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L’Herbarium du docteur Tassëel

Publié le 13 février 2010
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Les nouvelles règles entourant la préparation ont poussé Dominique Tassëel à créer Herbarium. En quelques clics, ce logiciel aide à dispenser un conseil associé complet en herboristerie, aromathérapie, phytothérapie, oligothérapie et homéopathie. Tout en approfondissant ses connaissances.

Chez Dominique Tassëel, la nature est… une seconde nature. Apiculteur amateur à ses heures, les plantes l’ont également toujours fasciné, tout comme leur pouvoir. « Je me suis longtemps considéré comme une antiquité vivante. Autrefois les formulaires étaient composés de produits naturels très efficaces et, même si leur présentation peut aujourd’hui sembler désuète, j’ai toujours un faible pour l’Elixir parégorique, le Contrecoup de l’Abbé Perdrigeon ou la Jouvence de l’Abbé Soury. » On ne s’étonnera donc pas que Dominique Tassëel fut durant de nombreuses années un as de la préparation.

Hélas, les nouvelles contraintes réglementaires de 2000 l’obligeront à cesser cette activité. Mais aussi à rebondir. « Il faut chercher à se diversifier, trouver des ressources, se battre dans une profession peu défendue. J’ai donc réfléchi à développer la phytothérapie à l’officine, mais mes connaissances universitaires étaient plutôt défraîchies, insuffisantes. Il a fallu que je me forme », explique le titulaire de la Pharmacie Jeanne d’Arc à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Pour y parvenir, Dominique Tassëel a dévoré quantité d’encyclopédies et d’ouvrages spécialisés en phytothérapie notamment. Quant aux formations, toutes celles qui lui étaient proposées n’offraient qu’une approche médicale. « L’approche du client qui vient à l’officine n’est pas la même. Chez le médecin, il attend un diagnostic. Chez le pharmacien, sa pathologie est déterminée, il vient pour un conseil. Et c’est ce qui manque : l’approche purement conseil », résume le pharmacien. C’est ainsi que Dominique Tassëel a réfléchi à concevoir un outil complet d’aide au conseil phytothérapique à l’officine.

« J’ai cherché l’efficacité plutôt que l’originalité »

L’application Access, qu’il a au départ bricolée pour lui et ses collaborateurs, avait pour objectif de développer un conseil efficace au-delà de la petite vingtaine de plantes classiquement proposée en pharmacie. Puis sa réflexion l’a entraîné beaucoup plus loin. « Je me suis rendu compte qu’il était possible de développer plein de choses. Du conseil, parce que c’est notre métier, mais aussi un outil de formation interne pour les pharmaciens voire pour les étudiants qui voudraient apprendre. »

Herbarium était née. Cette base de données répertorie des pathologies classiquement rencontrées à l’officine et 130 plantes avec lesquelles il est possible de développer un conseil. « J’ai cherché l’efficacité plutôt que l’originalité pour développer ce qui me tenait à coeur : une OTC naturelle », explique le pharmacien. Herbarium permet de développer, au comptoir, un conseil complet s’appuyant sur les plantes sèches proposées sous forme de tisanes, mais aussi sur une quinzaine de références en SIPF (suspension intégrale de plantes fraîches) et toute la collection des EPS (plantes fraîches standardisées). Il l’a également étendue à l’aromathérapie – une quarantaine de références -, à l’herboristerie, à l’oligothérapie – en choisissant les Granions pour leur biodisponibilité -, mais aussi à la cosmétique naturelle.

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Aujourd’hui, la petite application « maison » est devenue un logiciel très facile d’utilisation. En quelques clics, il permet de faire une recherche par pathologie et d’obtenir la liste des plantes qui peuvent être conseillées au client ou de lui proposer, le cas échéant, l’association de différents produits. Gérer son taux de cholestérol avec du curcuma et de la feuille d’olivier, soigner une crise hémorroïdaire avec de l’intrait de marron d’Inde et du mélilot, traiter une insomnie avec de la passiflore et de la valériane en ajoutant d’autres plantes s’il faut favoriser le sommeil ou plutôt l’endormissement, ou encore s’il s’agit de lutter contre les réveils nocturnes, soulager une infection urinaire… « Sans connaissance poussée, la personne qui dispense le conseil – pharmacien ou préparateur – apporte une réponse adaptée et rapide aux besoins des patients en étant guidée par le logiciel. Elle peut aussi, si elle le souhaite, approfondir son savoir en permanence en se formant », précise Dominique Tassëel. Herbarium donne aussi des informations sur les propriétés pharmacologiques et chimiques des plantes.

Herbarium, une sorte de « Wikipédia de la plante »

Comme la réalisation technique de la base de données n’était pas de son ressort, le pharmacien l’a confiée – avec le cahier des charges – à la société qui avait développé le logiciel Winpharma qu’il utilise pour la gestion de son officine, à l’instar de 1 500 autres confrères. Plutôt que de le garder pour lui, Dominique Tassëel voudrait qu’Herbarium serve à la profession. « Mon idée était de donner une base de travail, mais aussi de mettre en place une communauté des différents utilisateurs », explique-t-il. Le titulaire est d’ailleurs très ouvert à l’esprit Internet et au réseau d’échange qu’il permet de développer. Herbarium se veut donc une sorte de « Wikipédia de la plante ». « Le pharmacien, ou son équipe, peut à la fois développer ses connaissances en matière de plantes officinales et les compléter en échangeant avec d’autres pharmaciens utilisateurs », indique Dominique Tassëel.

« La nécessité de revenir à la nature est un tsunami »

Comme il faut répondre exactement à l’attente du client, le logiciel a été conçu de telle façon qu’il permet d’adapter les solutions en fonction de ses goûts, voire de ses réticences. « Il y a des patients qui ne veulent pas entendre parler de tisane mais plutôt de gélules. Il faut pouvoir le leur proposer », donne en exemple le pharmacien. De même que d’autres seront très réceptifs aux SIPF et aux EPS, très faciles d’utilisation. L’oligothérapie, déremboursée, relève encore plus du conseil pharmaceutique au même titre que les huiles essentielles. « Il y a une bonne activité par exemple sur le cuivre-or-argent et il y a dans ce domaine beaucoup d’autres produits utiles et efficaces. »

L’Herbarium de Dominique Tassëel offre toutes ces solutions. Le pharmacien a, sans le savoir, anticipé la vague du bio et du naturel qui déferle désormais sur les rayons des officines. « L’efficacité de ce conseil est un vrai bonheur, les plantes ouvrent un boulevard », assure-t-il. Plus fragiles que les humains, ses abeilles – véritables sentinelles de l’environnement -, qu’il a installées dans le bois de Vincennes, bénéficient des mêmes soins. « La nécessité de revenir à la nature n’est pas une vague : c’est un tsunami », conclut Dominique Tassëel.

Envie d’essayer ?

Les avantages

– Retrouver le coeur de métier en offrant du conseil.

– Valoriser l’acte de pharmacie.

– Répondre à une demande croissante, en exerçant son expertise sur un secteur qui permet de surfer sur la vague du bio, en plein essor.

– Rendre son métier plus intéressant.

– L’aspect financier n’est pas négligeable dans un secteur qui permet d’obtenir des marges intéressantes.

– L’activité permet de se démarquer d’autres officines, trop axées sur la course à la para et au discount.

– Elle a enfin un impact positif en termes d’image puisque l’officine devient spécialisée.

Les difficultés

– Bien que toujours payant, le conseil demande du temps.

– Pour développer ce secteur avec professionnalisme, mieux vaut être passionné, et il est indispensable de se former.

– L’activité n’a de chance de se développer et de devenir rentable que si la volonté est là. Il faut vraiment avoir envie de s’y investir.

Les conseils

– N’allez pas trop vite : mieux vaut viser un développement sur trois ans.

– Commencez par maîtriser une trentaine de plantes, par exemple.

– En fonction du profil de votre clientèle, développez un ou deux secteurs, les tisanes, par exemple, puis la phytothérapie ou les SIPF, puis l’aromathérapie, l’oligothérapie, etc.

– Conditionnez vous-même.

– Il peut être utile de personnaliser les contenants avec un packaging étudié, un nom ou un logo qui permettent d’identifier l’officine.