« Nous développons un nouvel outil pour renforcer le lien entre praticiens et pharmaciens »
Boostée par la pandémie du Covid-19, Doctolib est devenue une plateforme incontournable dans la prise de rendez-vous de vaccination et un géant de la téléconsultation. En 2022, la société ambitionne d’ouvrir un logiciel à tous les praticiens qui participent au parcours de soin des patients et de développer de nouveaux services, notamment vers les pharmaciens.
PM La crise sanitaire constitue-telle une vraie aubaine pour Doctolib ?
AT Personne ne peut considérer la crise sanitaire comme une aubaine… Il a fallu s’adapter et cela a requis une grande mobilisation. Les pharmacies se sont retrouvées en première ligne pour gérer les tests antigéniques et la vaccination. En moyenne, pendant la crise, elles ont comptabilisé 300 rendezvous par mois. Notre rôle a été de les accompagner en mettant à leur disposition des outils efficaces pour gérer la prise de rendez-vous.
PM Quels sont vos projets pour 2022 ?
AT Nous allons recruter 1 000 salariés dans le but d’améliorer la prise en charge des patients, grâce au gain de temps médical et au confort que nous apportons aux professionnels de santé. Notre ambition est aussi de mettre à disposition des pharmacies un outil pour renforcer le lien entre praticiens et pharmaciens (DoctoTeam). Puis, nous continuerons à faciliter la téléconsultation et la e-prescription (transmission des documents en un clic, ordonnances en ligne, etc.) pour le plus grand nombre.
PM En début d’année, vous avez lancé “Doctolib Médecin”. De quoi s’agit-il et quels sont les premiers retours ?
AT “Doctolib Médecin”, utilisé par plusieurs milliers de médecins, est un logiciel médical complet, créé avec les professionnels soignants. Il apporte plus de confort de travail en réduisant le temps administratif grâce à une gestion plus simple et intelligente des dossiers patients, des factures et des prescriptions. Nous allons bientôt l’ouvrir à d’autres spécialités très demandeuses, comme les kinés, les infirmiers, etc. et continuer à œuvrer pour créer du lien entre les pharmaciens et la médecine de ville, en cohérence avec les logiciels de pharmacie existants.
PM Comment a évolué votre service de téléconsultation ?
AT Au démarrage et jusqu’en février 2020, 100 000 consultations vidéos avaient été réalisées. Pendant le confinement, entre février et septembre 2020, le nombre de téléconsultations est monté à 4,5 millions. Aujourd’hui, nous comptabilisons 12 millions de téléconsultations depuis le lancement du service, avec une moyenne de 600 000 téléconsultations par mois.
PM Avez-vous vocation à numériser la santé ?
AT La santé est un bien commun qui ne se numérise pas. Mais le numérique, avec l’humain au centre, est un véritable levier pour améliorer le quotidien des professionnels de santé et l’accès à la santé. Doctolib utilise la technologie comme un moyen, au service de ses utilisateurs.
PM La France est-elle en retard sur la santé numérique ?
AT La crise sanitaire a eu un impact positif sur la digitalisation des outils de santé, notamment ceux dédiés aux pharmaciens : 60 % d’entre eux ont renforcé leur utilisation des outils numériques depuis le début de la crise. Ils ont aussi exprimé leur souhait de voir ces outils simplifiés (Dossier Pharmaceutique, DMP, messagerie sécurisée de santé…) et d’inscrire le numérique durablement dans le quotidien de leur profession.
PM La santé peut-elle être 100 % digitale ?
AT Bien sûr que non ! Les soignants sont au cœur de notre système. Ce que nous pouvons digitaliser, c’est l’organisation ! Les innovations et les outils digitaux doivent être au service des soignants, pour les accompagner, les aider à travailler dans de meilleures conditions, leur permettre de passer plus de temps à soigner. Et non pas l’inverse.
PM Faut-il craindre pour le respect de la vie privée des utilisateurs ?
AT Le respect de la vie privée des utilisateurs est fondamental, plus encore lorsqu’il s’agit de données de santé. Doctolib applique les plus hauts standards de sécurité. Nos utilisateurs ont un contrôle total de leurs données qui leur appartiennent et sont cryptées. Seuls les patients et leurs professionnels de santé peuvent y accéder. Doctolib n’est pas propriétaire des données de ses utilisateurs et ne peut pas les exploiter.
PM Peut-on imaginer, un jour, voir de la publicité sur Doctolib ?
AT Ce n’est pas notre business modèle. Il n’y aura jamais de pub sur doctolib.fr. En aucun cas, nous ne monétiserons les données de santé des patients. Notre unique rémunération porte sur les abonnements que payent les professionnels de santé, de façon annuelle ou mensuelle, pour bénéficier de nos services. C’est un modèle économique simple, durable et transparent.
PM Comment rester une entreprise privée et servir l’intérêt général ?
AT Durant la crise sanitaire, nous avons équipé les SAMU et les centres Covid, permis d’assurer la continuité des soins grâce à la téléconsultation, soutenu les cabinets, les hôpitaux, les pharmacies et les laboratoires dans le cadre de la campagne de vaccination. Aujourd’hui, 49,7 millions de Français sont totalement vaccinés, soit 86 % de la population vaccinable. Ce succès est dû au concours d’entreprises privées, au service de l’intérêt général !
DIRECTEUR GÉNÉRAL FRANCE DE DOCTOLIB
BIO EXPRESS
→ 2010
Diplômé de Paris Dauphine, Arthur Thirion a travaillé chez BNP Paribas, Natixis et EY.
→ 2014
Il rejoint l’équipe fondatrice de Doctolib, pour développer le service auprès des professionnels de santé en région parisienne, puis sur tout le territoire français.
→ 2019
Il devient directeur général France de Doctolib, poste qu’il occupe aujourd’hui.
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